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Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach.

Le 23 janvier 2015, des milliers de musulmans ont manifesté dans les capitales d’Afghanistan, du Pakistan et d’Iran pour protester contre la dernière caricature de Mahomet, publié dans le numéro de Charlie Hebdo du 14 janvier 2015. Des mots très durs ont été proférés contre le journal satirique et contre la France tels : « A bas Charlie Hebdo » ou encore « à mort à la France ».

 En fait, le monde de l’Islam est, depuis, en ébullition : le 19 janvier 2015, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté à Groznyï, capitale de la Tchétchénie, contre ce qu’ils disent être « une offense à la religion musulmane et à son prophète ». Au Mali et au Sénégal, les foules ont qualifié la caricature comme étant une croisade contre l’Islam. Au Niger, les émeutiers s’en sont pris aux églises et aux chrétiens. Le 16 janvier 2015, des manifestations ont eu lieu en Algérie (malgré leur interdiction), mais aussi en Jordanie où la caricature du prophète est considéré comme relevant « du terrorisme mondial », ou encore en Mauritanie où des drapeaux français ont été brûlés par des manifestant portant des pancartes «  je suis musulman ». Au Yemen les manifestants ont crié « l’armée de Mahomet est réveillée », pendant qu’à Tunis on pouvait entendre que « les journalistes méritaient d’être tués ». A Jérusalem Est, les palestiniens ont affirmé « Mahomet sera toujours notre guide » et à Gaza, ils ont scandé « les français iront en enfer »….

Cette effervescence dans le monde de l’Islam, n’en reste pas moins surprenante puisqu’elle se focalise sur le principe de la représentation de Mahomet, non sur le message du numéro de Charlie Hebo, empli d’humilité, de sagesse, de bienveillance et de grandeur d’âme. En effet, bien que 7 journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo aient été massacrés par deux personnes ayant revendiqué leur appartenance à Al Qaida au Yemen (c’est à dire agissant au nom de l’Islam radical), le journal n’a pas appelé à la vengeance ou à la haine contre le monde de l’Islam, mais a simplement répondu à cette barbarie par un message de paix avec l’image de Mahomet qui porte la pancarte « je suis Charlie » sous le titre « tout est pardonné ». Autrement dit, les responsables du journal, dont la tête a été décapitée par des monstres sanguinaires, ont cherché à susciter le sourire dans un tableau généreux de pardon.

 Demonstrators burn the French national flag after Friday prayers in Algiers

En réalité, les islamistes sont toujours à l’affût d’un prétexte pour embraser les foules dans un déchaînement de haine et de violence, comme s’ils cherchaient une confrontation avec l’occident. Ainsi, l’Union Mondiale des Oulémas implantée au Qatar a critiqué le silence international « des insultes aux religions qui alimentent la haine et la colère » alors que, non seulement, tel n’était pas l’objet du message du journal satirique, mais en outre, Daech est aux portes du Qatar pour renverser le pouvoir qatari en place, considéré comme étant trop éloigné du message de Mahomet. De même, pour le Mufti de Jérusalem, le message est une « insulte aux deux milliards de musulmans dans le monde », et qu’il attentait à leurs sentiments religieux, les provoquait, les offensait, les dénigrait, et les tournait en dérision, comme pour tenter de créer une unité (qui n’existe pas) dans le monde de l’Islam.

Bien évidemment, le problème que pose la caricature de Mahomet aux islamistes, ce n’est pas le message qui n’est ni dévalorisant, ni injurieux, mais ce qu’il induit, en l’occurrence une indispensable remise en question du message de l’Islam radical. 

En effet, les islamistes se sentent offensés car dans l’Islam radical, la religion musulmane est supérieure aux autres. Dès lors, comment publier un dessin de Mahomet alors que les musulmans «sont la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes » (sourate 3 verset 110), et qu’ils sont la religion de vérité (sourate 9 verset 33). Pour leur part, les juifs et les chrétiens ne sont que des « impuretés » (sourate 9, verset 28) voués à « l’enfer » (sourate 3, verset 103-104).

D’ailleurs, seuls les islamistes radicaux ont le droit de sanctionner tous ceux qui ne respectent pas la volonté d’Allah puisqu’ils sont l’instrument d’Allah : « Ce n’est pas vous qui avez tués mais c’est Allah qui les a tués, (sourate 8, verset 17). Les islamistes radicaux sont mêmes persuadés qu’ils seront récompensés : « combattez-les. Allah, par vos mains, les châtiera, les couvrira d’ignominie, vous donnera la victoire sur eux et guérira les poitrines d’un peuple croyant » (sourate 9, verset 14). « Et quand à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Allah est en vérité avec les bienfaiteurs » (sourate 29, verset 69).

 
Rappelons que pour les islamistes radicaux, la mort importe peu puisque « ceux qui tronquent la vie présente contre la vie future combattent dans le chemin d’Allah. Nous accorderons une récompense sans limite à celui qui combat dans le chemin d’Allah, qu’il soit tués ou qu’il soit victorieux ». (s 4, v 74). De même, « Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d’Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez point lésés » (s 8, v 60). Voire encore, « Que vous mouriez ou que vous soyez tués, c’est vers Allah que vous serez rassemblés » (sourate 3, verset 158).
 
Cette idéologie ne résiste néanmoins pas dans un univers de tolérance, de respect de l’autre et de bienveillance. Or, c’est le problème des islamistes radicaux qui ne supportent pas la critique et la conscience que peu de personnes adhère à ces thèses qu’ils essaient d’imposer de façon autoritaire et arrogante pour se convaincre que leur message est le bon. Mêmes les musulmans ne les suivent pas [NDLR : on peut s’interroger].
 
En fait, les islamistes radicaux (qui ne craignent pas la mort), perçoivent progressivement que leur vision religieuse de la vie en société est inadaptée. Aussi, veulent-ils imposer leur vérité par la violence, pour compenser l’insécurité intérieure qui règne au fond d’eux. En fait, ils ne peuvent être pris au sérieux car eux-mêmes doutent du sérieux de leur message. Actuellement, la doctrine est parvenue à supprimer l’instinct de conservation, le respect du corps, du cœur, et de sa dimension émotionnelle, raison pour laquelle ils ne cherchent pas à se faire aimer.
 
Le monde occidental a essayé de se débarrasser des juifs, en se fondant sur l’idéologie d’une minorité imposée au plus grand nombre. De même, les islamistes pensent que c’est au tour du monde oriental de détruire les communautés religieuses précédentes, projet qui est tout aussi vain qu’inutile. La seule inconnue, c’est le délai imparti pour qu’ils mesurent l’absurdité de leur dessein et les dégâts qui seront occasionnés. Bien évidemment, c’est l’harmonie entre les mondes occidental et oriental qui terrorise les islamistes, c’est à dire leur disparition prochaine.
 
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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ramas muhlbach

Merci
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david nyys

Magnifique analyse ! Essentielle et constituant un point de vue nouveau dans les réflexions qui animent la toile et les médias. Une analyse qui pointe le problème majeur avec une justesse inouïe, une analyse qui a 5 longueurs d’avance tant psychologique que psychanalytique sur les islamistes et leurs pensée, une analyse qui nome le problème, qui conceptualise la situation et qui annonce l’issue non pas comme une prophétie mais par un raisonnement intelligible implacable.
Bravo et merci pour vos articles de qualités qui traitent toujours du fond et qui voient souvent l’invisible en captant la vision juste au delà des murs.
David.S