Tous les regards sont tournés vers la Grèce ce dimanche qui vote par référendum pour savoir si oui ou non le futur se composera avec l’Europe.

Qu’adviendra-t-il de la Grèce après le référendum de ce dimanche ? Comment réagiront ses partenaires et créanciers ? Changement de gouvernement ou statu quo, reprise des négociations, sortie de la zone euro… Voici les scénarios possibles pour Athènes, selon que le oui ou que le non arrive en tête.

LE SCÉNARIO DU OUI

Pour le gouvernement emmené par la gauche radicale Syriza, qui a appelé à rejeter les propositions des créanciers, ce scénario serait un désaveu. Entraînerait-il sa chute ? Le ministre des Finances Yanis Varoufakis a d’ores et déjà prévenu qu’il démissionnerait. Le Premier ministre Alexis Tsipras, lui, a laissé planer le doute. Si Tsipras tombe, deux possibilités s’offriront à la Grèce. La première : qu’un gouvernement d’unité nationale se forme, sur les bases de l’actuel Parlement. Un scénario compliqué, en raison des divergences entre les partis d’opposition – droite ou centre-gauche, qui ne disposent pas de majorité – et Syriza.

La deuxième : que la Grèce organise des élections anticipées. Ce scrutin ne pourra cependant pas avoir lieu avant 30 jours. Et rien ne dit que la Grèce ne reviendrait pas à la situation de départ, selon Henrik Enderlein, de l’Institut Jacques Delors, pour qui «Tsipras pourrait à nouveau gagner». Pour le pays, à court d’argent frais et soumis depuis lundi à un contrôle des capitaux, cette période d’incertitude serait difficilement gérable. Athènes n’a pas remboursé fin juin une échéance d’1,5 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI). Et le 20 juillet, elle devra honorer une autre dette, de 3,5 milliards d’euros, à la Banque centrale européenne (BCE).

Si dans les urnes le «oui» l’emporte, la Grèce n’est donc pas assurée d’un avenir radieux. La BCE, jusqu’à présent, a assuré la survie de l’économie grecque en maintenant ses prêts d’urgence (ELA) aux banques grecques. Mais si Athènes venait à faire défaut le 20 juillet, il lui serait difficile de maintenir cette position – surtout si aucun accord n’est signé à cette date avec les créanciers. Il y a «une situation d’urgence. Mais le temps de la politique n’est pas celui de l’économie», insiste Olivier Passet, économiste chez Xerfi.

La mise au point d’un accord définitif, qui devra être ratifié par certains parlements européens, pourrait ainsi prendre «plusieurs semaines». D’autant plus que les vacances parlementaires ont parfois débuté: le Bundestag allemand, en cas de réunion de l’Eurogroupe, devra être rappelé pour donner mandat de négociation au gouvernement. «Il faudra que des solutions techniques soient trouvées dans l’intervalle» pour permettre à Athènes de rembourser ou reporter ses créances, estime Olivier Passet. Un passage incontournable pour « maintenir à flot » l’économie de la Grèce, où le contrôle des capitaux risque selon lui d’être prolongé.

LE SCÉNARIO DU NON

Pour de nombreux observateurs, une victoire du « non » provoquerait un « saut dans l’inconnu », avec à la clé une possible tempête économique pour la Grèce, dont l’ampleur et l’issue dépendront de l’attitude des partenaires européens d’Athènes. «En cas de non, la situation sera plus compliquée», résume Olivier Passet. «Tsipras sera conforté, donc la crise politique en Grèce sera atténuée. Mais au niveau de l’Eurogroupe, ça serait extrêmement difficile à gérer».

Les partenaires d’Athènes accepteront-ils, en effet, de reprendre les négociations ? Jean-Claude Juncker a semblé l’exclure, assimilant le non à un rejet de l’Europe. Alexis Tsipras, lui, s’est montré confiant : un tel résultat, selon lui, mettra «une forte pression» pour obtenir «un accord meilleur». M. Varoufakis s’est montré tout aussi confiant samedi dans les colonnes du quotidien «El Mundo», pensant qu’une victoire du « non » influencerait l’Europe dans le bon sens. Mais, dans l’hypothèse d’une rupture complète, la BCE pourrait difficilement continuer d’alimenter les banques grecques en argent frais. Ces dernières, à sec, se retrouveraient alors en faillite.

Pour tenter de les recapitaliser, le gouvernement pourrait créer des liquidités avec une monnaie «parallèle», les «IOU» (I Owe You). Des reconnaissances de dettes qui, une fois mises en circulation, se répandraient au secteur privé. Mais ces titres provisoires pourraient très vite perdre de leur valeur. Le pays connaîtrait alors une inflation galopante. Les épargnants perdraient leurs économies. Et la Grèce, sortie de facto de la zone euro, s’enfoncerait dans le chaos. Les Européens laisseront-ils le pays sombrer ainsi sans réagir? Pour Vivien Pertusot, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), cette hypothèse est peu probable, en raison des risques politiques et économiques qu’elle ferait peser sur l’ensemble de la zone euro.

Un autre scénario pourrait alors se profiler, qui verrait Athènes et ses créanciers enterrer leurs divisions et chercher un terrain d’entente. «Quel que soit le résultat du référendum, lundi il y aura un accord, j’en suis complètement et absolument convaincu», a assuré Yanis Varoufakis samedi. «Les Européens devront dans ce cas se mettre d’accord sur ce qu’ils acceptent de négocier, ce qui ne sera pas simple», prévient toutefois M. Pertusot. Une situation d’incertitude propre à faire durer encore un peu la zone de turbulences pour Athènes.

 

 

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