La menace kamikaze peut-elle arriver en France ?
Image d’illustration. Photo © AFP
Terrorisme. Neuf français sont déjà morts dans des attaques suicides en Irak et en Syrie. Selon l’islamologue Mathieu Guidère, « rien n’empêchera l’organisation de renvoyer par la suite les aspirants kamikazes européens chez eux pour perpétrer des attentats suicides ».
Neuf français morts dans des attaques suicides
Selon Le Figaro, un rapport de la commission sur la surveillance des filières et des individus djihadistes, présidée par le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, a récemment mis en avant qu’il était « désormais acquis que Daech souhait[ait] utiliser des djihadistes occidentaux pour commettre des attentats dans leurs pays ». D’autant plus que déjà neuf français ont perdu la vie dans des attentats suicides en Syrie et en Irak.
Parmi eux, Pierre, 19 ans, parti en Syrie il y a quelques mois. Sa mère, assure à Francetv: « On n’a rien vu venir ». Elle découvre la lettre de son fils : « Maman, je suis parti aider des Syriens et des Syriennes. Ne vous inquiétez pas. Je vous donne des nouvelles dès que possible. Je vous aime. Bisous ». Certes elle remarque que son fils a changé mais pas au point de partir faire le djihad : « On voyait bien un changement de comportement. Niveau habillement, la nourriture… ». Après 16 mois passé à combattre « tout s’écroule » : l’Etat Islamique lui apprend la mort de son fils dans un attentat suicide en Irak, près de Tikrit. « D’un ange, ils m’en ont fait un monstre, c’est ça qui est le plus dur ».
Manuel Valls, dans un dernier bilan fait de 1.730 djihadistes français potentiels. Ce chiffre « a plus que doublé en un an ». 110 sont déjà mort dont neuf dans des attentats suicides comme le précise Le Figaro.
Des kamikazes « traités comme des héros »
Dans son édition du jour, Le Figaro s’est entretenu avec Mathieu Guidère, islamologue. Son constat est édifiant. Cependant, « la priorité » de l’Etat islamique est, selon lui, d’utiliser « les kamikazes comme arme tactique sur le terrain syrien et irakien. Mais rien n’empêchera l’organisation de renvoyer par la suite les aspirants kamikazes européens chez eux pour perpétrer des attentats suicides (…) Mais jusqu’ici, l’EI a toujours utilisé les attentats suicides au Moyen-Orient ».
D’après l’islamologue, « les kamikazes ne sont pas recrutés, ils sont volontaires ». Avant de commettre les attaques, ils « s’inscrivent sur une liste d’attente pour mener un attentat suicide ». Il poursuit en expliquant que par leurs actes, ils sont « traités en héros ». Selon lui, ils sont mis en condition : « Ce processus intègre une préparation psychologique, théologique et opérationnelle, incluant l’entrainement à l’usage des explosifs. La préparation est généralement couronnée par un séjour dans un hôtel de luxe censé donner un avant-goût au kamikaze des récompenses qu’il aura au paradis ». Enfin, Mathieu Guidère souligne bien le fait l’EI différencie le suicide de l’opération kamikaze. Il déclare : « Le suicide est interdit en islam, mais les organisations djihadistes ont redéfini ces actions non pas comme du suicide mais comme un acte de bravoure (…) Pour eux, le suicide est un acte nihiliste et égoïste, tandis que le « martyr » sacrifie sa vie pour les autres ou pour défendre sa religion ».
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