A la veille de la Seconde Guerre mondiale, la situation du Yishouv (1) est fort préoccupante. Quelques mois avant le début du conflit, le mouvement sioniste dans son ensemble et le yishouv ont subi une grave défaite politique. Il s’agit de la promulgation d’un nouveau Livre Blanc par la puissance britannique mandataire en mai 1939.
Le Livre Blanc restreint à 75 000 personnes le nombre des Juifs autorisés à immigrer dans la Palestine d’alors, pour une durée de cinq ans. Ce fait tragique a provoqué un réel isolement du peuple juif qui se trouve pris dans le piège nazi en Europe.
Pour la première fois au cours de son histoire bimillénaire de persécutions, le peuple juif est pris dans une véritable souricière hors de laquelle aucune fuite n’est possible. Ce phénomène confère à la Shoah tout son caractère tragique.
Malgré les options anti-britanniques du mouvement sioniste on est conscient que le meilleur moyen pour accélérer la libération des Juifs d’Europe consiste en un appui total à l’effort de guerre allié. Ben Gourion lance alors cette formule devenue célèbre :
« Nous devons aider les Anglais dans la guerre, comme s’il n’y avait pas de Livre Blanc, et nous devons combattre le Livre Blanc comme s’il n’y avait pas de guerre.»
Pourtant le fossé entre les Juifs et Arabes se creuse encore davantage. Pour le mouvement nationaliste arabe c’est l’occasion de se rapprocher des forces de l’Axe. Le grand mufti de Jérusalem, de la famille palestinienne Husseini, donne l’exemple en gagnant l’Allemagne en 1942 d’où il encourage les pays arabes à joindre leurs efforts à ceux des nazis pour l’extermination des Juifs dans le monde.

Les choix du Yishouv

Pour le Yishouv plusieurs objectifs sont visés. D’abord il y a le souci constant de faire entrer dans le pays le maximum de ceux qui fuient l’Europe. En second lieu il y a l’engagement volontaire de soldats juifs dans les rangs de forces armées britanniques : cette participation trouve son expression dans l’engagement volontaire de trente mille soldats du Yishouv dans les rangs des forces armées britanniques. Les positions de la puissance mandataire sont menacées par l’offensive allemande en direction du Caucase et de la Cyrénaïque.
En mai 1941, les aéroports allemands ont leurs bases en Syrie.

Le Palmach , formé par les troupes d’élite de l’armée d’autodéfense juive, est alors dirigé par Isaac Sadé. Tous les courants sionistes veulent combattre le pire des dangers. Le chef de l’Irgoun , David Raziel, part en mission en Irak pour le compte des Britanniques, il est tué en mai 1941.

Une expédition est lancée, le 7 juillet 1941, contre le poste vichyste de Fort-Gouraud. Dans cette bataille, Moshé Dayan alors jeune officier, est blessé à l’œil.
Le 11 mai 1942, le mouvement sioniste lance le Programme de Biltmore, dans lequel il lie la création de l’Etat juif et la constitution des Forces armées juives organisées de manière indépendante.

Après bien des hésitations et des louvoiements dans sa politique à l’égard du yishouv, les autorités britanniques acceptent pendant les derniers mois que soient constitués les régiments palestiniens, la Brigade juive, qui prend part aux derniers combats, en particulier sur le front italien sous le drapeau juif.
A l’origine les autorités britanniques, puissance mandataire, sont très réservées sur les engagements de volontaires juifs. Elles ont tout fait pour faire obstacle. En effet, elles craignent que la constitution d’une force juive n’irrite les populations arabes locales et la conciliation des pays arabes est plus importante à leurs yeux que la mobilisation du potentiel militaire des juifs.
Les revendications pour que soit établie une force juive importante ne cessent pas. Le mouvement d’engagements volontaires est ralenti par le refus britannique de reconnaître à ses volontaires le statut d’une armée juive luttant sous son drapeau propre, statut reconnu aux unités polonaises, grecques ainsi qu’aux Forces Françaises Libres.
Les volontaires d’Israël, versés dans toutes les armes infanteries, artilleries, marine, transports, génie, commando ont joué un rôle important dans les combats d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Italie : en particulier dans bataille de Bir Hakeim, aux côtés de la France Libre sous le commandement du général Koenig.

L’immigration illégale s’intensifie

Malgré le Livre Blanc l’immigration clandestine continue, à un rythme ralenti, 50 000 à 60 000 « yekkes, ce surnom est donné aux immigrants juifs d’origine allemande et autrichienne, arrivés en Palestine avant le déclenchement du conflit. Durant la guerre, environ 52 000 Juifs sont arrivés légalement en Eretz Israël. L’immigration illégale se développe et se heurte à de fortes contraintes. La surveillance des mers s’intensifie. Dans ce contexte ont lieu les épisodes des bateaux-cercueils.

Dès les premiers mois du conflit, un convoi de trois navires appelés Pacific, Atlantic, Milo, parvient à atteindre Haïfa. Les autorités britanniques redoutant une nouvelle vague d’immigrants, décident de déporter ces immigrants vers l’île Maurice. Une tentative de la Hagana de saboter les machines du navire Patria pour en empêcher le départ, se termine en catastrophe. Le navire coule dans la rade de Haïfa et deux cent de ses passagers volontaires y périssent.
Au printemps 1941, le navire Darien, transportant huit cent juifs de Roumanie atteint Israël. Ce navire confié par les autorités britanniques à la Haganah est détourné. Les rapports entre la Haganah et les services secrets britanniques se dégradent.

L’immigration illégale prend fin en février 1942, avec le désastre du Struma, qui fait naufrage avec ses sept cent soixante dix passagers devant les rives de la Turquie. La politique britannique ne change pas, même quand la Solution Finale du problème juif décidée par les nazis n’est plus qu’un secret de polichinelle.

Au sein des institutions sionistes, l’organisation chargée de l’immigration illégale est le Mossad Alyah . En 1942, elle tente d’entrer en contact avec les réfugiés juifs de Pologne. Tout un réseau d’émissaires est mis en place qui s’étend jusqu’à Téhéran. Ainsi un réseau d’évasion et d’autodéfense juive se développe en Syrie, en Irak et en Iran.

Lorsque les premières informations concernant l’extermination sont connues, les institutions officielles du Yishouv réagissent en particulier le Mossad Alyah et la Histadrout. Elles décident d’envoyer à Istanbul une mission spéciale, chargée de contribuer au sauvetage du judaïsme européen.
Les moyens d’actions envisagés sont doubles. En premier lieu, il faut mettre en place, l’impôt volontaire pour le sauvetage. En mars 1943, cet instrument financier prend le nom de Fonds pour la Mobilisation et pour le Sauvetage.

En second lieu la mission d’Istanbul réussit à entrer en contact avec les militants juifs et des activistes des mouvements de jeunesse des pays suivants : Roumanie, Hongrie, Tchécoslovaquie, Grèce, Italie, France. Durant l’été 1943, des contacts sont noués avec la Pologne, il est possible d’envoyer de l’argent, des passeports. Une partie des fonds disponibles est affectée à la corruption des fonctionnaires nazis de tous grades, afin de les amener à retarder l’application de mesures antijuives.
Cette stratégie de la corruption a contribué à l’arrêt de la déportation des Juifs de Bulgarie. Des Juifs ont été transférés d’endroits très dangereux vers des lieux un peu moins dangereux, comme le montre le Rabbin Weissmandel, de Slovaquie : à propos de l’aide apportée à ses coreligionnaires qu’il fallait sortir « du septième cercle de l’enfer vers le sixième ou même le cinquième. »
Ainsi le Yishouv se porte-t-il au secours du judaïsme européen. La Hagana négocie longtemps avec les Britanniques l’envoi de soldats dans les pays ennemis en Europe.

Il est convenu que ces envoyés ont un rôle à remplir dans les renseignements et un soutien des forces alliées mais la Haganah voit dans cette mission surtout la possibilité de s’infiltrer à l’intérieur des pays où sont appliquées toutes les opérations menant à l’extermination des juifs. Un contact est entretenu assez longtemps avec les renseignements britanniques.
En 1943, on lance un plan d’envoi d’une grande mission et il y a possibilité d’infiltrer un petit groupe de parachutistes dans les pays du Sud Est d’Europe. Soixante dix hommes du Palmach sont intégrés à ce groupe. L’unité choisie est entraînée longtemps. En 1944, le parachutage a lieu : trente deux soldats arrivent à descendre dont deux parachutistes femmes ; Haviva Reik et Hanna Sennesh, neuf arrivent en Roumanie, trois en Hongrie, cinq en Slovaquie, dix en Yougoslavie et la frontière autrichienne, trois en Italie, deux en Bulgarie. Ce chiffre de trente deux parachutages est considérable en valeur relative.

Hannah Sennesh, une femme exemplaire

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En mars 1944, elle est parachutée en Yougoslavie avec Yoel Palgi et Peretz Goldstein. Ils rejoignent un réseau de partisans. Après leur atterrissage en Hongrie, Hannah Sennesh continue seule et se dirige vers la frontière où elle est arrêtée et emmenée à la prison de Budapest. Pendant des jours elle est torturée, le 7 novembre 1944 elle est exécutée avant que les juges hongrois n’aient rendu leur verdict. Grâce à son journal qu’elle a tenu jusqu’à son dernier jour, elle a laissé des poèmes dont certains sont devenus célèbres. Ainsi le poème Eli, Eli (« Mon Dieu, Mon Dieu ») qui est repris sous forme de chant :

« Mon Dieu, mon Dieu, faîtes que ces choses ne prennent jamais fin.
Le sable et la mer,
La ruée des eaux,
Le fracas du ciel,
La prière de l’Homme.
Ces lignes forment son dernier témoignage :
Un-deux-trois…huit pieds de long
Deux enjambées, le repos est sombre….
La vie est un point d’interrogation éphémère
Un-deux-trois….peut-être une semaine….
Ou le mois prochain pourra me trouver encore ici.
Mais la mort, je la sens proche.
J’aurais eu 23 ans en juillet prochain.
J’ai joué à ce qui importait le plus, les dés ont roulé. J’ai perdu. »

Le bilan des parachutages

Dans la plupart des pays, les parachutistes arrivent à leur but, à une période, où leur aide ne peut pas apporter beaucoup à l’organisation d’opérations de défense ou de sauvetage sur place. Douze parachutistes sont faits prisonniers et sept sont condamnés à mort. Les parachutistes participent à la révolte de Slovaquie pendant l’été 1944, et agissent dans les rangs de l’armée de Tito.
La réussite principale des parachutistes est symbolique : ils sont des envoyés du pays, arrivés en pays étranger à une période de destruction, avec la volonté d’apporter de l’aide et de la solidarité
Ainsi la Shoah est un enseignement majeur pour le yishouv. A l’exemple de l’activité déployée par les soldats d’Israël en uniforme britannique en direction de la communauté juive italienne, la libération aboutit à un resserrement des liens entre le yishouv et le judaïsme européen.
Cela aboutit à la création du Shéarit Hapleita, les survivants des camps et des ghettos, qui est un facteur déterminant dans l’affirmation de l’état d’Israël.

En 1945, 90 000 réfugiés d’Europe arrivent en Palestine et au cours des trois années qui suivent plus de 60000 immigrants clandestins. Les développements survenus pendant la guerre en Palestine jouent en faveur de la construction d’un futur Etat. Le nombre de Juifs de Palestine a augmenté lentement. Pourtant Tel Aviv est devenu un foyer humain impressionnant après la guerre.
Après la guerre, le yishouv lutte pour abroger la politique du Livre Blanc afin d’ouvrir les portes du pays et établir les bases d’un état juif indépendant.
L’Exodus a été le cas le plus célèbre bateau d’immigrants clandestins arrêtés par des soldats britanniques aux lendemains de la Shoah. A bord de l’Exodus, 4515 passagers entassés, tous des rescapés des camps nazis, ces « personnes déplacées » veulent fuir l’Europe qui a réduit en cendres leurs familles et commencer une nouvelle vie en Israël qui est alors sous l’emprise britannique.
Pour cela ils sont prêts à tout : ils partent de Port de Bouc, arrivent à Haïfa d’où ils sont durement évacués par les troupes anglaises qui les renvoient vers les ports français. Les passagers refusent de descendre, ils sont alors ramenés par la force vers Hambourg et interner dans un camp.
L’affaire de l’ Exodus va populariser auprès de l’opinion mondiale le combat des juifs pour le retour vers leur terre, elle va renforcer la cause de l’État d’Israël à la recherche de son indépendance ( A suivre).

Adaptation par Jforum

(1) Le yichouv est le terme désignant la communauté juive de Palestine avant la création de l’Etat d’Israël. Ainsi l’ancien yishouv correspond aux communautés juives orthodoxes installées avant la seconde moitié du XIXème siècle, dans les cités de Jérusalem, Jaffa, Hébron, Tibériade et Safed . Quant au nouveau yishouv, il est peuplé par les vagues d’immigrants fuyant les persécutions et de ceux qui adhèrent complètement aux idéaux sionistes.

 

Additif : Qui est Amin al-Husseini ?

Surnommé « le glaive de l’islam », Mohamed Amin al-Husseini est né en 1895 dans une famille influente de Jérusalem. Pendant la Première Guerre mondiale, il combat jusqu’en 1917 aux côtés des Ottomans alliés à l’empire allemand.

A 23 ans, « opposé à l’immigration juive, politicien ambitieux et brillant orateur », Mohamed Amin al-Husseini « s’impose comme un des leaders du nationalisme arabe ». Ajoutons qu’il milite alors, et jusqu’en 1920, année du début du mandat de la France sur la Syrie, pour le rattachement de la « Palestine » à la Syrie. Ainsi, dans la photographie ci-contre, les Arabes de la Palestine mandataire défilent à Jérusalem en mars 1920 contre l’immigration juive et pour le « pansyrianisme » : la « Palestine » est alors présentée tactiquement comme une province méridionale de la Syrie. Et ce, afin de lutter contre le sionisme.

En 1921, les Britanniques « le nomment grand mufti de Jérusalem malgré son jeune âge, 24 ans, et sa formation théologique plutôt rudimentaire. Il porte également le turban des théologiens et juristes… De quoi faire honneur à une famille qui revendique une descendance directe du prophète Mahomet ». Mohamed Amin al-Husseini nomme ses affidés aux postes clés.

En 1931, il organise le congrès mondial islamique. « A partir de là, la question palestinienne devient la cause de tous les Arabes et de tous les musulmans ».

Mohamed Amin al-Husseini « était très violent, cruel et impitoyable. Il a tué tous ses rivaux au sein de la société palestinienne. Il considérait toute opinion différente de la sienne comme une trahison et y répondait par la violence », se souvient Uri Avnery, membre de l’Irgoun. Parmi les rivaux d’al-Husseini : les membres du clan rival Nashashibi.

Mohamed Amin al-Husseini « rêve de diriger une grande Arabie et une Palestine débarrassée des juifs ». Né à Jérusalem en 1918, émissaire de l’Agence juive, Aharon Cohen l’a vu « de loin à la mosquée. Il incitait ouvertement à la haine contre les Juifs… Il avait un grand charisme ».

Le terme « tentation » est inadéquat. Il s’agit d’une alliance précoce : fin mars 1933, deux mois à peine après l’avènement du nazisme en Allemagne, le grand mufti affirme au consul d’Allemagne en Palestine sous mandat britannique que « les musulmans approuvent le nouveau régime. Il souligne la nécessité de combattre l’influence néfaste des juifs dans l’économie et la politique ». Rappelons que le 30 janvier 1933 Adolf Hitler est devenu chancelier d’Allemagne.

Les affinités du grand mufti al-Husseini avec le nazisme sont profondes, et non pragmatiques, non motivées par un ennemi commun : « l’ennemi nazi de mon ennemi britannique est mon ami ». Elles sont cimentées par l’antisémitisme : dès avril 1933, le grand mufti demande à l’Allemagne « de ne plus envoyer ses Juifs en Palestine ». Il souhaite « bâtir une alliance durable ».

Il déclare : « Les principes de l’islam et ceux du nazisme présentent de remarquables ressemblances, en particulier dans l’affirmation de la valeur du combat et de la fraternité des armes, dans la prééminence du chef, dans l’idéal de l’ordre ».

Al-Husseini obtient « le soutien notamment financier des SS », en particulier pour la grande insurrection de 1936 qui visait à faire pression sur les autorités britanniques afin de réduire l’immigration Juive. Des relations secrètes se poursuivent.

Une participation active et protéiforme à la guerre et à la Shoah

« Il faisait des discours incendiaires pour éveiller les consciences : ‘Nous risquons de perdre la mosquée al-Aqsa et les lieux sacrés de l’islam’ », déclare Nasr ad-Din an-Nashashibi, écrivain.

« Face à tant de haine, la vie devenait très difficile pour nous », précise Aharon Cohen, habitant en Eretz Israël alors Palestine sous mandat britannique.

A Jérusalem « et dans d’autres villes, les Juifs fuient leur maison pour avoir la vie sauve… Certains émeutiers arabes portent la croix gammée ».

En octobre 1937, recherché par les Britanniques en raison de l’assassinat d’un haut responsable britannique, le grand mufti al-Husseini fuit au Liban. Il continue à « orchestrer les émeutes ».

Fin 1940, quand les avions italiens et allemands bombardent les positions britanniques, tel le « port de Haïfa où débouche l’oléoduc acheminant le pétrole irakien », le grand mufti ne s’en émeut pas. « Au contraire, il va conseiller aux Allemands de bombarder Jérusalem… »

Il se trouve alors en Iraq, où il fomente un putsch pronazi, et propose « un soutien de guerre actif » à Hitler dès janvier 1941.

La première rencontre entre le grand mufti al-Hussein et Hitler date du 28 novembre 1941, à Berlin.

David Ben David, volontaire dans l’armée britannique, soldat de la Brigade juive, s’est engagé en mai 1941 « parce que les Nazis persécutaient nos familles en Europe et qu’il fallait que quelqu’un s’oppose à ces criminels, alors que les Allemands étaient à l’apogée de leur pouvoir. Seuls les Britanniques combattaient alors les Nazis… Les Arabes aiguisaient déjà leurs couteaux pour égorger les juifs avec l’aide des Allemands, des nazis. C’était vraiment la panique ». En 1942, le Yichouv, ensemble des Juifs vivant en Palestine mandataire, est menacé au Sud par les chars de Rommel, à l’Ouest par les Allemands qui occupent la Grèce et la Crète, et à l’Est par des troupes allemandes du Caucase qui se dirigent vers Jérusalem, via l’Iraq.

La bataille de Stalingrad (17 juillet 1942-2 février 1943) et l’offensive victorieuse du général Montgomery à al-Alamein (1942) marquent des défaites capitales du IIIe Reich.

Parrain de l’Institut central islamique de Berlin, le grand mufti voit son utilité croître pour les Nazis. Il « prêche la guerre sainte contre les Juifs à la radio allemande. Il promeut sans relâche le régime nazi auprès des musulmans non arabes et tente de convaincre Indiens, Ouighours, Caucasiens Tatars de Crimée à s’engager au côté des Allemands… Il se fait grassement payer chaque service rendu par le ministère des Affaires étrangères et la SS… Ses prêches enflammés dans l’unique mosquée de Berlin mêlent habilement antisémitisme religieux et racisme, mettant ainsi l’islam au service de ses ambitions politiques… La plupart des musulmans allemands adhèrent » à son discours.

« De nombreux musulmans détestaient Staline si bien que 150 000 à 300 000 d’entre eux ont combattu pour les puissances de l’Axe lors de la Seconde Guerre mondiale », a écrit Daniel Pipes, expert américain en géopolitique et en islam.

« Certains d’entre eux ont agi dans le cadre des Einsatzgruppen [unités mobiles nazies d’extermination, Nda] qui ont massacré les Juifs en Biélorussie et Ukraine », a précisé Elliott E. Green.

Ajoutons le grand écho de la propagande radiophonique nazie en arabe écoutée avec attention par les auditeurs Arabes réunis à cet effet dans les cafés de la Palestine mandataire.

Dans ses émissions radiophoniques à Berlin, et pour une radio italienne fasciste à Bari, en direction du monde Arabe, al-Husseini incite « à tuer les Juifs où qu’ils se trouvent. C’est la volonté de Dieu ».

Début 1942, Adolf Eichmann lui révèle la Solution finale. Impressionné, le grand mufti envoie à l’été 1942 une délégation visiter le camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen.

En 1943, son ami Heinrich Himmler, chef des SS, l’informe : « A ce jour, nous avons exterminé environ trois millions » de Juifs.

Le grand mufti exhorte les autorités de Hongrie, Bulgarie et Roumanie à inclure des centaines d’enfants Juifs dans la Solution finale. Et l’obtient.


Il « participe à la création de la division SS Handschar, appelée ainsi en référence à une épée orientale. A cette occasion, les nazis inventent le néologisme de « musulgermain ». L’unité comptera jusqu’à 20 000 hommes ». Al-Husseini est chargé de la formation culturelle et philosophique de ces soldats qui jurent d’obéir jusqu’à la mort à Hitler et de « rapprocher le monde germain et le monde arabe. Himmler lui accorde mollahs et imams pour encadrer les troupes ». Il les choisit et les forme dans une école particulière.

Son antisémitisme imprègne le pamphlet Islam i židovstvo (Islam et Judaïsme) destiné aux musulmans bosniaques engagés dans les SS. En 2015, Boris Havel a traduit ce texte en anglais pour le Middle East Quaterly.

Le 2 novembre 1943, al-Husseini harangue des milliers de manifestants musulmans à Berlin, en les exhortant à « expulser les Juifs des pays arabes ».

Il projetait de construire secrètement des camps d’extermination pour tuer les Juifs dans les pays Arabes et en Palestine mandataire, notamment près de Sichem (Naplouse).

Les Nazis lui versaient une allocation mensuelle de dizaines de milliers de dollars. Auxquels il convient d’ajouter le remboursement de ses frais, les rémunérations de ses conseillers, assistants, etc.
A bord d’un avion allemand, le grand mufti al-Husseini gagne la Suisse qui le remet à la France. Craignant que la France lui permette de fuir le tribunal de Nuremberg, un groupe de soldats Juifs songe à le tuer. Mais la crainte de violences contre les Juifs vivant dans des pays majoritairement musulmans les dissuade d’agir.

En mai 1946, le grand mufti fuit la France, où il y séjournait dans des conditions agréables régies par le Quai d’Orsay, et se rend au Caire (Egypte) sous une fausse identité.

Il est refoulé par les Britanniques de la Palestine mandataire.

En 1947, le grand-mufti Mohammad Amin al-Husseini refuse la partition onusienne de cette Palestine sous mandat britannique – un Etat Juif, un Etat Arabe et une zone internationale (corpus separatum) incluant Jérusalem – et il rallie les armées arabes pour lutter contre l’Etat d’Israël renaissant.

Avant l’ouverture du procès Eichmann, installé à Beyrouth, il nie toute responsabilité dans la Shoah. Il prétend même n’avoir jamais rencontré l’organisateur principal de la Solution finale.

www.veroniquechemla

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[…] la même époque, durant la Seconde Guerre mondiale, 50.000 Juifs de Palestine se sont battus sur tous les fronts contre la poussée nazie qui menaçait le […]

yatin

Un grand merci pour cet article, malgré le rappel de bien mauvais souvenirs… Quand il est possible de revoir toute l’origine historique des événements il devient soudain aisé de comprendre le pourquoi et le comment des choses qui se passent dans notre présent. C’est ceci la méthode psychanalytique : retrouver la mémoire et savoir que tout a une raison d’être et une origine dans notre histoire, que celle-ci soit collective ou personnelle… Mais de nos jours on ne veut plus de mémoire et donc on ne veut plus de psychanalyse et surtout pas de références !!!