L’officine de Villejuif aurait pu produire des kilos de TATP

L'officine de Villejuif aurait pu produire des kilos de TATP

Des nouveaux produits ont été découverts dans un box de Thiais. Un troisième homme «radicalisé» a été arrêté.

Jusqu’à quatre kilos de TATP, c’est-à-dire de quoi faire sauter un bâtiment entier. Selon une source informée, c’est la quantité d’explosif qu’aurait pu confectionner un artificier expérimenté avec les divers ingrédients découverts de manière fortuite mercredi dans un appartement de Villejuif (Val-de-Marne). Outre dix litres de produits chimiques, dont de l’acétone et de l’eau oxygénée, ce laboratoire clandestin abritait, sous des bâches formant une tente de fortune tendue sur la terrasse, toute une panoplie de petit chimiste composée d’un réchaud, d’un fer à souder, de fils de fer, de piles électriques ou encore d’un réveil bricolé susceptible de rentrer dans la fabrication d’un système d’allumage. Une paire de bonbonnes de gaz et 100 grammes de TATP prêt à l’emploi s’ajoutent à l’inventaire, enrichi jeudi par la découverte de nouveaux produits entrant eux aussi dans la confection d’une bombe artisanale. Ce cocktail inquiétant se trouvait dans un box de Thiais, loué par l’un des suspects interpellés la veille au Kremlin-Bicêtre à bord d’un Citroën Jumper blanc.

«Primo-terroristes»

Pour mémoire, la quantité d’explosifs potentiels mise au jour par la police antiterroriste doit être comparée aux récentes découvertes en France. L’équipe de Reda Kriket, interpellé au printemps 2016, avait en sa possession 105 grammes de TATP et 1,3 kg d’explosif industriel. Les deux islamistes appréhendés à Marseille, à la veille du premier tour de la présidentielle, avaient confectionné 3,5 kg de TATP, dont une partie était prête à l’emploi. Les terroristes ayant frappé la Catalogne en août avaient, eux, acheté pas moins de 500 litres d’acétone. En France, un tel achat massif serait rendu plus difficile par le décret du 29 août «relatif à la commercialisation et à l’utilisation de précurseurs d’explosifs». Toute personne achetant de tels produits doit donner une série de renseignements: nom, prénom, date et lieu de naissance, adresse, pièce d’identité et «utilisation prévue de la substance ou du mélange». Le tout signé et portant mention du moyen de paiement utilisé.

Dans l’enquête sur Villejuif, confiée à la section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), les deux premiers interpellés nient toute implication terroriste. Respectivement commerçant de 47 ans, né en Tunisie habitant Paris et agent hospitalier de 36 ans propriétaire de l’appartement de Villejuif, ils soutiennent, comme l’a révélé le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qu’ils «voulaient faire sauter des guichets de banque pour s’approprier des billets». Cette explication ne convainc guère les enquêteurs qui jugent la «piste du droit commun de moins en moins plausible». En perquisition dans l’appartement, la police a saisi des textes en arabe en cours d’analyse.

Le troisième homme de 37 ans, présenté comme «radicalisé et suivi par la DGSI» et appréhendé dans la nuit de mercredi à jeudi à Vitry-sur-Seine, n’est pas en lien formel avec le laboratoire. En relation avec les zones de combats en Syrie via des réseaux cryptés de type Telegram, il est présenté de source informée comme un simple «contact» des deux hommes interceptés au Kremlin-Bicêtre qui, eux, sont inconnus des services de police et de renseignement.

En cela, l’affaire est le pire des scénarios. Celui de «primo-terroristes», pareils à ceux qui ont semé la mort en Catalogne. Évoquant ce drame, un spécialiste expliquait le mois dernier que «ces primo-terroristes sont très difficilement détectables. On peut seulement espérer les repérer s’ils commettent une erreur ou s’ils tentent, de manière non sécurisée, d’entrer en contact avec Daech ou des islamistes surveillés». Par ailleurs, la découverte fortuite du laboratoire montre qu’en matière de lutte antiterroriste, la vigilance et le réflexe citoyen paient. Sans les doutes de l’artisan intervenu sur place, l’atelier de production d’explosifs aurait continué à fonctionner. Un nouvel attentat a été évité de justesse sur le sol français.

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