Quand Google Earth dévoile projets secrets, avions furtifs et activités opérationnelles.

Les fans d’aéronautique détectent régulièrement des appareils sur Google Earth, qu’ils soient civils ou militaires. Mais dans certains cas, c’est l’activité opérationnelle d’un pays, des programmes secrets ou des exportations d’armes qui sont identifiées.

Google Earth, source d’informations pour enquêteurs et services

Outre son utilisation « classique », Google Earth fait régulièrement la Une pour des anecdotes détectées ou son utilisation détournées, de nombreuses images satellites étant régulièrement prises aux quatre coins du monde. Outre son usage par des scientifiques ou universitaires, l’outil a par exemple été utilisé par les enquêteurs du vol MH17 abattu au-dessus de l’Ukraine en 2014 pour suivre les déplacements du système de défense anti-aérien Buk après son tir.

Les fans d’aéronautique identifient souvent des appareils rares inédits ou furtifs sur les clichés, comme la photo d’un bombardier stratégique furtif B-2A Spirit en vol au-dessus du Missouri en mai 2016 ou, plus récemment et rare, la révélation de la sortie de piste d’un appareil sorti de piste après un atterrissage sur la piste de la base de l’Armée de l’Air de Whiteman. Le 14 septembre dernier, un B-2A Spirit alors en vol d’entrainement subit une panne, l’obligeant à retourner à sa base. C’est lors de l’atterrissage qu’un problème technique survient sur son train d’atterrissage, forçant l’appareil à sortir de l’axe de la piste et à effectuer un virage de plus de 90°. L’incident, de faible intensité au vu des dégâts apparemment limités sur l’appareil, a entrainé la fermeture de l’espace aérien environnant dans un rayon d’environ 11 km pendant 3 jours, probablement pour minimiser l’impact médiatique de l’épisode, aucune photo ne pouvant ainsi être prise. Si ce n’est le passage d’un satellite d’observation le lendemain de l’incident… La sortie de piste n’a fait aucune victime et s’est probablement produite à faible vitesse, au vu de la longueur des traces de freinage sur la piste, et l’USAF n’a toujours pas donné d’explication plus détaillée sur l’incident, précisant qu’une enquête est en cours.

Le double épisode révèle néanmoins une difficulté pour les états-majors : comment maintenir une discrétion sur la route empruntée par des avions furtifs ou l’état de la flotte d’aéronefs ? Outre l’image d’un accident, la capacité à suivre l’activité opérationnelle d’un avion ou un navire pendant des mois ou des années peut fournir des indications claires sur son état et son aptitude au combat. L’identification d’un avion furtif sur une zone dans laquelle il n’a pas de droit de survol pourrait également être problématique : les B-2A et U2 étaient par exemple déployés en Afghanistan sans autorisation des pays se trouvant sur la zone de transit, ceux-ci étant dans l’incapacité de détecter les appareils… Mais cet espionnage en source ouverte (ou OSINT pour open source intelligence) peut également révéler l’existence d’aéronefs totalement inconnus.

Avions secrets et déploiements inopportuns

En 2018, les internautes détectent un appareil aux formes inédites que les spécialistes identifient comme étant un appareil hypersonique. Depuis 2007, Lockheed Martin développerait en effet un successeur à l’avion espion SR-71, et cette première ébauche pourrait être la version drone de l’appareil espion capable de voler à MACH 6 et dont l’entrée au service actif serait prévu en 2025. L’US Air Force a entre temps partagé la silhouette d’un avion dont les formes seraient assez semblables (voir notre article sur l’analyse de cette vidéo), sans préciser de quel programme il s’agissait… Le nom « SR-72 » n’est d’ailleurs pas officiel, le projet n’existant officiellement pas. Cet avion non plus d’ailleurs. En 2015, c’est le drone d’attaque russe Altius qui avait initialement été identifié sur une image satellite.

Déploiements turcs, ventes iraniennes…

Outre les révélations technologiques, l’activité opérationnelle d’un pays peut également être détectée. Le déploiement du DA-42M-NG russe (dérivé du Diamond DA-42) sur l’aéroport de Khmeimim en Syrie ou la livraison de 6 drones Mojaher-6 par l’Iran à l’Ethopie ont par exemple été prouvée par des l’analyse des photos satellites (tweet ci-dessous à droite). De même, la présence niée des F-16 turcs aux côtés de l’armée azérie lors de l’intervention contre l’Arménie a pu être confirmée grâce à des images satellites en source ouverte (tweet ci-dessous). La Chine et l’Iran construisent pour leur part des maquettes des porte-avions américains afin de pouvoir s’y entraîner…

Ces fuites incontrôlables poussent certainement des pays à produire des maquettes afin de se faire paraître plus puissants qu’ils ne le sont, un retour aux vieilles méthodes des opérations de déception des services de renseignement… mais les nouvelles techniques permettent aussi de directement éclairer les satellites trop curieux qui passeraient au-dessus d’un territoire, comme ce fut probablement le cas de du satellite Sentinel-1 européen au-dessus de la Mer Noire (voir notre article dédié). La multiplication des capteurs et des communautés d’analyse OSINT risque en tous cas de rendre de plus en plus difficile la conservation des secrets de toutes armées…

A&C

 

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