"Je vous ai compris" : Discours du General Charles De Gaulle, president du conseil, a Alger a ses cotes le General Raoul Salan (d) le 4 juin 1958 pendant la guerre d'Algerie --- speech of De Gaulle in Algiers june 4, 1958 during the war in Algeria

Le monde musulman vu par Crémieux et De Gaulle (2/2)

le 04.11.2020

A La Libération le gouvernement provisoire de Charles de Gaulle redonne la nationalité à tous les juifs d’Algérie. De plus, les naturalisations sont accordées à des étrangers qui ont participé à la résistance et à la libération.

Puis, grâce au député sénégalais Lamine Gueye, la loi du 7 mai 1946 donne la nationalité française à tous les ressortissants d’outre-mer, y compris d’Algérie. Cependant, de Gaulle s’opposa à cette loi.

Il était soucieux de la préservation de la culture chrétienne. La directive du 12 Juin 1945, envoyée par de Gaulle au garde des sceaux, en est la preuve: « Sur le plan ethnique, il convient de limiter l’afflux des Méditerranéens et des Orientaux, qui ont depuis un demi-siècle profondément modifié les compositions de la population française. Sans aller jusqu’à utiliser, comme aux Etats-Unis, le système rigide des quotas, il est souhaitable que la priorité soit accordée aux naturalisations nordiques (Belges, Luxembourgeois, Suisses, Hollandais, Danois, Anglais, Allemands, etc.). » (Cité dans Plein Droit, n° 29-30, novembre 1995).

Le « racisme » de De Gaulle..

Si l’antisémitisme semblait avoir diminué après la guerre, la discrimination envers les musulmans perdure et le conflit civilisationnel sera l’élément principal qui fera éclater la Guerre d’Algérie, en 1954.

La politique de naturalisation souhaitée par de Gaulle sera conservée jusqu’en 1958 … et son retour au pouvoir.

Une fois au pouvoir, il expliqua souhaiter que tous les musulmans puissent accéder à la nationalité française, action déjà initiée depuis la loi du 7 mai 1946 (à laquelle il était auparavant opposé) et annonce à Alger une phrase qui est encore célèbre aujourd’hui : « En Algérie, il n’y a qu’une catégorie d’habitants, il n’y a que des Français à part entière. » 

Malgré tout, les confidences de de Gaulle vont prouver que celui-ci ne souhaitait pas que la communauté islamique d’Algérie obtienne la nationalité française.

 L’avocat du maréchal Pétain, Jacques Isorni, avait déjà repéré une vision nationale chez de Gaulle puisque celui-ci aurait dit : « Ils vous intéressent, vous, ces Mohammed et ces Fernandez ? » (cité par Jacques Isorni, Lui qui les juge, Flammarion, 1961).

Par ailleurs, celui que beaucoup considèrent comme un héros va déclarer le 5 mars 1959 : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. […] Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leur djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très intelligents. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront peut-être vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et les Berbères d’Algérie étaient considérés comme français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! » (cité par le ministre Alain Peyrefitte dans C’était de Gaulle, Editions de Fallois, 1994, Tome 1, p. 52, et par Benjamin Storfa, Le transfert d’une mémoire, Editions de La découverte, 1999).

En réalité, dans cette citation, le chiffre de dix millions annoncé par le général n’est pas le nombre de musulmans, mais le nombre d’Algériens. Cela signifie qu’il faisait un amalgame entre les Algériens et les musulmans d’Algérie qui étaient, certes majoritaires, mais pas unanimes. Quoi qu’il en soit, le président français refuse l’intégration des musulmans, mais également n’envisageait pas l’assimilation.

NDLR Près de 70 ans plus tard la vision du Générale de Gaulle est en partie vraie. Ni intégration, encore moins assimilation n’ont été possibles, même souhaitables par les parties.

Le fils de Charles de Gaulle, Philippe, tentera de justifier les pensées de son père dans son oeuvre De Gaulle, mon père (Plon, 2003, p. 433) : « Si une communauté n’est pas acceptée, c’est qu’elle ne donne pas de bons produits, sinon elle est admise sans problème. Si elle se plaint de racisme à son égard, c’est parce qu’elle est porteuse de désordre. Quand elle ne fournit que du bien, tout le monde lui ouvre les bras. Mais il ne faut pas qu’elle vienne chez nous imposer ses mœurs. »

Philippe De Gaulle n’avait pas oublié les mises en garde contenus dans le décret de la loi Crémieux à l’encontre les musulmans, au point d’affirmer que ce sont ces derniers qui n’avaient pas voulu s’intégrer.

Cependant, cette pensée illustre l’opinion générale des Français qui croyaient que les habitants d’Algérie n’avaient jamais souhaité s’intégrer, et que c’est cette raison qui les avaient incité à se révolter.

Son père, Charles, ira jusqu’à dire : « L’intégration, c’est une entourloupe pour permettre que les musulmans qui sont majoritaires en Algérie à dix contre un, se retrouvent minoritaires dans la République française à un contre cinq. C’est un tour de passe-passe puéril ! On s’imagine qu’on pourra prendre les Algériens avec cet attrape-couillons ? Avez-vous songé que les Arabes se multiplieront par cinq, puis par dix, pendant que la population française restera presque stationnaire ? Il Y aurait deux cents, puis quatre cents députés arabes à Paris ? Vous voyez un président arabe à l’Élysée ? » (Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Fallois, 1994, Tome 1, page 56).

Plus tard, il ajoutera:  « Et puis, Delbecque, vous nous voyez mélangés avec des Musulmans ? Ce sont des gens différents de nous. Vous nous voyez mariant nos filles avec des Arabes ? » (cité par Jean-Raymond Tournoux, La tragédie du Général, Plon, 1967).

Il faut savoir que plusieurs de ces propos racistes sont répétés un certain nombre de fois par divers témoins et auteurs.

Ainsi, Pierre Laffont, député d’Oran, rapporte les propos du proclamé Général tenus le 29 avril 1959, qui illustre sa conception raciale bien au-delà de la question de l’intégration : « L’intégration, c’est une foutaise, une fumisterie, et ceux qui la préconisent sont des jean-foutre! Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre! Agitez la bouteille! Au bout d’un moment, ils se séparent de nouveau! Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français! Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de Musulmans, qui demain seront vingt millions et après- demain quarante? Si tous les Arabes, tous les Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en Métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s’appellerait plus Colombey les Deux Églises, mais Colombey les Deux Mosquées! Avez-vous songé que les Arabes se multiplieront par cinq, puis par dix, pendant que la population française restera stationnaire? Il y aurait deux cents, puis quatre cents députés Arabes à Paris? Vous voyez un président Arabe à l’Élysée? […] Et quand aux autres territoires! On a prétendu faire des Nègres de bons Français! C’est beau l’égalité, mais ce n’est pas à notre portée. Vouloir que toutes les populations d’outre-mer jouissent des mêmes droits sociaux que les Métropolitains, d’un niveau de vie égal, ça voudrait dire que le nôtre serait abaissé de moitié! Qui y est prêt? Alors, puisque nous ne pouvons pas leur offrir l’égalité, il vaut mieux leur donner la liberté: Bye-bye, vous nous coûtez trop cher! »  (Alain Peyrefitte, C’était De Gaulle, Fallois, 1994, Tome 1, p. 55 ; Pierre Laffont, Missions et actions secrètes en Algérie, Editions Trésor du Patrimoine, 1999, p. 7).

Celui-ci se montre même nostalgique d’une Europe de Blancs. Voici ce qu’il a dit au général Koening : « Evidemment, lorsque la monarchie ou l’empire réunissait à la France l’Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex ou le Comté de Nice, on restait entre Blancs, entre Européens, entre chrétiens… Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs, parlant mal le français. » (Cité par Jean-Raymond Tournoux, La tragédie du Général, Plon, 1967).

A travers ces discours, Charles De Gaulle explique sa vision personnelle et raciste. C’est sans doute cette pensée qui l’incita à retirer l’Algérie de la France.

Selon lui, les natifs d’Algérie ne doivent pas être français, et cela sans prendre en compte que de nombreux musulmans avaient versé leur sang pour le drapeau français lors de différents conflits.

Par ailleurs, il se révéla très méprisant envers les élus d’Algérie qu’il recevra le 20 janvier 1960.

Il leur sort : « l’intégration est une connerie, d’ailleurs l’armée ne fait que des conneries […]. Les magistrats des tribunaux militaires sont des incapables et des médiocres, ils font une répression sans nuances. »  

La répression en Algérie n’est donc pas assez forte selon lui. Au député Laradji, il lui déclara : « Les musulmans ne seront jamais des Français ».

Puis à Lauriol: « Voyons, ce ne sont pas des Français ces gens là ». Laradji, qui a eu dix membres de sa famille assassinés par le FLN insiste et déclare que sa politique va faire souffrir les Algériens pro-français. De Gaulle réplique : « Hé bien, vous souffrirez ».

Les élus sont dépités et cet entretien qui fit le tour d’Alger, engendrant une immense colère au sein de la population, notamment chez les pieds noirs et les harkis.

De plus, le 7 mai 1963, lors d’un conseil des ministres, De Gaulle explique à ses proches la situation sur l’immigration : « J’attire votre attention sur un problème qui pourrait devenir sérieux. Il y a eu 40 000 immigrants d’Algérie en avril. C’est presque égal au nombre de bébés nés en France pendant le même mois. J’aimerais qu’il naisse plus de bébés en France et qu’il y vienne moins d’immigrés. Vraiment, point n’en faut ! Il devient urgent d’y mettre bon ordre! » (Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Tome 1, Fallois, 1994).

Par ailleurs, n’oublions pas que dans le budget de 1959, De Gaulle fera diminuer les pensions accordées aux anciens combattants d’Afrique du Nord et des colonies.

Ensuite, il promulguera la loi dite de «cristallisation» le 26 décembre 1959.

Pour information, les anciens combattants du Maghreb, d’Afrique noire, de Madagascar et d’Asie toucheront une pension parfois huit fois inférieure à celles des nationaux français. Actuellement, il est de 80 euros par mois pour un ancien goumier marocain ou algérien, 150 euros pour un ex-tirailleur sénégalais, contre environ 600 euros pour un Français.

La Vème République française, complice du massacre des harkis ?

Il est temps de mettre fin à une ignorance d’Etat dont les politiciens français font preuves. Il ne fait absolument aucun doute que les gouvernements français sous De Gaulle étaient complices du génocide à l’encontre des harkis mené par le Front de Libération Nationale en Algérie.

Premièrement, le président de la République ordonna lui-même de « se débarasser » des Harkis en des termes insultants.

Le 3 avril 1962, lors d’une conférence du comité des affaires algériennes, de Gaulle déclara : « il faut se débarrasser sans délai de ce magma d’auxiliaires qui n’ont jamais servi à rien ».

Voici un télégramme prouvant que des officiers voulant sauver des harkis ont été sanctionnés, c’est-à-dire la note de service n° 1334/MA/CAB/DIR du 12 mai 1962 signée par Pierre Messmer et envoyée par lui-même au commandant supérieur à Réghaia en Algérie : « Il me revient que plusieurs groupes d’anciens harkis seraient récemment arrivés en métropole. Stop. Je vous communiquerai dès qu’ils seront en ma possession renseignements précis sur l’importance et origine ces groupes ainsi que, si possible, sur responsable leur mise en route. Stop. […} Dès maintenant toutefois je vous prie : Primo- d’effectuer sans délai enquête en vue déterminer conditions départ d’Algérie de ces groupes incontrôlés et sanctionner officiers qui pourraient en être à l’origine. Stop. Informer vos subordonnés que, à compter du 20 mai, seront refoulés en Algérie tous anciens supplétifs qui arriveraient en métropole sans autorisation de ma part, accordée après consultation départements ministériels intéressés ». Le document est notamment visible sur ce lien  et présent dans l’ouvrage de Florian Meyer, (Pour l’honneur… avec les harkis, de 1958 à nos jours, CLD Editions, p. 156).

Et le même jour, le ministre des Affaires algériennes du 22 novembre 1960 au 28 novembre 1962, Louis Joxe, annonce le renvoi en Algérie des « supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement » tout en demandant « d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure », dans une note ( n°1676 du 12 mai 1962) : « Les renseignements qui me parviennent sur les rapatriements prématurés de supplétifs indiquent l’existence de véritables réseaux tissés sur l’Algérie et la métropole dont la partie algérienne a souvent pour origine un chef de SAS […]. Vous voudrez bien faire rechercher, tant dans l’armée que dans l’administration, les promoteurs  et les complices de ces entreprises et faire prendre les sanctions appropriées. Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan global de rapatriement seront en principe renvoyés en Algérie […]. Je n’ignore pas que ce renvoi peut être interprété par les propagandistes de la sédition comme un refus d’assurer l’avenir de ceux qui nous sont restés fidèles. Il conviendra donc d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure mais ce qu’il faut  surtout obtenir, c’est que le gouvernement ne soit plus amené à prendre une telle décision » (Florian Meyer (Pour l’honneur… avec les harkis, de 1958 à nos jours, p. 155).

Par ailleurs, un télégramme numéroté 125/IGAA du 16 mai 1962 signé par Louis Joxe montre très bien la politique anti-musulmane du gouvernent français : « Le ministre d’Etat demande au Haut commissaire de rappeler que toutes les initiatives individuelles tendant à l’installation en métropole des Français musulmans sont interdites. »

En clair, des harkis voulant se réfugier en France ont même été déportés en Algérie. En effet, une directive du 15 juillet 1962 signée encore par Joxe indique que « les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général seront renvoyés en Algérie », spécifiant : « Je vous renvoie, au fur et à mesure, à la documentation que je reçois au sujet des supplétifs. Vous voudrez bien faire rechercher, tant dans l’armée que dans l’administration, les promoteurs et les complices de ces entreprises de rapatriement, et faire prendre les sanctions appropriées. Les supplétifs débarqués en métropole, en dehors du plan général, seront renvoyés en Algérie. Je n’ignore pas que ce renvoi peut-être interprété par les propagandistes de l’OAS, comme un refus d’assurer l’avenir de ceux qui nous sont restés fidèles. Il conviendra donc d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure. »

Il est important de dire qu’une plainte pour crime contre l’humanité a été déposée à l’encontre de Pierre Messmer, l’ancien ministre des armées sous la présidence de Charles de Gaulle. On parle souvent des 76 000 juifs déportés sous l’Occupation, avec la France qui avait aidé l’Allemagne sous la pression.

En revanche, on ne parle jamais des 150 000 harkis massacrés par le F.L.N avec la complicité de la France sous de Gaulle. En effet, 150 000 est bien le nombre approximatif le plus proche de la réalité.

Il a été dévoilé notamment par Mohand Hamoumou (Et ils sont devenus harkis, Fayard, 1993), par Abd-El-Azziz Meliani (La France honteuse. Le drame des harkis, Perrin, 2001) ou encore par Anne Heinis (L’insertion des français-musulmans, Montpellier III thèse de troisième cycle, 1977). Il est très facile de le confirmer.

Le 4 avril 1977, le ministre de la défense Yves Bourges avait demandé des informations sur ce sujet au service historique du ministère de la défense. Voici la réponse du général Forret, chef du service historique, dâté du 21 avril 1977 :

« Note pour le cabinet du ministre
OBJET : Supplétifs incorporés en Algérie
RÉFÉRENCE : Note n° 15088/DEF/C.4.B en date du 4 avril 1977
En réponse à la lettre de référence, le Service Historique de l’Armée de Terre a l’honneur de faire connaître qu’il ne possède aucune archives sur les sujets évoqués.
Toutefois, un document établi par le « Bureau d’aide aux musulmans français » Hôtel National des Invalides – 75007 PARIS – avec le numéro 270 en date du 27 mai 1975, fait état des chiffres suivants :

-Effectif des supplétifs (harkis, moghaznis) incorporés en Algérie
-environ 200 000
-Supplétifs emprisonnés par le F.L.N après l’indépendance
-environ 2 500
-Supplétifs disparus ou exécutés par le F.L.N.
-environ 150 000

Le général FORRET, Chef du Service Historique » Le document original est présent sur le lien. Un constat important sur ces chiffres, c’est qu’il y a très peu de prisonniers comparés aux victimes du F.L.N. Il y a donc bien eu une volonté d’extermination à l’encontre des harkis de la part du F.L.N et avec l’assistance de la France.

Par ailleurs, l’armée française savait pertinemment que le génocide se déroulait puisqu’elle fut présente en Algérie jusqu’à la fin des années 1960. Pourtant, durant la Guerre d’Algérie, les politiciens français n’étaient soumis à aucune pression extérieure et agissaient en pleine possession de ses moyens, contrairement durant l’occupation.

La France a donc une responsabilité plus grande vis-à-vis du massacre des harkis,mais peu de personnes oserai nuire à la légende du « grand » de Gaulle.

Enfin avant de conclure, il faut savoir que, grace à diverses sources, nous savons aujourd’hui que de Gaulle était directement impliqué dans le massacre des harkis.

Raymond Aron le soupçonnait déjà dans ses mémoires : « les harkis, pour la plupart, furent livrés à la vengeance des vainqueurs sur l’ordre peut-être du général de Gaulle lui-même qui par, le verbe, transfigura la défaite et camoufla les horreurs. » (Raymond Aron, 50 ans de réflexion politique, Julliard, 1983, p. 388).

Les preuves sont apportées par le Général Maurice Faivre à travers plusieurs ouvrages (Maurice Faivre, Un village de harkis, des Babors au pays Drouais, L’Harmattan, 1994 ; Les archives inédites de la politique algérienne : 1958-1962, L’Harmattan, 2000, Les combattants musulmans de la guerre d’Algérie, des soldats sacrifiés, L’Harmattan, 1995).

Pourquoi de Gaulle était-il responsable ?

Premièrement, le général Faivre avait  publié les ordres donnés par le président de la République à ses ministres qui se traduisirent par le fameux télégramme de Louis Joxe de mai 1962 ordonnant le rejet des musulmans français fuyant la guerre, et par les directives sur le terrain des généraux Charles Ailleret et Joseph Katz, ces derniers organisant plusieurs massacres.

Deuxièmement, le général a lui-même exprimé la volonté de laisser les habitants d’Algérie s’entre-tuer, et cela au conseil des ministres du 24 mai 1962 : « La France ne doit avoir aucune responsabilité dans le maintien de l’ordre après l’autodétermination. Elle aura le devoir d’assister les autorités algériennes, mais ce sera de l’assistance technique. Si les gens s’entre-massacrent, ce sera l’affaire des autorités algériennes » (Alain Peyrefitte, C’était De Gaulle, Fallois, 1994, Tome 1, p. 136).

Par conséquent, il y a eu un abandon total des instances françaises, abandon souhaité et exigé par de Gaulle, laissant les harkis se faire massacrer.

Cette action criminelle fut dénoncée au Parlement dès mai 1962 par le Bachaga Saïd Boualam, vice-président de l’Assemblée Nationale, et par le professeur Maurice Allais, Prix Nobel d’Economie, dans son ouvrage L’Algérie d’Evian (L’Esprit Nouveau, 1962 et Jeune Pieds Noirs, 1999).

Je tiens à ajouter que devant cette accumulation de preuves, les associations représentatives des Français d’outre-mer, réunies le 22 septembre 1995 au Sénat, ont adressé un message au président de la République Jacques Chirac en lui demandant de reconnaître officiellement la responsabilité de la Vème République dans les massacres ayant suivi le 19 mars 1962, que ce dernier n’a pas fait.

Pourtant, ce message a été depuis co-signé par plus d’une centaine associations et par plus de 15 000 Français. Le 30 août 2001, les harkis déposaient une première plainte pour crime contre l’humanité.

Les 13 mars et 5 juillet 2003, 40 familles de disparus pieds-noirs déposaient  deux nouvelles plaintes pour crime contre l’humanité. Depuis de nombreuses personnalités demandent la reconnaissance de ce crime dans lequel la France a une grande part de responsabilité.

De la loi Crémieux jusqu’à l’indépendance de l’Algérie, les musulmans de ce pays subirent fréquemment la politique raciste des différents gouvernements français.

Le décret de 1870 avait de plus déterminé une politique de discrimination raciale qui dura 70 ans. Mais malgré sa disparition, après son abrogation par le maréchal Pétain, la loi Crémieux garda un impact important dans la société française qui resta longtemps anti-musulmane.

Une politique de hiérarchie raciale perdurera au début de la Vème République, principalement sous le règne d’un de Gaulle profondément raciste, et les maghrébins toujours assimilés à des musulmans en furent victimes.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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