Des leaders chrétiens alertent sur l’entrée dans le nouveau gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahou de responsables soutenant des groupes ouvertement antichrétiens.

Après la victoire du Likoud (droite) dirigé par Benjamin Netanyahou aux dernières élections israéliennes, le nouveau Premier ministre n’a toujours pas officiellement formé son nouveau gouvernement. Il a obtenu une prolongation de 10 jours, jusqu’au 21 décembre 2022, pour y parvenir. Il sera toutefois forcé d’intégrer dans sa coalition des éléments de la droite religieuse ultraradicale. Le chef du parti Force Juive, Itamar Ben-Gvir, s’est notamment vu octroyer le portefeuille de la Sécurité nationale.

Craintes des non-juifs

Mais l’entrée d’Itamar Ben-Gvir au gouvernement préoccupe aussi les chrétiens. Lors d’un sommet majeur pour les médias évangéliques, le 11 décembre 2022, Juergen Buehler, directeur de l’Ambassade chrétienne internationale de Jérusalem (ICEJ), a émis de sévères mises en garde à l’adresse de Benjamin Netanyahou, rapporte le site catholique Crux. Il a déploré que des personnes « ayant déclaré des choses pas gentilles sur les chrétiens » puissent intégrer le gouvernement.

Attaques contre les chrétiens

L’ICEJ est une institution évangélique qui se donne pour mission d’encourager le soutien chrétien à Israël dans le monde et de parrainer diverses initiatives humanitaires et missionnaires. De nombreuses églises évangéliques, en particulier aux Etats-Unis, soutiennent l’Etat d’Israël et le sionisme, essentiellement pour des raisons bibliques et millénaristes. Mais ils se montrent perplexes face à certains mouvements juifs ultraradicaux, qui rejettent toutes les autres religions, y compris le christianisme.

Itamar Ben-Gvir a ainsi défendu le chef du groupe Lehava, Bentzi Gopstein, qui a mené des protestations violentes contre des manifestations chrétiennes en Terre Sainte. Bentzi Gopstein a même déclaré qu’Israël devrait expulser toute sa population chrétienne. En tant qu’avocat, Ben-Gvir a également défendu en 2015 un homme reconnu coupable d’avoir mis le feu à l’Église catholique de la Multiplication, à Tabgha, au bord du lac de Galilée.

Bonnes relations de base

Juergen Buehler a ainsi appelé le Premier ministre à « user de toute son influence pour que cette prochaine période législative ne soit pas une ère de nouvelles disputes ou de nouveaux murs, mais une période où les partenariats et les relations entre juifs et chrétiens continueront à se développer ».

Benjamin Netanyahou et son parti du Likoud entretiennent généralement de bonnes relations avec les évangéliques américains. Il a déclaré dans un message vidéo adressé à une réunion des Chrétiens unis pour Israël en 2017 que ces derniers faisaient partie des alliés les plus solides du pays. Dans son discours, Juergen Buehler s’est dit convaincu que les juifs et les chrétiens pouvaient s’associer pour un monde meilleur.

Coincés entre antichrétiens et antisémites

Mais les évangéliques soutenant Israël sont pris dans des configurations religieuses et politiques complexes. Souvent positionnés très à droite, ils doivent faire face à la fois aux ultra-fondamentalistes juifs qui rejettent les chrétiens et aux extrémistes américains antisémites.

Juergen Buehler a ainsi exhorté les évangéliques américains à interpeller l’ancien président Donald Trump pour avoir rencontré des personnalités antisémites, telles que le chanteur Kayne West ou le suprémaciste blanc Nick Fuentes. Ce dernier, qui nie ouvertement l’Holocauste, a été décrit par l’organisation juive américaine Antidefamation League comme «l’un des plus éminents partisans, aux Etats-Unis, d’un antisémitisme sans réserve ». Kanye West a proféré des déclarations s’inspirant du mouvement des Hébreux Noirs (Black Hebrew Israelites), qui affirme que les vrais descendants des 12 tribus d’Israël sont en réalité les Afro-américains. Pour ces militants, les juifs « blancs » sont donc des usurpateurs. Le rappeur a récemment révélé dans les médias son admiration pour Adolf Hitler.

Source : cath.ch – Extraits