Charlie Hebdo : un enseignant dénonce le «double jeu» d’un lycée musulman

Les élèves du lycée musulman Averroès (ici en 2004) figurent selon l'académie parmi les meilleurs de la région.

Après avoir démissionné, Soufiane Zitouni accuse son ancienne direction de diffuser insidieusement « une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme ». Le lycée Averroès de Lille aurait porté plainte pour diffamation.

 
 

Soufiane Zitouni enseignait depuis la rentrée dans le lycée Averroès à Lille. Il a depuis choisi de démissionner de cet établissement privé musulman, sous contrat avec l’Éducation nationale. En cause: une tribune qu’il a publiée le 15 janvier dans Libération. Dans cet article, «Le Prophète est aussi Charlie», l’auteur réagissait à la dernière une de Charlie Hebdo et se posait la question: «Pourquoi tant de musulmans manquent aussi cruellement d’humour, de recul, de sérénité dès que l’on touche à un tabou, un dogme, un interdit auquel ils sont jalousement attachés?» À le croire, cette prise de position a provoqué des remous au sein du lycée.

 

Et, un mois après la parution de son texte, le professeur de philosophie récidive dans le même quotidien. Cette fois, il met directement en cause un «double jeu» de la direction. «D’un côté, montrer patte blanche dans les médias pour bénéficier d’une bonne image dans l’opinion publique et ainsi continuer à profiter des avantages de son contrat avec l’État, et d’un autre côté, diffuser de manière sournoise et pernicieuse une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme», détaille-t-il. La direction du lycée musulman aurait porté plainte pour diffamation, selon la lettre professionnelle consacrée à l’éducation AEF. «Les professeurs sont en larmes, réagit le proviseur El Hassane Oufker, interrogé dans La Voix du Nord. Ce professeur emploie des mots très durs…»

La mise en garde d’un collègue

Aujourd’hui, Soufiane Zitouni ne regrette sa prise de position. «Pour moi, prendre la plume pour faire entendre ma voix en tant que citoyen français de culture islamique après les horribles attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher était avant tout un devoir», écrit-il vendredi matin dans Libération. Au lycée Averroès, tout le monde ne serait pas du même avis. Dès la parution, relate l’enseignant, un proche de la direction le prévient: «Il est très bien ton texte, […] mais tu dois savoir que tu vas te faire beaucoup d’ennemis ici». Affichée dans la salle des professeurs, la double page en question aurait rapidement terminée à la poubelle.

Cinq jours plus tard, un autre collègue réplique sur le site participatif de l’Obs. L’intéressé fait allusion aux tensions qui semblent diviser le corps professoral. «Je ne partage pas les idées de mon cher collègue mais, qu’il s’en assure, je me battrais pour qu’il puisse les exprimer. En salle des profs, notamment!», assure Sofiane Meziani qui enseigne l’éthique au lycée. Mais celui-ci ne ménage pas ses critiques contre le journal satirique. «Charlie est abject», peut-on lire, il «concourt, chaque jour, à la banalisation des actes racistes». La réaction des élèves sera dans la même lignée: «C’est un blasphème!», «Vous léchez les pieds des ennemis de l’islam!», explique avoir entendu Soufiane Zitouni.

Au lycée, une minute de silence avait pourtant été observée après les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. L’établissement, créé en 2004, est le premier lycée musulman à être passé sous contrat avec l’Éducation nationale. Les lycéens d’Averroès affichent chaque année de très bons résultats au baccalauréat et figurent parmi les meilleurs de la région.

lefigaro.fr

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