N’OUBLIONS PAS LE LIBAN

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Il y a quinze mois, le 4 août 2020, deux explosions dans un entrepôt du port beyrouthin sous contrôle du Hezbollah ont tué 204 personnes, blessé plusieurs milliers de personnes, détruit plus de 300 000 logements ainsi que l’intégralité du port par lequel transitent les trois-quarts du commerce extérieur du pays… De très nombreux citadins ont été obligé de quitter leur domicile détruit, traumatisés …
Jusqu’en 1970, le Liban était considéré comme « la Suisse du Proche Orient ». Depuis, il a une histoire mouvementée avec :
  • Une guerre civile de 1975 à 1990
  • De nombreuses incursions israéliennes notamment en 1978, 1982 et 2006
  • L’occupation par le voisin syrien de 1989 à 2005
  • La mainmise du mouvement terroriste Hezbollah sous emprise iranienne
  • Des attentats de personnalités comme Rafic HARIRI et des explosions comme celle de 2020…
Le Liban est un pays ancien mentionné dans :
  • Trois des tablettes de l’épopée de Gilgamesh, vieilles de près de 5 000 ans
  • Des textes découverts en 1974-75 dans la ville antique d’Ebla située en Syrie, vieux de plus de 4 500 ans
  • 71 fois dans les textes bibliques, le Deutéronome, Josué, les Juges, les Rois, les Chroniques, les Psaumes de nombreux Prophètes…
Avec une superficie de 10 452 km², le Liban a deux voisins problématiques :
  • Au Sud, Israël. À la suite de la renaissance de l’État juif en 1948, le Liban a accueilli 120 000 Palestiniens. Mais l’expulsion en 1970 de Jordanie de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et son installation à Beyrouth a profondément perturbé le pays. Les terroristes venant de sa frontière nord, Israël a mené des représailles, des incursions, et même occupé directement et indirectement une partie du territoire. Après le départ en 1982 de l’OLP vers Tunis, et la signature des Accords d’Oslo en 1992, le témoin du conflit avec Israël est repris par l’Iran via le Hezbollah.
  • La Syrie qui n’a jamais véritablement accepté l’indépendance du Liban et n’a pas hésité pendant 16 ans à l’occuper. Il a fallu la réprobation internationale face à l’assassinat de Rafic HARIRI commandité par Damas pour que les troupes syriennes quittent le pays. Par ailleurs, depuis 2011, le Liban s’est trouvé impliqué dans la guerre civile directement avec la participation active du Hezbollah aux côtés du Président Hafez El Assad, et indirectement par l’afflux de 1,5 million de personnes, soit près de 25 % de la population libanaise.
Le pays du cèdre :
  • Repose sur un partage confessionnel du pouvoir. Le fonctionnement institutionnel est régi par la constitution du 23 mai 1926 et le Pacte national, modifié à six reprises, la modification la plus importante étant l’accord de Taëf conclu en 1989. Le pouvoir est partagé entre les différentes communautés religieuses avec un Président de la République maronite, un Président du conseil des ministres sunnite et un Président de la chambre des députés chiite. Les 128 parlementaires sont également répartis par la religion, 34 maronites, 8 grecs orthodoxes, 27 sunnites, 27 chiites, 14 grecs orthodoxes,  8 druzes, 2 alaouites, 6 arméniens (5 orthodoxes et 1 catholique), 1 évangélique et 1 autre chrétien.
  • Une république parlementaire. Néanmoins, la démocratie a eu du mal à vivre avec des élections régulièrement reportées de 2013 à 2018. Par ailleurs, la confessionnalisation a entraîné une balkanisation du système accaparé par les grandes familles, ce qui a été violemment contesté par les Libanais. Parallèlement, les citoyens ont critiqué sévèrement les prédations des acteurs qui ont accaparé le système et le pays.
  • Est marqué par les inégalités sociales : 1 % des plus riches, soit 42 000 personnes, détiendraient 50 % des richesses nationales ; 7 milliardaires posséderaient dix fois plus que 50 % de la population.
Même si le dernier recensement remonte à 1932, du temps du mandat français, la Banque mondiale estime la population libanaise à 6,2 millions d’habitants. Parallèlement, la crise conduit de nombreux médecins, informaticiens, ingénieurs…, experts à quitter le pays et rejoindre la diaspora libanaise estimée entre 8 et 14 millions de personnes.
Les explosions de 2020 ont constitué la catastrophe la plus dévastatrice que la capitale n’ait jamais eu à endurer et les cicatrices ne sont toujours pas refermées. Depuis 2020, le pays fait face à
  • Des citoyens subissant des effets psychosociaux dévastateurs occasionnés par ce drame
  • Aux 70 % des habitants de la zone dévastée qui ne sont pas retournés chez eux, soit parce que les travaux nécessaires n’ont pas été effectués pour leur permettre de rentrer en toute sécurité, soit parce qu’ils restent trop traumatisés pour y retourner
  • À une crise économique sans précédent dont on ne perçoit pas l’issue, le moment du retournement. Le PIB libanais s’est effondré de plus de 30 % en 2020 et devrait continuer de baisser de près de 5 % en 2021. La dette publique de 80 Md$ a dépassé les 200 % du PIB. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur l’économie libanaise publié en juin, la situation au Liban est l’une des trois plus graves crises mondiales depuis le milieu du XIXème siècle.
Avec près de 1 780 livres libanaises pour 1 Euro, la devise libanaise a perdu plus de 100 % depuis deux ans. Cette chute vertigineuse de la monnaie a entraîné :
  • Une pénurie de devises et par voie de conséquence des manques de nourritures, médicaments, carburant, essence, gaz… Il en résulte de nombreuses et longues pannes d’électricité… Les centrales libanaises refonctionnent parfois avec des donations iraniennes de mazout. Même l’accès à l’eau n’est plus assuré.
  • Les pannes d’électricité pèsent particulièrement sur le fonctionnement des hôpitaux, ce qui ne facilite pas la réaction à la pandémie ; dans le même temps, le manque de devises handicape l’acquisition de matériels par les établissements sanitaires.
  • Une augmentation des prix et une baisse du pouvoir d’achat. Le prix du yaourt libanais est passé de 5 à 34 000 livres. Selon une récente étude de l’université américaine de Beyrouth, les familles libanaises dépensent cinq fois leur salaire minimum uniquement pour pouvoir se nourrir. Au Liban, le salaire minimum est un des plus bas du monde, avec 29 USD par mois. Une personne sur deux a sombré dans la pauvreté.
Pour reprendre un commentaire d’un membre d’une ONG « Le Liban est devenu le royaume de l’absence » ; tout fait défaut… ». Quinze mois après les deux explosions de Beyrouth, le Liban continue de sombrer dans la pauvreté. Malgré le soutien de la communauté internationale, la capitale n’a toujours pas été entièrement reconstruite. Les supermarchés sont vides et, lorsque certains aliments sont disponibles, leur coût a grimpé de 700 % au cours des deux dernières années et de 50 % en moins d’un mois.
Le Liban aura du mal à s’en sortir sans une exceptionnelle aide extérieure. Mais celle-ci est de plus en plus réticente à cause des faiblesses de la classe politique et des diktats du Hezbollah. La position de force du Hezbollah sur la vie politique libanaise est confortée par une impunité manifestée par la situation de Salim AYYACH, reconnu coupable par le Tribunal spécial pour le Liban de l’assassinat de Rafic HARIRI ou par les blocages mis à l’enquête sur les explosions de 2020.
Ne pas aider le Liban reviendrait à laisser la place libre à l’Iran, ce qui renforcerait le Hezbollah. Mais, il n’est pas sûr que les Russes laissent faire. En effet, pour conforter le régime d’Hafez El Assad, Moscou cherche à contenir la présence iranienne en Syrie en laissant les Israéliens détruire des installations de l’Iran et du Hezbollah sur le sol syrien comme les récents bombardements à Homs.
Ce contexte géopolitique pourrait conduire Vladimir POUTINE à s’impliquer davantage dans le pays au cèdre directement ou indirectement par Damas. En tout état de cause, la situation ne peut rester en l’état.
Dov ZERAH  N°268 : N’oublions pas le Liban

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victor nizard

le juif de cour essaye de nous faire pleurer sur le sort du Liban…