Ce qui fut longtemps l’arme essentielle des pays arabes contre Israël, notamment avec la crise du pétrole en 1973, n’est plus un moyen de pression, pire il est devenu une arme qui se retourne contre eux. Ces pays se font la guerre des prix et tuent leur économie au passage. Mais il n’y a pas que le pétrole qui les mènent à la guerre.

Les cours du pétrole sont brièvement tombés mardi à moins de 30 dollars le baril en séance à New York, ce qu’ils n’avaient plus fait depuis décembre 2003, dans un marché toujours accablé par la surabondance et les incertitudes sur la demande.

Vers 19H15 GMT, le prix du baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en février perdait 1,18 dollar à 30,23 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après être tombé jusqu’à 29,93 dollars, soit un niveau auquel il n’avait pas baissé en cours d’échanges depuis plus de douze ans.

Les cours, en baisse de plus de 30% en 2015 et de près de 20% supplémentaires depuis le début de l’année, ont tenté un rebond en début de séance, mais ils ont vite replongé à New York comme à Londres, où le baril de Brent s’échange aussi à peine plus de 30 dollars.

« Le marché reste sous pression, à cause des implications du retour imminent de l’Iran » avec la levée imminente de sanctions contre Téhéran, « et du fait que l’on n’attend aucune mesure de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) », a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Dominée par l’Arabie saoudite, suivie par les autres monarchies du Golfe, l’Opep avait donné fin 2015 un coup au marché en s’abstenant de se fixer des objectifs chiffrés de production.

Signe que cette stratégie provoque des tensions au sein même du cartel, le ministre nigérian des Ressources pétrolières, qui en assurait la présidence jusqu’au 31 décembre, s’est prononcé pour la tenue d’une réunion extraordinaire début mars.

« Mais, immédiatement après, un ministre des Emirats arabes unis (EAU) a rejeté l’idée », a expliqué M. Lipow.

Le Ministre de l’Energie, Suhail al-Mazrouei, a dit s’attendre à une reprise du marché pétrolier avant la fin de l’année, en dépit de la dégringolade actuelle des prix.

« L’appel nigérian à une réunion anticipée de l’Opep serait quelque chose de constructif si cela aboutissait vraiment à un sommet et à un changement de politique, mais rien ne dit que l’Arabie saoudite et ses plus proches alliés, comme les EAU, acceptent même d’en discuter », a renchéri Tim Evans, de Citi.

Désormais, « pour que le marché se stabilise, il faut que la production continue à baisser aux Etats-Unis et que les investissements continuent à diminuer », comme le montre l’annonce mardi par le groupe britannique BP de 4.000 suppressions de postes, mais aussi « que la demande mondiale augmente », a prévenu M. Lipow. « Or, le marché s’inquiète désormais d’un ralentissement en Chine ».

Première importatrice mondiale de pétrole, la Chine suscite depuis le début de l’année l’inquiétude des marchés mondiaux face à un effondrement de la Bourse de Shanghaï, malgré une accalmie mardi, dans un contexte d’indicateurs décevants et de méfiance sur la capacité des autorités à gérer la situation.

AFP

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