Le dilemme d’Israël à Gaza
BESA Center Perspectives Paper N ° 1 122, 25 mars 2019
RÉSUMÉ ANALYTIQUE: En ce moment décisif, on peut discerner la logique de la politique qui a guidé l’approche du gouvernement Netanyahu à Gaza au cours de la dernière décennie : il est dans l’intérêt d’Israël de conserver le contrôle du Hamas sur la Bande de Gaza, jusqu’à ce que le groupe soit rejeté par son propre peuple.
Il est trop tôt pour évaluer le potentiel des virages pris par les récentes manifestations contre le pouvoir du Hamas, dans la bande de Gaza. Même sans savoir comment les choses pourraient évoluer, il est clair qu’à présent, l’étendue des manifestations et la volonté audacieuse des civils de faire face au Hamas témoignent de la détresse accumulée par la population de Gaza.
Huit ans après le choc initial du «Printemps arabe», le gouvernement du Hamas à Gaza comprend que la menace potentielle pourrait devenir réelle, à mesure que la rage grandit.
À l’heure actuelle, même si la colère des Gazaouis ne mène pas à une menace directe contre le gouvernement du Hamas à Gaza, elle oblige néanmoins les dirigeants du groupe à reconnaître la nécessité d’une solution immédiate, même symbolique, pour faire face au désarroi de masse.
De ce point de vue, les récents événements peuvent apporter un éclairage nouveau sur les diverses considérations qui influent sur les réactions militaires mesurées du gouvernement israélien aux provocations de Gaza.
Au cours de l’année écoulée, en décidant de sa politique et de ses actions concernant Gaza, Israël a été confronté à la question fondamentale de savoir si une guerre globale visant à éliminer le régime du Hamas est dans son intérêt.
Les événements récents ont ajouté un autre aspect à ces délibérations. Lorsqu’il était ministre de la Défense, Avigdor Lieberman a répété, à plusieurs reprises, qu’Israël devait attendre jusqu’à ce que la population de Gaza se soulève contre le Hamas, responsable de leurs difficultés.
Maintenant que nous voyons les premières images de manifestations populaires de masse, le dilemme d’Israël est mis en exergue doit-il chercher à alléger le fléau humanitaire à Gaza en continuant de transférer de l’argent au gouvernement du Hamas, l’aidant ainsi à assurer sa domination sur place ; ou suspendre ces transferts dans l’espoir que la détresse populaire fera évoluer la situation en faveur d’Israël?
En ce moment stratégique décisif, on peut discerner la logique de la politique qui a guidé l’approche du gouvernement Netanyahu à Gaza au cours de la dernière décennie : il est dans l’intérêt d’Israël que le Hamas reste sous contrôle jusqu’à ce que le groupe soit rejeté par son propre peuple.
Le choix de ne pas prendre de mesures décisives contre le Hamas, qui avait eu lieu lors de l’opération Bordure Protectrice de l’été 2014 et de toutes les décisions importantes prises par le gouvernement israélien au cours de l’année écoulée, découle apparemment d’une approche stratégique délibérée.
À l’occasion du 40 e anniversaire de la signature de l’accord de paix israélo-égyptien, il convient de rappeler que le président égyptien de l’époque, Anwar Sadat, était suffisamment fin politique pour laisser la bande de Gaza aux mains d’Israël. Le fardeau de trouver une solution au problème palestinien à Gaza, ainsi que sur la Cisjordanie, est donc devenu le poids qu’Israël devrait supporter seul.
La coupure entre Gaza et Ramallah, initiée par le Hamas, joue également en faveur d’Israël. Pour le moment, cela donne au Hamas une sorte d’immunité, mais à long terme, cela permettra à Israël de parvenir à un meilleur arrangement pour la région.
Ceci est une version révisée d’un article publié dans Israel Hayom le 17 mars 2019.
Le général de division Gershon Hacohen est chercheur principal au Centre d’études stratégiques Begin-Sadat. Il a servi dans l’armée israélienne pendant quarante-deux ans. Il a commandé des troupes dans des batailles avec l’Egypte et la Syrie. Il était auparavant commandant de corps et commandant des collèges militaires de Tsahal.
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