WASHINGTON – Les Etats-Unis devraient désigner le Corps des gardiens de la révolution, comme une organisation terroriste étrangère, ont déclaré trois responsables américains à Reuters. Il s’agissait de la première fois où Washington qualifie l’armée d’un autre pays de groupe terroriste.

Cette décision, que ses critiques avertissent qu’elle pourrait ouvrir la voie aux autorités américaines et à leurs services de renseignements à des actions similaires contre des gouvernements hostiles à l’étranger, devrait être annoncée par le département d’Etat américain, peut-être dès lundi, ont indiqué les responsables. Une telle décision  a fait l’objet de rumeurs depuis des années.

Le Pentagone a refusé de commenter et a renvoyé les requêtes en direction du département d’Etat. Le Département d’Etat et la Maison Blanche ont également refusé de commenter.

.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, un faucon véhément contre l’Iran, a plaidé en faveur d’un changement de politique américaine, dans le cadre de la position sévère du gouvernement Trump à l’égard de Téhéran.

Cette annonce interviendrait avant le premier anniversaire de la décision du président Donald Trump de se retirer de l’accord nucléaire conclu en 2015 avec Téhéran et de réimposer des sanctions paralysante pour l’économie iranienne.

La décision de l’administration de faire cette désignation a d’abord été révéle par le Wall Street Journal.

Les États-Unis ont déjà inscrit sur la liste noire des dizaines d’entités et de personnes pour leurs affiliations avec le CGRI, mais l’organisation dans son ensemble ne l’est pas.

En 2007, le Trésor américain a désigné la Force Qods de l’IRGC, son unité chargée des opérations à l’étranger, « pour son soutien au terrorisme » et l’a décrite comme « le principal bras de l’Iran pour mener à bien sa politique de soutien aux groupes terroristes et insurgés ».

L’Iran a mis en garde contre une réaction « écrasante » si les États-Unis approuvaient cette désignation.

Le commandant du CGRI, Mohammad Ali Jafari, a averti en 2017 que si Trump agissait de la sorte, « alors les Gardiens de la révolution considéreront l’armée américaine comme une sorte d’État islamique dans le monde entier ».

Ces menaces sont particulièrement inquiétantes pour les forces américaines dans des endroits tels que l’Irak, où des milices chiites alignées avec l’Iran sont situées à proximité des troupes américaines.

L’ancienne sous-secrétaire d’État et négociatrice en chef pour l’Iran, Wendy Sherman, a déclaré que cette décision aurait des copnséquences pour les forces américaines.

« On pourrait même suggérer, car il est difficile de voir pourquoi ce serait dans notre intérêt, si le président ne cherche pas à créer les conditions d’un conflit », a déclaré Sherman. « Le CGRI est déjà pleinement sanctionné et cette escalade met absolument en danger nos troupes dans la région. »

Mis en place après la révolution islamique de 1979 pour protéger le système de gouvernement clérical chiite, l’IRGC est la plus puissante organisation de sécurité d’Iran. Il contrôle de vastes secteurs de l’économie iranienne et exerce une influence considérable sur son système politique.

L’IRGC compte environ 125 000 militaires, comprenant des unités de l’armée, de la marine et de l’aviation, et répond au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Mais c’est la force Quds des CGR, dirigée par le major-général Qassem Soleimani, qui opère hors d’Iran et a beaucoup attiré l’attention de Washington pour son rôle dans des pays tels que la Syrie, le Yémen et l’Irak.

Pompeo a désigné à plusieurs reprises Soleimani et, en 2017, alors qu’il était directeur de la CIA, il a écrit à Soleimani et aux autres dirigeants iraniens pour les avertir que les États-Unis leur demanderaient des comptes pour toute attaque contre des intérêts américains en Irak par les forces placées sous leur contrôle.

On ignore quel impact la désignation par les États-Unis du CGR comme organisation terroriste pourrait avoir sur les activités américaines dans les pays ayant des liens avec Téhéran, y compris en Irak.

Bagdad a des liens culturels et économiques profonds avec l’Iran et Oman, où les États-Unis ont récemment signé un accord en vue d’y construire des ports stratégiques.