Back view of jewish citizen wearing yarmulke in front of american flag for multi-ethnicity nature of USA

Plusieurs dizaines de cas d’abus sexuels recensés au sein du mouvement juif libéral américain.

Les faits

Une enquête visant à évaluer l’ampleur et la nature des abus sexuels au sein de l’Union pour le judaïsme réformé, la plus importante fédération de communautés juives libérales aux États-Unis, a été publiée, mercredi 16 février. Elle fait état de plusieurs dizaines de cas sur les cinquante dernières années.

C’est le résultat de la dernière des trois enquêtes lancées en avril 2021 par la communauté juive libérale américaine sur des cas de harcèlement et abus sexuels. L’Union pour le judaïsme réformé (URJ), la plus importante fédération de communautés juives libérales aux États-Unis, a publié, mercredi 16 février, l’intégralité du rapport visant à déterminer l’ampleur et la nature des cas d’abus sexuels ayant eu lieu en son sein depuis les années 1970.

Missionné par l’URJ, le cabinet indépendant Debevoise & Plimpton a interrogé 168 personnes, dont des employés actuels ou d’anciens employés, et collecté plus de 3 000 documents, pour conclure à 17 cas d’abus ou harcèlement sexuel de majeurs sur mineurs, 16 cas impliquant des personnes mineures et 39 cas des personnes majeures, la plupart ayant eu lieu au cours de camps de jeunesse. Plus de 500 000 jeunes ont participé à ce type d’événements ces cinquante dernières années.

Culture de la sexualisation

« Nous constatons que des femmes comme des hommes ont été victimes de harcèlement sexuel pendant qu’ils postulaient ou travaillaient pour l’URJ, y compris des commentaires sexuels importuns, des avances sexuelles et des agressions sexuelles », écrivent en préambule les enquêteurs. Ils alertent par ailleurs sur la présence d’une atmosphère de « club de vieux garçons » dans la précédente génération de directeurs et mettent en lumière l’existence d’une « culture de la sexualisation » au sein de certains camps de jeunes.

Plusieurs personnalités du mouvement sont citées nommément dans le rapport, comme trois rabbins et un directeur de structure, ayant dirigé un camp de jeunes pendant près de cinquante ans. Ce dernier est accusé d’avoir agressé sexuellement au moins six femmes majeures.

Cette enquête avait été lancée au printemps dernier, après les révélations d’accusations d’abus sexuels lancées à l’encontre du rabbin américain réformé Sheldon Zimmerman, ancien président de l’école rabbinique réformée de 1996 à 2000.

Limites

Les enquêteurs reconnaissent toutefois plusieurs limites à leur démarche. Le rapport ne couvre par exemple pas les plus de 800 communautés du mouvement réformé, qui fonctionnent de manière indépendante les unes des autres. De plus, les enquêteurs rappellent que les abus sexuels sont généralement sous-déclarés et qu’« il y a donc probablement d’autres survivants qui étaient au courant de notre travail, mais qui ont décidé de ne pas se manifester, un choix que nous respectons ».

Le rapport met également en lumière le refus de nombreux témoins à contacter l’URJ, par « craintes des représailles », de la part de leurs « supérieurs, de rabbins, de leurs pairs ou d’autres personnes du mouvement réformé ».

Les enquêteurs recommandent la mise en place de plusieurs initiatives, parmi lesquelles adopter une politique de consentement plus stricte ou encore établir un audit des archives de l’URJ. « Nous soulignons l’importance (…) de l’empathie et de l’équité pour toutes les parties concernées », concluent-ils, insistant sur la nécessité de la mise en place d’une « formation supplémentaire et adaptée à l’âge sur le consentement, à partir de l’école secondaire ».

« Bouleversés »

« Nous avons le cœur brisé et sommes bouleversés par ces récits et nous nous excusons profondément pour la douleur durable causée à tant de personnes », ont déclaré, dans un communiqué commun, le rabbin Rick Jacobs, président de l’URJ, et Jennifer Brodkey Kaufman, présidente du conseil d’administration. « Nous nous engageons à l’avenir à créer des environnements qui protègent mieux la sécurité et le bien-être de chacun dans notre communauté », ont-ils également écrit. Les auteurs du rapport reconnaissent, de leur côté, le caractère « positif » de la démarche, qui traduit, selon eux, le signe d’un « changement culturel profond ».

En novembre 2021, une enquête similaire, menée au sein du Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion, le principal centre de formation des rabbins libéraux, avait été publiée par le cabinet d’avocats Morgan Lewis pour analyser et collecter les plaintes de 170 témoins. Les enquêteurs avaient recensé des cas de harcèlement sexuel commis par six personnalités de l’établissement.

  • Juliette Paquier

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