Des crimes mûrement préparés

De ses périples à l’étranger à la planification de sa cavale, en passant par son armement et ses ressources financières, Mohamed Merah s’est minutieusement organisé et préparé pour perpétrer ses crimes.

Avec peut-être—piste à explorer par les policiers— des aides extérieures. Des voyages formateurs à l’étranger

Le parcours de Mohamed Merah change radicalement en 2010.

Sorti de prison l’automne précédent, le petit voyou multirécidiviste enchaîne trois séjours au Moyen-Orient, de juillet 2010 à octobre 2011, en Syrie Turquie, Liban, Israël, Afghanistan, Pakistan.

Aux policiers afghans qui le contrôlent le 22 novembre 2010 dans la région de Kandahar, il explique être là pour visiter « les statues de bouddha de Bamiyan »

En réalité, il est parti là-bas pour se former.

« Je sais maintenant que Mohamed cherchait dans ses voyages le moyen de trouver un filon, c’est-à-dire d’avoir des contacts pour rejoindre Al-Qaïda », déclare son frère Abdelkader en garde à vue.

Aux policiers qui l’assiègent, il explique que c’est en revenant du Pakistan qu’il décide de passer à l’action.

Le 22 mars, jour de sa mort, un groupuscule islamiste pakistanais, Jund al-Khilafa, revendique les attentats de Merah, mentionnant un de ses pseudos non connus du public, Youssuf al-Faransi (Youssuf le Français).

Même si aucune preuve n’apparaît à ce stade de l’enquête, Merah aurait pu être formé par un des leaders de ce groupe, Moez Garsallaoui.

Son nom est cité par la DCRI dans le dossier, comme un formateur très actif qui « pourrait superviser les éléments opérationnels envoyés en Europe pour y commettre des attentats ».

Des armes secrètement acquises

A en croire Mohamed Merah lui-même lors de son dialogue avec le Raid, il s’est procuré de « façon éparse » des armes « d’origine locale ».

En plus des deux pistolets dont il disposait dans son appartement, il avait un véritable arsenal dans ses deux voitures de location.

Sans compter des centaines de cartouches et de nombreux chargeurs.

Les armes, dont certaines avaient des numéros de série visibles, n’ont pas servi ailleurs que lors des tueries de Toulouse et de Montauban.

Des armes « propres » qu’il n’a pas pu se procurer facilement, ce qui accréditerait l’existence d’une filière dédiée pour lui fournir l’arsenal.

Des rentrées d’argent injustifiables

Vivant officiellement des prestations sociales, notamment du Pôle emploi Midi-Pyrénées, ses comptes recèlent « des versements réguliers de sommes en espèces » écrivent les policiers.

Entre le 23 décembre 2011 et le 19 mars 2012, 3700 € sont déposés en liquide et un peu plus de 1000 € en chèques.

Dans le même temps, Mohamed Merah dépense d’importantes sommes pour louer des voitures, facture globale de 8000 €.

Lors de son voyage au Pakistan à l’été 2011, il fait de curieux achats sur Internet depuis ce pays, pour plus de 1500 €.

Les policiers ont aussi découvert une forte somme en liquide, 5000 €, dans un sac dans le coffre d’une voiture de location et près de 700 € dans son appartement.

Ce train de vie, il l’explique par son « association avec le milieu du banditisme ».

La question d’une autre source de financement se pose clairement.

Les enquêteurs cherchent à savoir s’il a pu bénéficier d’un « sponsoring » d’une organisation terroriste.

Dernier détail relevé par les policiers : un retrait de 1,83 € effectué sur un des comptes bancaires de Merah le 15 février 2012.

Cela « porte le solde du compte à une nullité parfaite » et « semble répondre parfaitement aux prescriptions que s’imposent les individus inscrits dans une démarche de jihad », c’est-à-dire « liquider l’ensemble de ses liens terrestres, notamment financiers ».

De l’art de la discrétion

Mohamed Merah maîtrise des techniques informatiques quasi professionnelles.

Son adresse mail Abuyussuf@live.fr est parfois identifiée en Argentine ou en Pologne, son autre adresse Amine-d-ziz@hotmail.fr apparaît aux Etats-Unis, en Suède, aux Pays-Bas.

Cette manœuvre permet d’avoir des contacts sans être localisé.

Lors de leurs auditions, les proches ou les amis disent tous que Merah n’avait pas de portable, « qu’il s’en méfiait ».

En fait, le tueur au scooter multiplie les numéros, certains obtenus au nom de sa mère, d’autres en cartes prépayées.

Des tueries mises en scène

Le 16 février, il achète la caméra Go-Pro qui lui servira à filmer tous ses meurtres.

Chez lui, les policiers découvriront qu’il a fait des recherches pour joindre BFMTV, i>télé, Al-Jazira, puis France 24 et revendiquer ses crimes.

Quelques heures avant l’intervention du Raid, Merah poste à l’attention d’Al-Jazira une revendication agrémentée de son montage vidéo, technique qu’il maîtrise parfaitement, des images de ses assassinats.

Le résultat est qualifié de « propre » par un expert de la chaîne du Qatar.

Un drapeau noir et blanc utilisé généralement par les salafistes et par Al-Qaïda, sur lequel est inscrite en arabe la profession de foi des musulmans, figure au début du montage.

De nouvelles cibles

Aux policiers du Raid, Mohamed Merah dit :

« J’en ai pas tué assez. »

Il leur livre ensuite une liste de cibles, des policiers, un gendarme, le chef de la brigade anticriminalité de Toulouse et un militaire.

Tout sauf des menaces en l’air.

En expertisant les images tournées par Merah avec sa caméra, les policiers ont identifié un repérage qu’il a effectué dans une résidence toulousaine jusqu’à un appartement où vivent deux militaires.

Dans son souci de la planification, le tueur au scooter gardait à sa disposition une Clio de location, garée dans un box.

Il l’appelait sa voiture de « sécurité » : une arme, un kit de survie, une trousse de secours, des vêtements, une grande couverture, un oreiller gonflable, 5000 € en liquide et une canne à pêche avec tout le nécessaire pour pêcher.

De quoi se mettre au vert plusieurs jours.

Le Parisien Article original

Obtenir les conversations entre Merah et le Raid est capital pour l’enquête (avocat)

Il est fondamental pour l’enquête d’obtenir les conversations entre Mohamed Merah – auteur de sept assassinats avant d’être tué le 22 mars à Toulouse – et le Raid qui a mené le siège et l’assaut contre lui, a estimé lundi l’avocat de la première victime du « tueur au scooter ».

La famille d’Imad Ibn-Ziaten, le premier des militaires tué par Mohamed Merah le 11 mars, et leur avocat ont été reçus lundi après-midi par les juges d’instruction antiterroristes chargés de l’enquête à Paris.

« Entre le moment où les policiers du Raid sont intervenus et le lendemain avant le décès, se sont échangées un certain nombre de paroles », a rappelé Me Mehana Mouhou.

Ces enregistrements « ne sont pas au dossier mais ça y sera, je n’ai aucune crainte dans la mesure où c’est une pièce capitale de la procédure pénale puisque Mohamed Merah a donné des précisions sur la façon dont les crimes ont été commis et sur la revendication de ces crimes », a-t-il ajouté.

Si ces pièces devaient être classées secret-défense, une demande de déclassification serait faite :

« les juges d’instruction ont à coeur d’obtenir l’ensemble de ces pièces, on ne peut pas avancer si l’on n’obtient pas ces enregistrements », a dit Me Mouhou.

Plus généralement, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) « n’a pas intérêt à cacher des éléments de la procédure », a-t-il estimé.

Parallèlement, « des commissions rogatoires ont été lancées pour connaître le financement qui a permis d’acheter l’arsenal militaire (…) et rechercher d’éventuels complices nationaux ou internationaux », a dit l’avocat.

A la suite des tueries de Toulouse et Montauban et de la mort de Mohamed Merah, le parquet a ouvert le 25 mars une information judiciaire, notamment pour complicité d’assassinat, vol en réunion ou encore association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme
.
Le frère du « tueur au scooter », Abdelkader Merah, a été mis en examen et écroué, notamment pour complicité d’assassinats.

Le sergent chef Imad Ibn Ziaten, qui appartenait au 1er Régiment du train parachutiste (RTP) de Francazal, près de Toulouse, a été la première des sept victimes de Mohamed Merah.

Il a été abattu par ce dernier le 11 mars d’une balle dans la tête tirée à bout portant à Toulouse.


les proches d’Imad Zaiaten

14-05-2012/AFP

Tuerie de Toulouse Montauban Merah Ozar Hathorah Terrorisme

Islamisme RAID Parquet Juge d’Instruction Jund al-Khilafa

Imad Ibn Ziaten DCRI Préparation Filière Logistique Al-Jezeera

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Armand Maruani

 » Merah, un vrai jihadiste, »

Une pourriture et une grosse merde comme son frère , qu’il crève lui aussi . Amen .

TF

Cher Bohémond, avant de parler de « désinformation » , il conviendrait d’être plus circonspect .

Sauf erreur , le Parisien parle de « prestations sociales  » dont il semble acquis que Merah en bénéficiait.

Par ailleurs ces deux articles nous ont semblé au contraire intéressants , parce-que dévoilant des détails inédits ou à peine esquissés, en relation avec le dossier d’instruction .

Mais peut-être avez-vous des informations inédites {{et confirmées}} sur le sujet ?

Bien cordialement.

Thierry/JForum

Bohémond

Vous avez fait un copier-coller de l’article du Parisien qui est un chef d’oeuvre de désinformation!!! Attention il faut toujours croiser ses sources et éviter dans une affaire qui contient autant de zone d’ombre de considérer les déclarations officielles comme fiables à 100%. Certes l’article contient quelques vérités mais aussi des énormités. Par exemple, il suffit de demander à un organisme social comme pôle emploi les conditions d’attribution du RSA pour comprendre que Mohammed Merah ne les remplissait pas. En revanche les services du ministère de l’intérieur payent leurs indics discrètement en réalisant des virements sous couverture de prestations sociales diverses… Est-ce un indice de lien entre les services de la sous-direction anti-terrorsite de la DCRI et Mohammed Merah ? Pas forcément ou pas directement car un autre service par exemple de la brigade des stups pouvait servir de contact. Seule certitude, l’individu faisait l’objet d’une surveillance « discrète » de la part des RG depuis fin 2006 et une fiche classée « S » (susceptible de porter atteinte à la sureté de l’état) avait été rédigée. Une autre hypothèse est beaucoup plus probable : Mohammed Merah servait sans le savoir de couverture à un de nos agents chargé d’infiltrer en Afghanistan et au Pakistan les filières jihadistes. Comme les talibans sont particulièrement méfiant car ils se savent régulièrement infiltrés, ils vérifient auprès de « frères et correspondants » en Europe la fiabilité des candidats au jihad. Ainsi il y aurait deux Merah, l’un Mohammed petit délinquant de banlieue, l’autre Mohamed travaillant pour les services de renseignement français (DGSE voire SA). Quant aux assassinats de Toulouse et Montauban, il est indispensable de rester prudent avant de donner des explications trop simpliste du style « loup solitaire » car qui a fait le montage vidéo et posté la clé USB… Qui a revendiqué de façon crédible les attentats à France 24 ? A moins qu’il ne s’agisse de faux témoignages pour brouiller les pistes. Prudence et pas de conclusion trop hative. Cette affaire est un drame national trop grâve pour que nous nous laissions encore manipuler. Espérons que toute la lumière pourra être faite sur les commanditaires de ces horribles attentats au moins pour les familles des victimes.