Israeli Foreign Minister Avigdor Liberman looks on during a meeting with his Russian counterpart in Moscow on January 26, 2015. AFP PHOTO / VASILY MAXIMOV (Photo credit should read VASILY MAXIMOV/AFP/Getty Images)

Le Ministre de la Défense Avigdor Lieberman a dévoilé le 17 août, son plan pour lutter contre le terrorisme palestinien. Les deux principaux points présentés par Lieberman à la presse ont été la nécessité de trouver une alternative pour remplacer le président palestinien Mahmoud Abbas et une carte de toute la Cisjordanie découpée en villes ou villages «rouges» et villes ou villages «verts».

Les agglomérations sans activités terroristes dites « vertes », situées sur une carte suspendue au ministère de la Défense, bénéficieraient de divers avantages et d’un assouplissement des restrictions et de la liberté de mouvement. Les régions dont seraient originaires les terroristes seraient colorées en rouge, et des mesures de sécurité spéciales leurs seraient réservées.


Les Palestiniens disent que ce plan de la carotte et du bâton présenté par le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman  est voué à l’échec parce qu’il aura pour effet de remplacer le président Mahmoud Abbas par un autre leadership plus dur.

Bien qu’il soit difficile de savoir si les résidents des zones «rouges» se verront à l’avenir refuser un permis de travail en Israël, il est déjà clair que les zones vertes seront récompensées et verront entre autre l’expansion de leurs plans de développement. En outre, un corridor économique reliant Jéricho et la Jordanie sera établi, une zone industrielle sera construite à l’ouest de Naplouse, un hôpital sera construit à Beit Sahour, à l’est de Bethléem, et des terrains de jeux et terrains de foot seront créés en Samarie.

Le plan du ministre de la Défense ignore complètement la coopération sécuritaire étroite entre l’appareil israélien qu’il dirige et les forces de sécurité palestiniennes sous les ordres d’Abbas – forces qui ont été efficaces pour maintenir le calme et prévenir l’irruption d’une nouvelle Intifada généralisée en Cisjordanie. Abbas, que Lieberman essaie actuellement de contourner, décrivait en 2014 cette collaboration sécuritaire entre Israël et les Palestiniens de «sacrée». Du point de vue de Lieberman, il est utile de cacher cette information importante au public, afin de prouver qu’«il n’y a personne à qui parler  » du côté palestinien.

Une des premières choses que Lieberman a faite après avoir été nommé ministre de la Défense a été de résilier le permis spécial d’entrée en Israël de Mohammed Madani, le président du Comité palestinien pour l’interaction logistique avec Israël. Cette décision vise à empêcher Madani de s’adresser à des israéliens afin de leur exprimer la volonté des Palestiniens de parvenir à un accord diplomatique avec Israël.

 » Quand nous avons entendu parler du plan  Lieberman nous avons été sous le choc », a déclaré Madani à Al-Monitor. «En fait, nous avons tous craqué quand nous en avons d’abord entendu parler. » La direction palestinienne, qui est maintenant entrain de préparer les élections municipales qui devraient avoir lieu le 8 octobre n’a pas été consultée de quelque façon que ce soit. « Vous Israéliens vous devez décider si vous voulez vraiment parler de paix et résoudre le conflit, ou si vous voulez l’entretenir pour qu’il dure toujours », a expliqué Madani. « Ce que le public israélien doit savoir c’est que, une fois l’ère Abbas terminée, les choses deviendront beaucoup plus compliquées. Ce sera plus difficile [de parvenir à un accord], parce que celui qui viendra après lui aura du mal à prendre des décisions audacieuses « .

Il a ensuite pointé que le désespoir et le manque de perspective chez les Palestiniens a un impact énorme sur la forme que prend leur société et que les approches et les idéologies islamiques radicales, comme celles de l’Etat islamique, pourraient émerger et se propager dans les territoires à l’avenir. « Est-ce que c’est ce que vous voulez? » a-t-il demandé.

Lieberman n’est pas le premier dirigeant israélien qui tente de trouver une alternative à la gestion palestinienne actuelle des territoires. Lors de la conférence de Madrid en 1991, le Premier ministre israélien Yitzhak Shamir avait mis une condition à la participation d’Israël à des négociations avec les représentants palestiniens, à savoir qu’ils n’aient aucun liens avec l’OLP. Finalement, le chef de la délégation palestinienne qui a participé à ces pourparlers a fini par être Haider Abdel Shafi, qui était en fait un ami proche du chef de l’OLP Yasser Arafat.

Après les entretiens, Abdel Shafi est revenu dans la bande de Gaza. Il n’y avait pas eu de résultats immédiats à ces négociations, mais ils ont été la première étape dans la série de contacts qui ont conduit aux Accord d’Oslo de 1993. A son retour à Gaza, Abdel Shafi avait été accueilli par un grand rassemblement. J’étais là lorsque des centaines de milliers de résidents locaux ont célébré son retour et l’ont porté sur leurs épaules. Des milliers de personnes ont brandi des drapeaux et des photos d’Arafat devant le domicile de Abdel Shafi dans le quartier de Rimal  à Gaza, portant des branches d’olivier (un symbole de la paix). Personne ne pensait un instant qu’Abdel Shafi qui avait pris place à la table des négociations avec l’équipe israélienne à Madrid  ne représentait que lui-même. Il était évident pour tout le monde qu’il était un membre de l’OLP, une organisation qui se décrit comme seule représentante légitime du peuple palestinien.

Dans la délégation palestinienne à la conférence de Madrid il y avait également  Saeb Erekat, qui a ensuite été nommé par Abbas à la tête de l’équipe des négociateurs palestiniens.

Un haut responsable du Fatah a déclaré à Al-Monitor sous couvert d’anonymat que, maintenant, pas un seul Palestinien n’osera avoir un contact direct avec Lieberman. De plus, si quelqu’un faisait cela, il serait immédiatement considéré comme un traître, qu’il soit un homme d’affaires ou un universitaire, ceux-là mêmes que Lieberman décrit comme la «cible» idéale de son initiative. « Je ne dis pas cela comme une menace. Je ne dis pas cela pour intimider quiconque. Mais je ne pense pas qu’il y aura quelqu’un qui sera prêt à parler avec Lieberman directement, si cela signifie contourner la direction palestinienne élue. Imaginez comment vous seriez traité si vous vouliez essayer d’établir des liens avec la direction palestinienne à l’insu de votre propre gouvernement et en le contournant», a déclaré la source.

Même s’il y a des hommes d’affaires palestiniens, des universitaires ou des maires de villes et de villages des zones «vertes», qui seraient prêts à parler avec Lieberman directement, quel pouvoir auraient-ils? Quelle influence auraient-ils? Seraient-ils capables d’initier un mouvement nouveau d’importance et viable au sein de l’Autorité palestinienne (AP)?

Le ministre de la Défense tente de promouvoir une alternative au leadership d’Abbas, au motif que la direction palestinienne actuelle ne représente pas le peuple palestinien et qu’elle n’agit que dans son propre intérêt. Cette hypothèse est certainement fondée sur les sondages qui montrent que le président palestinien et les membres du Fatah ne bénéficient pas d’un large soutien au sein de la population palestinienne et que de plus en plus de gens au sein de l’Autorité palestinienne ont appelé Abbas à démissionner.

Le problème c’est que Lieberman a mal interprété ces données. La frustration de la population palestinienne envers le Fatah en général et Abbas en particulier, est en grande partie due au simple fait qu’ils ont échoué à tenir leur promesse d’instaurer la paix avec Israël qui entraîneraient un boom économique dans son sillage.

Pour ce qui est de l’opinion publique palestinienne sur les dirigeants de l’AP, et les membres du Fatah, ils pensent qu’ils ont été instrumentalisé par Israël. Toute direction alternative qui émergerait à l’avenir, que ce soit le mouvement du Hamas ou tout autre leadership qui se développerait comme contre-réaction au mouvement palestinien traditionnel, il traitera Israël avec une main de fer.

La tentative de Lieberman de remplacer Abbas pourrait donner lieu à un nouveau gouvernement dirigé par le Hamas, l’organisation même qu’il s’est juré de faire tomber. Pire que cela, elle pourrait conduire à ce que les forces les plus extrêmes prennent le contrôle de l’Autorité palestinienne.

Shlomi Eldaral monitor

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jcg

Olp hamas blanc bonnet bonnet blanc .

Abraham

Lieberman pousse-t-il l’AP dans les bras du Hamas ?

Avant de se poser une telle question, il faudrait attendre le résultat des prochaines élections de Cisjordane.

Lieberman sur cette élection n’a malheureusement aucun impact compte tenu l’état conflictuel entre ces deux entités. L’unet l’autre ce qu’elles cherche c’est s’accaprer des fonds versés, pour des risons soi-disants humanitaires ou religieuses par les instances internationales et islamiques.

Seul ce pactole financier intéresse ces deux organisations pour dominer les habitants.