La Soucca de David et la Soucca en peau de Léviathan?

Dès le premier repas de Souccoth, il est un additif dans le birkat hamazone qui nous interpelle. En effet, une phrase est ajoutée : הרחמן הוא יקים לנו את סוכת דוד הנופלת la Soucca de David qui est tombante, sera redressée. (Nous évoquons aussi cette image lors de Yom Kippour).

Cette phrase serait difficile à comprendre si nous ne disposions pas de commentaires pour nous aider à saisir le sens de ces mots.
« La Soucca de David » par cette locution, nous faisons allusion à la maison de David qui a chancelé. Cette maison de David n’existe pas de nos jours, alors, qu’est-ce à dire ?
On trouve cette locution dans les prophéties d’ Amos IX, 11. La guemara Sanhédrin 96b nous explique les conditions entourant la venue du Mashiah et expose que le Mashiah qui sera issu de la maison royale de David rétablira la monarchie davidienne en ce temps-là.
En ce cas pourquoi parler en termes de soucca et non de Maison Royale ? Le Maharal de Prague, enseigne qu’une maison ne peut être véritablement chancelante car elle est bâtie pour être solide.
S’il arrive un événement fâcheux, la maison est alors détruite et il faudrait en ce cas la reconstruire entièrement. Pour ce qui concerne la lignée de David ? qui s’inscrit dans la perspective messianique, il est plus exact d’utiliser la terminologie : soucca, qui, de nature précaire peut s’effondrer sans être détruite et qui peut, en conséquence, être rapidement restaurée.
Un autre concept propre à la fête de souccoth nous interpelle encore et il s’agit de celui de la SOUCCA EN PEAU DE LEVIATHAN (baleine).
Pour quelle raison demandons-nous dans le birkat hamazone d’avoir le mérite de pouvoir prendre place dans la soucca qui sera faite d’une peau de baleine.
A la différence des bêtes qui évoluent sur la terre ferme et que nous devons abattre par la shehita (abattage rituel), pour pouvoir consommer un poisson nous n’avons pas besoin de shehita et son sang n’est pas considéré comme un animal de sang « chaud ». Sur le plan spirituel, le poisson est aussi un animal qui est considéré comme capable d’élever notre côté spirituel contre le matériel ainsi que nous l’enseigne la mishna beroura (orah hayim) qui conseille de consommer aux trois repas shabbatiques du poisson plutôt que de la viande.
Dans la guemara Baba Bathra 75a, il est écrit que D. fera à la fin des temps une soucca spéciale pour les tsadikim et, elle sera en peau de baleine. Les Sages s’interrogent sur le fait qu’il soit question d’une baleine et supposent qu’il s’agit de la baleine qui a avalé le prophète Jonas !
Pour quelle raison ce cétacé sera-t-il honoré de cette manière et la réponse serait : Jonas, bien que prophète sachant qu’il ne pouvait pas échapper à Dieu et qu’il ne pouvait refuser d’exécuter ce que Dieu lui demandait de faire sans pouvoir toutefois accomplir cet ordre divin. Il ne pouvait comprendre que le Créateur puisse accepter la teshouva d’une ville impie et idolâtre.
Cependant, en avalant Jonas, la baleine a en quelque sorte obligé Jonas à faire ce que l’Eternel attendait de lui. Et de démontrer à l’homme quel est le chemin véritable pour se rapprocher de Dieu. Cet acte lui valut de mériter l’honneur, le temps venu d’abriter les tsadikim et de les maintenir à l’ombre.
Il existe d’autres commentaires plus ésotériques mais celui-ci me semble correspondre parfaitement à l’esprit humain.

LES QUATRE ESPÈCES ARBAÂTH ‘HAMINIM ארבעת המינים

Bouquet de Souccot

Au cours de la fête de Souccoth, il est une prescription qui va caractériser cette époque autant que la cabane de roseaux elle-même.
La soucca, demeure si légère et occasionnelle, que le moindre souffle de vent peut mettre en péril, fait penser à la fragilité de l’existence. Cette cabane nous a abrités pendant les 40 années d’errance dans le désert.
La double symbolique est donc le fait que notre destin est aussi frêle qu’un roseau et la seconde symbolique est de se souvenir de la sortie d’Egypte.
Souccoth met l’homme en rapport avec la nature de manière très directe d’abord parce que dans la cabane l’homme se retrouve directement sous les ailes de la shekhina et donc sous la protection divine et comme nous le verrons ci-dessous, le bouquet des quatre espèces rappelle à chaque instant le lien puissant qui relie la créature humaine à la création.
Dans le Lévitique, au chapitre XXIII le verset 40 énonce : « vous prendrez(…) un fruit de l’arbre ‘hadar (cédrat ou etrog en hébreu), une branche de palmier (loulav), des rameaux de l’arbre aboth (myrte ou ‘hadass) et des saules de rivière (ârava).
Les rameaux se doivent d’être attachés ensemble selon un ordre particulier : il faut une branche de palmier, trois branches de myrte et deux branches de saule.
COMMENT CHOISIR LES DIFFÉRENTS ÉLÉMENTS DES QUATRE ESPÈCES ?
Aujourd’hui, de plus en plus, on vend des ensembles de 4 espèces munis d’un certificat d’origine et de casherout ce qui évite de mesurer les plantes pour savoir si elles correspondent à la ‘halakha.
De toute façon voici un abrégé des critères selon lesquels choisir un beau bouquet de « 4 minim ».
ETROG : Mesure : il doit être plus gros qu’un œuf. Couleur et aspect : il ne doit pas être ni noir ni brun ce qui le rend « passoul » (non valable). Il peut être verdâtre, en tout ou partie et il est préférable qu’il soit bien jaune, cependant, selon les années, il se peut qu’il soit vert si les fêtes tombent tôt en septembre.
Si l’étrog n’est pas d’une catégorie où le « pitoum » est rentré il faut manipuler le fruit avec précaution pour que le pitoum ne se casse pas. Il y a aussi les étroguim yéménites sans pitoum mais d’une très grande taille.
La peau du fruit peut-être granuleuse sans rien ôter de ses qualités pour la prière.
Lorsqu’un cédratier n’est pas greffé il peut y avoir sur le corps de l’étrog une très fine marque légèrement nacrée sans aucune incidence sur la validité du cédrat.
Après usage, il est conseillé de conserver l’étrog dans une boîte où il sera à l’abri.
LOULAV : Il s’agit d’une branche de palmier d’au minimum 40 cms de long.
La branche doit être le plus droit possible, le plus vert possible et, si possible, les feuilles ne doivent pas se détacher.
C’est la raison pour laquelle dans certaines communautés, les fidèles garnissent leur loulav soit au moyen de fils satinés ou soyeux de couleur en les croisant pour éviter, qu’en agitant le bouquet comme il le faut au cours de la cérémonie du loulav, les feuilles ne se séparent trop les unes des autres ; de même, souvent l’extrémité du loulav est protégée par un peu de coton.
HADASS : myrte. Les trois branches de myrte doivent être si possible de la variété de Safed (Tsfat) avec des feuilles qui se recouvrent en partie les unes les autres et recouvrent le tige. Les feuilles doivent être en bon état, il ne doit pas y avoir trop de baies. La dimension minimum est de 30 cms. Il faut veiller à ne pas laisser sécher les feuilles, sinon les branches (et les feuilles) seront inutilisables pour la fête.
ARAVA : Les deux branches de saule doivent mesurer au minimum 30 cms chacune. L’extrémité ne doit pas être coupée et les feuilles en bon état et pas sèches. Cependant, certaines années il y a une maladie qui se propage parmi les saules qui se nomme « la rouille » et toutes les feuilles sont piquetées de brun. En ce cas, il est impossible d’obtenir dans une même région des saules non contaminés et les saules « tachetés » sont, alors admis.
Pour lier le bouquet il est possible d’utiliser soit de petits étuis en feuilles de palmier tressées (selon les avis) soit simplement des fils ou de fins liens. En plaçant le loulav devant soi, les branches de myrte sont placées à droite et celles de saule à gauche. Certains placent les branches de myrte une au-dessus du loulav, une sur le côté à droite et une au-dessous.
Pour conserver les 4 espèces en bon état, on préparera deux torchons dont un sera humidifié mais pas trop mouillé pour que les feuilles ne pourrissent pas et l’autre sera sec. Le bouquet sera roulé dans le torchon humide et recouvert du second puis, une fois rentré à domicile, on ôtera le loulav et on placera les branches de myrte et de saule au-dessus du tiroir des légumes dans le réfrigérateur. En cas de dessiccation il faudra veiller au remplacement des branchages.
Le loulav sera plongé dans un vase plein d’eau.
Avant de procéder à la bénédiction du loulav il faudra saisir le bouquet complet dans la main droite et l’étrog dans la main gauche en ayant soin de le renverser avant de prononcer la bénédiction pour qu’il n’y ait pas d’interruption entre la fin de la berakha à laquelle est ajoutée la bénédiction de shé’héhéyanou et le fait de « balancer » les 4 espèces.
ברוך אתה ה’ אלוקינו מלך העולם אשר קידשנו במצוותיו וציוונו על נטילת לולב
ברוך אתה ה’ אלוקינו מלך העולם שהחיינו וקיימנו והגיענו לזמן הזה.
Baroukh Ata Ado-nay Elo’hé-nou melekh ‘haôlam asher kidéshanou bemitsvotav vetsivanou âl nétilat loulav. Baroukh Ata Ado-nay Elo-‘hénou melekh ‘haôlam shé’héhéyanou vékiyémanou vé’higuiânou lazeman ‘hazé.
Béni sois-Tu Eternel notre D Roi de l’Univers qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de prendre le loulav Béni sois-Tu Eternel notre D, Roi de l’Univers qui nous a fait vivre et nous a maintenus en vie et nous a fait arriver à ce temps-ci.
Après ceci, on retourne le cédrat de manière à ce que le pédoncule soit en bas et le pitoum vers le haut et on commence à balancer dans l’ordre suivant (6 directions) on se place face à l’orient et on agite le bouquet trois fois dans cette direction puis on le ramène vers soi et on répète cette opération vers le sud, puis vers l’ouest, puis vers le nord puis toujours en agitant trois fois vers le haut puis trois fois vers le bas. Les coutumes ne sont pas toujours les mêmes certains privilégient d’autres directions et certains inclinent le bouquet sans bouger.
Les plantes ont plusieurs symboliques :
ETROG : ce fruit est issu du cédratier dont les feuilles et les fleurs sont odoriférantes. Le fruit par lui-même est odorant et l’on pourra – après la fête donc après l’usage fait du bouquet – respirer le parfum du fruit et réciter à ce propos la bénédiction se terminant par : הנותן ריח טוב בפירות ‘hanotene réah tov beféroth – qui donne aux fruits une bonne odeur. De même, on ne goûtera pas le cédrat pendant la fête. Le cédrat symbolise l’homme qui étudie et fait de bonnes actions c’est-à-dire quelqu’un qui est odoriférant et savoureux.
Sur le plan du corps humain, le cédrat a un peu la forme du cœur.
Il est rapporté au Patriarche Abraham et à la Matri arche Sara.
LOULAV : Il provient du dattier qui donne des fruits sans odeur mais savoureux comme un homme qui n’étudierait que très peu mais dont les actions sont si belles. Le loulav représente la colonne vertébrale. Isaac qui symbolise à la fois la rigueur/justice et le don de soi par le sacrifice, est aussi représenté par le loulav. Rivka est douce comme le miel ou comme la datte.
HADASS : Une plante odoriférante mais ne donnant pas de fruit comme quelqu’un qui étudie et ne fait pas de bonnes actions. Les feuilles rondes représentent les yeux. Représente Jacob à cause du nombre de ses descendants et Léa pour la même bonne raison.
ARAVA : sans parfum et sans fruits, la ârava symbolise les lèvres promptes à parler et parfois sans raison, et s’apparente à quelqu’un qui n’étudie pas et ne fait pas de bonnes actions. La ârava est comme Joseph qui mourut avant ses frères et comme Rahel sa mère.
En unissant en un bouquet ces quatre espèces et en les agitant dans les quatre directions plus en haut et en bas, nous exprimons notre volonté d’unir les quatre genres d’hommes aux quatre éléments et aux quatre directions du monde et d’unir dans un même mouvement les sphères intermédiaires aux sphères supérieures et inférieures auquel l’homme est soumis.
Caroline Elishéva REBOUH

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