Lorsque le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, a annoncé le 2 octobre que les systèmes de défense antiaérienne S-300 «unifiés» seraient installés en Syrie d’ici le 20 octobre, il voulait vraiment parler de leur intégration dans le système de défense du territoire de la patrie russe. Cet élément de son rapport au président Vladimir Poutine est la clé de la véritable importance de la réponse de Moscou à la destruction de son avion espion Il-20 le 17 septembre, dont Shoigu a accusé Israël. Les sources militaires et de renseignements de DEBKAfile rapportent que Poutine s’est emparé du désastre pour mettre en place un système d’armement de défense antiaérien avancé, lié, non seulement, à la base aérienne russe Khmeimim à Lattaquié, mais intégré au système de commandement, de contrôle et de communication C3 de la Russie contre les attaques nucléaires.

Cette décision est un élément décisif pour les opérations américaines et israéliennes en Syrie. Ils ne sont plus seulement obligés de se tenir à l’écart des batteries de missiles russes et syriennes à Damas, mais doivent faire face à un premier affrontement direct avec le système de défense aérienne qui défend les villes russes. Shoigu semblait offrir des détails sur les S-300 livrés à la Syrie. Il a mentionné 49 unités de «radars, systèmes d’acquisition d’objectifs de base, postes de commandement et quatre lanceurs». Mais il a soigneusement omis de révéler comment les réseaux de défense aérienne syriens et russes devaient être reliés au centre de commandement et de contrôle et comment ils fonctionneraient ensemble. Une question critique reste en suspens : le système syrien S-300 est-il totalement intégré dans le système de défense du territoire de la patrie russe C-3 ou seulement partiellement?

Le C-3 est à peu près une inconnue pour les services de renseignements occidentaux, puisque les ingénieurs militaires russes travaillent sans relâche à la modernisation depuis quelques mois. Les officiers militaires israéliens ont sagement cessé de se vanter que leur force aérienne pouvait facilement manipuler les S-300, après avoir réalisé que la version de ce système anti-aérien, testée lors des jeux de guerre israéliens en Grèce et ailleurs était plus ou moins obsolète. Il a été remplacé par un S-300 beaucoup plus sophistiqué, la version expédiée en Syrie au cours des deux dernières semaines.

Moscou a donc considérablement relevé les enjeux de la lutte militaire entre la Russie et les États-Unis en Syrie. Poutine a choisi cette arène pour tester directement les capacités de défense aérienne de la Russie contre l’avion furtif F-22 de l’US Air Force et le super-avion F-35 «Adir» fabriqué par les États-Unis et Israël, afin de déterminer lequel s’en sort le mieux et de réajuster ses propres défenses anti-aériennes.

En un sens, la livraison de batteries S-300 en Syrie est un sujet de préoccupation pour Washington plutôt que pour Jérusalem. Israël a plusieurs F-35 et dit les avoir  utilisés  en Syrie pour frapper des armes iraniennes transférées au Hezbollah. Avec les systèmes S-300 déployés dans une version mise à jour et incorporés dans le système russe de commandement, contrôle et communications (C3), il existe un risque sérieux (pour Washington) qu’Israël puisse concevoir le risque de défier ce dispositif comme acceptable, grâce à de nouvelles technologies pour le déjouer.

Ce n’est un secret pour personne que la Grèce a  acheté des S-300  de Russie il y a des années et que l’OTAN et Israël se sont entraînés à plusieurs reprises contre le système de défense aérienne russe. Les hauts responsables de Tsahal ont souvent insisté sur le fait qu’ils étaient capables d‘éliminer les S-300, ayant apparemment découvert leurs faiblesses.

L’avertissement de Jérusalem qu’il attaquerait et détruirait la batterie du S-300 pourrait être considéré comme un risque de conflit direct avec la Russie, si le système est dirigée par le C3 russe, et non de façon « autonome » par les Syriens. Plus d’un commandant de Tsahal a   réitéré au cours des années passées, qu’un S-300 syrien serait considéré comme une cible légitime s’il menaçait un avion israélien.

• Les S-300 de Grèce sont vieux, ne sont plus entretenus et leurs appareils électroniques n’ont pas été mis à jour (quoi que l’OTAN puisse procéder à certaines, selon le niveau de ses renseignements sur les avancées techniques du S-300 russe). Des systèmes modernes et complexes tels que les S-300 et S-400 nécessitent une maintenance, des mises à niveau et souvent le remplacement de pièces pour améliorer le matériel. Tout cela manque aux batteries grecques, qui restent relativement statiques face aux évolutions.
• Deuxièmement, c’est l’opérateur qui utilise le système (utilisation du radar, du ciblage, de la visée, du verrouillage, etc.) qui fait souvent la différence en termes d’efficacité globale.
• De plus, le système est entièrement intégré au système russe C3, ce qui rend potentiellement dépassée toute expérience antérieure tirée des manœuvres militaires  des S-300 grecs. Aucun pays occidental ne connaît précisément les capacités réelles de la défense aérienne syrienne lorsqu’elle sera renforcée et intégrée aux systèmes russes. C’est un secret que Damas et Moscou continueront à garder et sur lequel doivent déjà travailler depuis plusieurs semaines, depuis l’incident de l’Iliouchine, des services apparentés à l’unité 8.200.
• Il y a deux ans, lors des opérations de reprise d’Alep, un officier militaire russe de haut rang a averti  (faisant probablement allusion à des avions furtifs de cinquième génération comme les F-35 et F-22) que l’étendue et l’efficacité des systèmes russes pourraient être une surprise…

 3 octobre 2018 @ 9:34 Israël , Russie = concours américain , C-3 russe , S-300 , Sergei Shoigu , Syrie , Vladimir Poutine

Syria’s S-300s are being integrated in Russia’s national nuclear C3 command and control system