LES PRIX DE L’ALIMENTATION ET DE L’ÉNERGIE RESTERONT ÉLEVÉS AU MOINS JUSQU’EN 2024, SELON LA BANQUE MONDIALE
Alors que l’inflation se chiffre à près de 4,5 % en France depuis le début de l’année 2022, la Banque mondiale estime que les prix des produits de base devraient rester au plus haut pendant plusieurs années, évoquant la fin de l’année 2024 comme horizon.
Une déclaration qui s’inscrit dans le contexte du conflit ukrainien, qui a débuté il y a maintenant plus de deux mois.
«La guerre en Ukraine a provoqué un choc majeur sur les marchés des produits de base et modifié la physionomie des échanges, de la production et de la consommation dans le monde», estime l’institution, dans un rapport publié ce mardi. Selon les auteurs, «les prix vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024».
LA PLUS FORTE HAUSSE «DEPUIS LE CHOC PÉTROLIER DE 1973»
Les deux catégories de produits concernés sont l’alimentaire et l’énergie. Pour ce dernier, la Banque mondiale affirme que la hausse des prix de ces deux dernières années a été la plus importante depuis le choc pétrolier de 1973. Même constat du côté des denrées, où «il s’agit du plus grand choc sur les produits de base que nous ayons connu depuis les années 1970».
«Ce choc est aggravé par une recrudescence des restrictions au commerce des denrées alimentaires, du carburant et des engrais», estime Indermit Gill, vice-président de l’institution pour le pôle Croissance équitable, finances et institutions.
LE «SPECTRE DE LA STAGFLATION»
Les prédictions sur le prix de l’énergie ne sont pas en faveur des consommateurs. Rien que pour l’année 2022, la Banque mondiale mise sur une hausse de plus de 50 %, avant une légère baisse en 2023 et 2024. Pour les produits agricoles et les métaux, l’augmentation pourrait se situer aux alentours de 20 %, tout en diminuant les années suivantes.
C’est donc le pessimisme qui est de mise. «Cependant, les prix des produits de base devraient rester bien supérieurs à la moyenne des cinq dernières années et, en cas de guerre prolongée ou de nouvelles sanctions contre la Russie, ils pourraient devenir encore plus élevés et plus volatils que ce qui est actuellement prévu», interpelle l’institution financière internationale.
Celle-ci alerte sur le «spectre de la stagflation» qui pourrait peser sur les puissances économiques du monde entier. En économie, la stagflation désigne une période de croissance économique faible, couplée à une forte inflation. Cette situation coïncide parfois avec une hausse du chômage et une dégradation du pouvoir d’achat.
D’ailleurs, la Banque mondiale alerte sur les conséquences de ces augmentations de prix, qui ont «un coût humain et économique considérable et risquent de freiner les progrès en matière de réduction de la pauvreté».
Par CNEWS avec AFP
Les perspectives pour le pouvoir d’achat ces prochaines années ne sont pas positives, selon la Banque mondiale. [GEORGES GOBET / AFP]