Israeli Public Security Minister, Gilad Erdan, left, and Israel Police Chief Roni Alsheikh, right, change the epaulets of newly-named Israeli police deputy commissioner Gamal Hakroosh, center, during a ceremony in Tel Aviv, Israel, Wednesday, April 13, 2016. Israel promoted the 59-year-old Hakroosh, an Arab police officer, making him the highest-ranking Muslim to serve in the force. He will oversee the policing of Arab communities, where residents view the Israeli police with suspicion. (AP Photo/Sebastian Scheiner)

Gilad Erdan, le poulain de Netanyahou, connaît une fulgurante carrière, puisqu’à seulement 45 ans, il a déjà goûté aux ministères de l’Environnement, des Communications, du Front de défense passive et de l’Intérieur. En mai 2015, il a été nommé ministre de la Sécurité Publique, des Affaires stratégiques et de l’Information. Kathie Kriegel l’a rencontré pour LeMag’.

C’est sa simplicité qui me frappe d’entrée. Avenant, il commence l’entretien en s’excusant du manque de sommeil qui se fait sentir en cette fin de journée hivernale, le plus jeune de ses quatre enfants, âgé de cinq mois, ne fait pas encore ses nuits, « mais j’aime ça », précise-t-il l’œil qui frise. C’est ainsi que tout ministre qu’il soit, il favorise la simplicité et l’écoute de l’autre dans l’échange. Au cours de l’entretien, il dit ‘je’ parfois, beaucoup ‘nous’. L’homme sait tenir son ego en sourdine et semble vouloir s’effacer derrière la tâche à accomplir, ce qui surprend de la part d’un homme politique. Sans doute ses années à la Yéshivah Netiv Meir à Beit Vegan et aux Bneï Akivah, y sont-elles pour quelque chose. « On m’a donné les bons outils pour remplir mon rôle », avait déclaré cet avocat de profession, en entrant en fonction, « je vais avoir la possibilité d’agir et d’apporter un vrai changement ».

Au bout de six mois en poste, une guerre des couteaux, des affrontements sur le Mont du Temple, un Mahmoud Abbas jetant sans cesse de l’huile sur le feu en fomentant de nouvelles offensives anti-israéliennes auprès des instances internationales, des campagnes de boycott de plus en plus virulentes, où en est-il de ses objectifs ? Rencontre avec un homme exigeant avec lui-même, qui conjugue détermination et capacité d’œuvrer en synergie avec les autres.

CONTRAINDRE LE BDS À SE DÉFENDRE

« Mon ministère ne peut pas se substituer à d’autres », lance-t-il en préambule, « je ne remplace pas le ministère des Affaires étrangères, ni l’AIPAC, ni le travail de terrain que font par exemple CAMERA ou d’autres organisations actives dans le combat contre BDS. Mon ministère a pour tâche de coordonner leurs efforts et de renforcer leur impact », explique le ministre. « Pour la première fois dans notre histoire, nous avons un ministère dédié à la coordination des efforts entrepris pour combattre la propagande contre Israël et ses effets nocifs qui dispose d’un budget, présentement de 100 millions de shekels », se réjouit-il. « Ce n’est pas assez, il nous faudrait 1 milliard annuellement, mais c’est un début».

« La réalité en Israël est présentée d’une manière biaisée au monde. Il convient donc de forcer les militants BDS à investir plus de temps et d’énergie à se défendre, plutôt qu’à nous attaquer », recommande le ministre.  « Nous allons par exemple engager des avocats dans le monde entier et créer des officines de défense publique, pour passer de la défense à l’offensive, en dénonçant les doubles standards de leurs officines ; ils nous accusent de ne pas respecter les droits de l’Homme, mais d’autre part, ils ne dénoncent pas ce qui se passe en Syrie, par exemple, il faut le rappeler sans relâche ». Il ambitionne de savoir qui sont ces organisations, par qui elles sont financées, car certaines d’entre elles obtiennent des fonds illégaux. Sans oublier de pointer les infractions à la loi qu’elles commettent, ailleurs dans le monde, et qu’il faut se donner les moyens de dénoncer. « Jusqu’à présent, ils étaient les seuls à être proactifs dans cette arène et c’est à nous, maintenant, de passer à l’offensive en utilisant toutes nos ressources », martèle-t-il.

De plus, il œuvre à bonifier la collecte de renseignements. « Nous n’étions pas au courant, par exemple, des pressions exercées sur la FIFA en Egypte, pour les convaincre de ne pas venir en Israël. Cela ne doit plus arriver et nous devons anticiper les attaques et passer à l’offensive en amont pour les désamorcer »« Sensibiliser les étrangers à Israël en les faisant venir dans notre pays pour juger par eux-mêmes de la situation et de la complexité du conflit », voilà un autre défi sur lequel il se concentre. Depuis sa prise de fonction, il a rencontré tous les experts, organisé des tables rondes et en fonction des résultats de ces brainstormings : « nous avons aussi décidé de la façon la plus pertinente d’utiliser notre budget, pour faire la promotion d’Israël tel qu’il est », se réjouit-il. Donc si quelqu’un, par exemple, veut faire venir des leaders européens influents en Israël, le ministre promet pouvoir lui allouer un budget pour cela. « Ceux qui seront les leaders de demain aux Etats-Unis et en Europe, sont ceux qui étudient aujourd’hui dans les universités et sont soumis à la propagande anti-israélienne », pointe le ministre. « Il est important de les rencontrer et de les motiver pour venir en Israël se rendre compte par eux-mêmes de la réalité du pays. Et pas seulement les Juifs ».

ERDAN2VERS UNE NOUVELLE POLITIQUE DU PORT D’ARME

Le terrorisme actuel est un autre défi posé à notre sécurité. En Israël, 2% des citoyens possèdent un permis d’arme, ce qui représente 150.000 personnes. Le ministre est convaincu que dans le contexte actuel, une nouvelle police de port d’arme est nécessaire. Elle est même d’une priorité absolue. « Il faut que davantage de licences de port d’arme soient accordées à des Israéliens. Qualifiés, bien sûr. J’ai demandé à la police de m’offrir une nouvelle politique à ce sujet. Car ce qu’il faut comprendre, c’est que l’autorité compétente en la matière, de par la loi, c’est la police. C’est à elle qu’il appartient de décider qui va être autorisé à porter une arme. Je peux user de mon influence, bien sûr, pour peser sur sa décision, mais je ne peux pas en décider à sa place »,
explique-t-il. « Nous nous sommes entendus pour étendre le permis de port d’arme à tous ceux qui ont servi dans les unités d’élite et les forces spéciales, ainsi qu’à tous les officiers, quelle que soit l’unité dans laquelle ils servent ou ont servi. Et nous allons l’étendre ensuite à tous ceux qui servent ou ont servi comme combattants ».

Jusqu’à présent, les détenteurs d’un permis devaient s’entraîner une fois tous les trois ans et tirer une cinquantaine de balles, ce qui n’est pas suffisant. C’est pourquoi il travaille à la mise au point d’un nouveau programme d’entraînement, pour une formation annuelle de deux à trois jours.

« Comment pouvons-nous espérer que la nouvelle génération d’Arabes apprenne à se comporter conformément à nos lois, si nous ne disposons pas des moyens de la faire respecter partout ? »

AUGMENTER LA SÉCURITÉ PASSE PAR LE RESPECT DES LOIS 

Il y a 257 municipalités en Israël et il n’y a que 70 commissariats en tout dans le pays, dont seulement deux dans les villes arabes. Et ces deux malheureux postes de police ne sont même pas situés à l’intérieur des villes mais à l’extérieur. « Si nous affirmons que nous sommes égaux en droits, il nous faut aussi renforcer notre présence policière dans ces agglomérations », reconnaît volontiers le ministre.

ERDAN3« Nous avons dû reconnaitre nos failles dans notre gestion de la population arabe israélienne », avoue G.Erdan, « et même en tant que membre du Likoud, je me dois d’admettre que nous avons fait des erreurs. Si on ne donne pas à la police le budget et les ressources humaines nécessaires pour affirmer sa présence dans ces territoires, comment pouvons-nous espérer que la nouvelle génération d’arabes apprenne à se comporter conformément à nos lois, si nous ne disposons pas des moyens de la faire respecter partout ? Vous ne pouvez pas espérer un comportement citoyen de la part d’individus qui vivent dans une espèce de ‘Far West’ d’impunité sur de nombreux plans, qui conduisent sans permis, ne payent pas leurs impôts. Comment voulez-vous qu’ils respectent la souveraineté de l’Etat, s’ils ne sont pas tenus de respecter la législation. Il faut que cela cesse.  Il est primordial que nos lois soient connues et respectées par tous. Ce qui n’est pas que du ressort de la police, les ministères de la Justice et de l’Intérieur sont concernés aussi. Si nous affirmons que nous sommes égaux en droits, il nous faut aussi renforcer notre présence policière dans ces agglomérations », souligne le ministre de l’Intérieur.

Lors d’un meeting tout récent avec le Premier ministre, il a réclamé un demi-milliard de shekels par an, en plus du budget annuel, pour engager 1.350 policiers supplémentaires, qui seront en poste prochainement dans les villes arabes, répartis dans douze commissariats situés au cœur des localités arabes. « Cela ouvrira une nouvelle ère », affirme-t-il.

AFFIRMER NOTRE SOUVERAINETÉ ET NOTRE LÉGITIMITÉ

Qu’il n’y ait pas de postes de police dans les quartiers arabes de Jérusalem, laisse songeur. Ce d’autant  plus que l’Union Européenne vient d’allouer 6 millions d’euros à la création de postes de police dans les territoires disputés. Une initiative assimilée à une étape concrète vers une solution à deux Etats. « C’est dire si une présence policière juive à Jérusalem est déterminante pour affirmer notre souveraineté dans ce que nous considérons comme faisant partie intégrante d’Israël » explique Gilad Erdan, qui souligne que de son point de vue : « il est temps de décider si Jérusalem est unifiée ou non. Si nous voulons qu’elle le soit, alors que ce soit effectif dans les faits ». 

« Ce n’est pas suffisant de dire que nous ne voulons pas que Jérusalem soit divisée, il faut nous atteler à le concrétiser sur le terrain par tous les moyens et y consacrer le budget nécessaire », martèle G.Erdan. « A part trois attentats terroristes commis par des arabes israéliens originaires de l’extérieur de Jérusalem, presque tous venaient de Jérusalem-Est où nous n’avons pas assuré notre souveraineté », dénonce-t-il. « Ils y enseignent avec des manuels scolaires fournis par l’Autorité palestinienne, c’est intolérable », s’insurge-t-il. Alors oui, le ministre estime que 900 policiers supplémentaires à Jérusalem, à temps complet, seraient nécessaires. Objectif, renforcer la police de proximité pour être en contact avec la population, développer les sources de renseignements afin de prévoir les comportements terroristes. « Et oui, je pense qu’il faudra aussi engager des arabes dans la police pour nous aider à communiquer avec les populations arabes et nous connecter avec eux », précise le ministre.

AUTORISER LA PRÉSENCE JUIVE SUR LE MONT DU TEMPLE ET SÉCURISER LE MONT DES OLIVIERS

MONTOLIVIERLe ministre tient beaucoup à ce que les Juifs et les touristes de toutes confessions puissent se rendre sur le Mont du Temple en toute sécurité, s’ils le souhaitent. A son initiative, la police met au point une nouvelle règlementation dans ce sens qui prendra effet sous peu. De plus, avec Gilad Erdan, il y a fort à espérer que le respect des sépultures juives au cimetière du Mont des Oliviers sera enfin une réalité. « J’ai visité personnellement le cimetière pour me rendre compte des dommages et je me suis entretenu avec le comité international pour la préservation du Mont des Oliviers. Comme c’est important pour moi, j’ai obtenu qu’un poste de police soit installé sur place, et il existe maintenant, c’est nouveau », se félicite-t-il.

Car en principe, la police n’assure pas la sécurité de ces sites en Israël. C’est étonnant, mais celle du Mont des Oliviers relève ainsi de différents départements. C’est à la municipalité de décider et de financer, s’il y a lieu, une clôture, par exemple. Pour autant, le ministre promet que la sécurité de ce lieu sera encore renforcée. « Donnez-moi encore six mois et vous pourrez constater un grand changement. Mais sachez que tout n’est pas de mon ressort, la sécurité du cimetière sur le Mont des Oliviers relève du ministère du Logement. Il dispose de 15 millions de shekels annuels pour assurer sa sécurité » pointe le ministre.

Ce n’est pas un trait d’humour, étonnement c’est la réalité. Quand on dit que le cimetière est notre dernière demeure, on ne croit pas si bien dire. Nous finissons donc cet entretien, assez songeurs. Tout ne se fera pas en un jour, mais il est confiant. En attendant, il s’excuse de devoir s’éclipser. Avec un peu de chance, son petit dernier sera peut-être encore réveillé …

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tor

Plus d’arabes armés ? on se prépare des lendemains qui chantent…