La visite prolongée à Riyad du Premier ministre libanais démissionnaire, Saad Hariri, suivi par son passage à Paris et par son retour à Beyrouth prévu ce 22 novembre, ne sont qu’une illustration supplémentaire des dangers internes et extérieurs qui ont toujours guetté ce pays.

 Les rumeurs fusent à Beyrouth, sur l’avenir à nouveau très incertain du Liban, sur la probabilité d’une fuite massive de ses capitaux ainsi que sur certaines prévisions d’une « guerre imminente »… D’autant que dans son discours de démission, le 4 novembre, Saad Hariri avait critiqué la « mainmise » sur son pays de l’Iran et de son bras armé, le Hezbollah : une dénonciation qui a affolé les Libanais, désormais pris dans un vent de panique.

C’est ainsi que, dès le 5 novembre, certains d’entre eux ont préparé leurs valises et leur passeport, croyant imminentes soit une nouvelle guerre civile entre Sunnites et Chiites, soit même une attaque israélienne… Car, en démissionnant – forcé ou non à le faire par les Saoudiens –, Hariri a fait voler en éclat le compromis forgé au sommet de l’Etat, sur une distanciation face aux conflits régionaux conclu en 2016 par son parti politique anti-syrien, le Courant du futur (soutenu par Riyad) et par le Hezbollah chiite, allié direct de Damas et Téhéran.

Une complexe mosaïque de communautés difficiles à gérer

En fait, le Pays du Cèdre a toujours été  un pays instable…

Longtemps majoritaires, les Chrétiens libanais – dont surtout les 700 000 maronites, les Grecs orthodoxes, les Arméniens, les Chaldéens, les Protestants, les Jacobites et les Nestoriens – ont vu leur proportion diminuer : ils sont aujourd’hui moins nombreux que les Musulmans, eux-mêmes divisés entre un grand courant sunnite, un courant chiite auquel il faut rajouter les Druzes, les Alawites et les Ismaéliens. Autant de communautés qui coexistent sur la base du système du « Millet », hérité de l’Empire ottoman et reposant sur le communautarisme et l’autonomie du statut personnel.

C’est que, République parlementaire, le Liban est divisé en six gouvernorats régionaux, alors que l’autorité du gouvernement de Beyrouth est loin de s’étendre sur tout le territoire : ainsi, le Hezbollah chiite, qui tire les ficelles de la scène politique nationale (voir notre article), contrôle-t-il une partie importante du centre et du sud du pays.

Reconnue en 1936, l’indépendance libanaise sous mandat français est proclamée en 1941, et devient effective en 1945 après la Seconde Guerre mondiale. Suite à l’évacuation du pays par les troupes françaises et britanniques, un système présidentiel et parlementaire confessionnaliste est mis en place, assorti d’un partage des pouvoirs entre les diverses communautés : la présidence de la République est attribuée à un Maronite ; celle du gouvernement à un Musulman sunnite, et celle du parlement à un Chiite.

Ce petit pays va donc devenir le siège privilégié des affrontements incessants du Moyen-Orient, qui vont aggraver ses problèmes internes, comme lors de la très longue guerre civile qu’il connut de 1975 à 1990. Et ce, selon plusieurs phases :

– des combats entre Palestiniens et Phalanges chrétiennes ;

– puis des combats entre, d’une part, les Syriens alliés aux Palestiniens et à la gauche libanaise, et d’autre part, les Chrétiens soutenus un temps par Israël ;

– l’Opération anti-terroriste israélienne Paix en Galilée (1982-1983) qui déboucha sur l’assassinat par les Sunnites du président chrétien de la République, Bachir Gemayel, et sur le siège de Beyrouth par Tsahal qui chassa l’OLP et son armada à Tunis ;

– puis des affrontements entre milices et factions rivales libanaises, liés à la montée des groupes chiites pro-syriens (Amal) et pro-iraniens (Hezbollah) qui vont bientôt s’entre-tuer ; cela poussa le gouvernement  Gemayel à accepter un contrôle militaro-politique syrien sur le Liban, qui  consacra la division du pays en fiefs gérés par des milices contrôlant l’économie libanaise ; lire la suite Richard Darmon

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