Le Discours courageux du Grand Rabbin

La Cour Exige des Réponses au Discours du Grand Rabbin contre les Juifs Réformés et LGBTQ

La Cour suprême d’Israël a récemment émis une ordonnance exigeant du gouvernement des explications concernant l’absence de mesures disciplinaires à l’encontre du grand rabbin séfarade de Jérusalem, Shlomo Amar. Cette décision fait suite à des commentaires incendiaires tenus par le rabbin, qui a lié les tremblements de terre à la communauté LGBTQ et qualifié les Juifs réformés de Réchaim (personnes méchantes). Les organisations telles que le Mouvement réformateur, les Femmes du Mur et la Journée portes ouvertes de Jérusalem pour la fierté et la tolérance ont porté plainte contre Amar pour ses déclarations controversées.

L’affaire a pris une tournure inquiétante plus tôt cette année lorsque le grand rabbin Amar a attribué une série de petits tremblements de terre en Israël à la communauté LGBT. Cette rhétorique discriminatoire ne date pas d’hier, puisqu’en 2016 déjà, Amar avait qualifié les hommes homosexuels de « culte de l’abomination » et déclaré que l’homosexualité était « un désir sauvage qui doit être surmonté ». De plus, il a proféré des accusations sévères à l’égard des Juifs réformés, les qualifiant de « personnes méchantes qui commettent toutes les injustices du monde contre la Torah ». Les Femmes du Mur n’ont pas été épargnées non plus, Amar les décrivant comme « le Satan qui confond les gens ».

Ces propos ont suscité l’indignation de diverses organisations et responsables. Nili Mederer, directrice exécutive de la Journée portes ouvertes de Jérusalem, a condamné les paroles du grand rabbin, déclarant que « nous ne devons pas fermer les yeux sur des déclarations incitatives aussi graves ». Elle a souligné que le rabbin de la ville de Jérusalem devrait plutôt promouvoir la tolérance, l’inclusion et la coexistence.

Les plaignants ont rappelé que le Mouvement réformateur avait déjà saisi à maintes reprises les ministres de la Justice et le procureur général au cours des quatre dernières années et demie pour demander des mesures en réponse aux déclarations d’Amar. Ils estiment que le gouvernement doit prendre des mesures pour protéger ses citoyens et établir des limites à la liberté d’expression lorsque celle-ci est utilisée pour inciter à la haine et à la discrimination.

Uri Narov, directeur du département juridique du Centre de réforme pour la religion et l’État, a salué la décision de la Cour suprême. Selon lui, le tribunal a envoyé un message clair en soulignant l’inacceptabilité de l’ignorance et de l’inaction du ministre des services religieux face à de telles déclarations offensantes.

Yochi Rappaport, directrice générale des Femmes du Mur, a également exprimé son soutien à la décision du tribunal. Elle a rappelé les conséquences de ces discours incitatifs sur le terrain, où des milliers de personnes écoutent les paroles de personnalités religieuses pour interrompre leurs prières. Elle a souligné que ceux qui utilisent un langage incendiaire contre des communautés entières n’ont pas leur place dans la fonction publique.

Cependant, les grands rabbins d’Israël ont réagi de manière négative à cette décision. Le rabbin ashkénaze en chef d’Israël, David Lau, a exprimé son soutien à Amar, rejetant l’ordonnance comme étant « triste et décevante ». Il a souligné le droit des rabbins à exprimer leur opinion sous réserve de la Halacha (loi juive) et a critiqué les pétitions visant à restreindre leur liberté d’expression.

Le rabbin Yitzhak Yosef, chef séfarade d’Israël, a également appelé la Cour suprême à revenir sur sa décision, la qualifiant d' »inacceptable ». Selon lui, les déclarations d’Amar étaient dans le cadre de ses fonctions de rabbin et exprimaient son opinion conformément à la Halacha.

Le ministre des Services religieux, Michael Malkieli, a rejeté la décision du tribunal et a plaidé en faveur de la pleine liberté d’expression des rabbins. Il a insisté sur le fait que les rabbins avaient le devoir d’exprimer leur opinion sans crainte, en particulier dans les domaines relevant de leur autorité et de leur responsabilité.

Qui feint de révéler les opinions des rabbins alors qu’elles demeurent inchangées depuis des centaines d’années ? La question se pose : est-ce le fait de rendre publique leur position qui crée un problème ? De même, est-ce le fait de dénoncer ouvertement l’influence grandissante des idées LGBT qui dérange certaines personnes ? Peut-on encore se permettre de critiquer ce mouvement sans risquer des poursuites judiciaires ?

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