La fête nationale d’Israël (« Yom Haatzmaout »-jour de l’Indépendance), est célébrée  aujourd’hui pour la 71ème fois, comme chaque année, sans transition -et pour cause- par la Journée du Souvenir, en hommage aux 23.741 soldats tués au cours des guerres d’Israël.

Deux journées ancrées dans le cœur, au cours desquelles, tandis que retentit la sirène, une boule s’installe dans la gorge à la vue de toute la circulation s’arrêtant, les occupants se mettant à l’extérieur au garde-à-vous pendant de longues minutes. Un instant où tout semble s’arrêter, la vie paralysée, en souvenir des traumatismes de ce peuple et de ce pays.

Tout n’a pas commencé ce Hé béIyar (15 mai) 1948, date officielle de la fondation de l’Etat d’Israël, mais bien avant, avec la résolution de l’Onu sur le partage de la Palestine, suivant les combats menés par les trois groupes juifs clandestins contre le mandat britannique, voire contre les gangs arabes.

Il s’agissait de défendre, derrière des sacs de sable, les villes juives face aux assauts des voisins arabes, ayant rejeté, tout comme les pays arabes, cette résolution.

Mais ce n’est qu’à la suite de la déclaration d’indépendance, dans un immeuble de Tel Aviv transformé en musée improvisé, que commençaient les choses sérieuses.

Lorsque Ben Gourion avait proclamé l’Etat d’Israël, je faisais partie d’un petit groupe de curieux rassemblés à l’extérieur du musée. Sans explosion de joie, ni manifestation d’allégresse. Une fois terminée la cérémonie, tout ce monde est rentré chez lui, sans imaginer l’ampleur du conflit qui commençait le lendemain, et qui dure toujours.

Le jeune Etat, peuplé tout juste de quelques centaines de milliers d’habitants, devait dès le lendemain se défendre contre les armées régulières, bien armées, en provenance de six pays arabes voisins. Tsahal n’avait que quelques milliers de jeunes, sortis de la clandestinité, peu entraînés et mal équipés. La situation se présentait très mal, aussi Ben Gourion prit une décision sans précédent, ni avant ni après: la mobilisation générale des jeunes de 17 ans, y compris les promotions des lycées. J’en faisais partie.

Après la mémoire collective, je voudrais relater mon souvenir personnel

Israélien de longue souche, deuxième génération, j’étais à la fois témoin et acteur dans cette épopée. J’y ai contribué de mon mieux. Lycéen, j’ai rejoint d’abord l’Irgoun, l’un des trois groupes clandestins ayant combattu le régime du mandat britannique.

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Yom Haatsmaout par Yeroushalaim

Avec la proclamation de l’indépendance et la décision de Ben Gourion de mobiliser les lycéens, je me suis trouvé avec d’autres lycéens -ayant accueilli cette aventure, il faut le reconnaître, avec une grande joie- dans un centre de recrutement. On ne se souciait guère d’être arraché du lycée un an avant le bac. On avait plus urgent à faire.

Ayant fait mes classes, et à l’issue d’entraînements assez élémentaires, j’ai choisi de servir dans une des trois brigades du Palmach, l’unité d’élite de la Hagana pendant le mandat britannique.

Ayant intégré Tsahal, j’étais dans la force de frappe contre les armées arabes. La brigade à laquelle j’étais affecté avait combattu dans le sud du pays face à l’armée égyptienne, bien supérieure en hommes et en matériel. Des combats féroces, plusieurs soldats autour de moi sont morts ou blessés.

Lors de la bataille pour la conquête de Beersheva nous avons combattu auprès du régiment numéro 75, surnommé « Le Commando français », composé de quelques volontaires mais surtout de nouveaux immigrants maghrébins, connaissant à peine l’hébreu.

Leur chef était le commandant Thadé Duffre, allias « Teddy Eytan », un personnage légendaire, volontaire français non-juif, ancien officier de la Légion Étrangère. Bien plus tard, en France, il mourut dans un accident de la route.

Au cours de ce combat nous avons subi des pertes, ainsi que dans d’autres combats, avec d’autres amis morts ou blessés. Pour enfin terminer en beauté par la prise de Oum Rashrash, aujourd’hui Eilat.

Ce n’est qu’au début de 1949, après la signature des accords d’armistice, fixant les nouvelles lignes établies selon le cessez-le-feu, que notre contingent de lycéens a été démobilisé provisoirement afin de reprendre les études et passer le Bac. Drôle de bac, ayant probablement pris en considération les « héros fatigués »…

Au bout de six mois on a repris du service, jusqu’à la démobilisation. Mais l’engagement n’était pas terminé et continuait bien longtemps en tant que réservistes. Encore des guerres, encore des victimes, encore des devoirs et déboires. Mais ceci est une autre histoire, et j’en suis fier.

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