El Al face à une plainte pour profits abusifs en temps de guerre
La compagnie aérienne israélienne El Al est au cœur d’une tempête judiciaire et médiatique sans précédent. Mercredi, une plainte collective a été déposée devant le tribunal de district de Lod, accusant le transporteur national d’avoir tiré profit de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 pour instaurer un monopole sur de nombreuses lignes aériennes et faire exploser les prix des billets. L’accusation évoque une stratégie commerciale jugée immorale, menée alors que le pays traversait une tragédie nationale.
Une accusation de « profit sur la douleur »
Selon la plainte portée par l’avocat Ilan Vardnikov, El Al aurait sciemment exploité le contexte de guerre pour maximiser ses revenus. « La compagnie a profité d’une situation d’urgence, où des milliers de citoyens étaient tués, blessés ou retenus en otage, pour imposer des prix exorbitants sur un service vital : le transport aérien », dénonce le document. Il s’agirait, toujours selon la plainte, d’un abus manifeste de position dominante dans un contexte de rareté et de désorganisation générale des transports internationaux.
L’action en justice qualifie cette politique tarifaire de « forme d’extorsion » au détriment d’un public captif, pour qui El Al représentait parfois la seule option de retour ou de déplacement sûr durant les premiers mois du conflit.
Des bénéfices records en pleine crise
Les chiffres évoqués dans la plainte sont saisissants. En 2024, El Al aurait enregistré un bénéfice net avoisinant les 554 millions de dollars, et même 771 millions si l’on neutralise certaines charges fiscales et subventions exceptionnelles. À titre de comparaison, la compagnie n’avait engrangé que 113 millions de bénéfices en 2023. Cette année 2024, selon les plaignants, aurait été la plus lucrative de toute l’histoire d’El Al, dépassant à elle seule la somme des bénéfices cumulés sur les 15 années précédentes.
Les dommages subis par les consommateurs, dus à l’augmentation des tarifs, sont évalués à environ 483 millions de dollars, auxquels s’ajoutent 115 millions pour les préjudices non financiers — tels que la détresse psychologique ou les atteintes à la liberté de circulation en période de crise.
Une stratégie tarifaire difficilement justifiable
Les données économiques contenues dans le dossier révèlent que, pendant les six trimestres suivant le début de la guerre, les prix moyens des billets ont grimpé de plusieurs dizaines de pourcents sur de nombreuses destinations. En parallèle, les dépenses de la compagnie ont diminué, ce qui a fait bondir les marges bénéficiaires. Le profit par kilomètre-passager a ainsi été multiplié par 15.
Même après le versement d’une prime exceptionnelle de 103 millions de dollars aux employés, le taux de rentabilité global d’El Al a atteint 35 %, bien au-delà des standards du secteur.
Une expertise économique accablante
La plainte repose notamment sur une analyse du professeur David Gilo, ancien commissaire à la concurrence en Israël. Son rapport met en évidence l’établissement d’une position de monopole sur 20 des 24 lignes aériennes examinées, avec des parts de marché dépassant fréquemment 50 %, parfois bien davantage.
Selon lui, rien ne justifie économiquement une telle envolée des prix : « Les coûts opérationnels d’El Al ont en réalité diminué de 3 % en 2024 par rapport à l’année précédente, et de 11 % par rapport à 2022 », précise-t-il. Il ajoute que les revenus excédentaires n’ont pas été réinvestis, mais sont directement allés gonfler les profits de la compagnie.
Le professeur Gilo conclut que la marge nette par kilomètre-passager a atteint 28,5 % au cours des trois premiers trimestres de 2024, soit une augmentation spectaculaire de 180 % par rapport à l’année 2022, marquant ainsi une rupture claire avec les pratiques habituelles du secteur.
Une affaire emblématique d’éthique commerciale en temps de crise
Si la justice israélienne donne suite à cette action collective, cette affaire pourrait marquer un précédent important en matière de régulation économique en période d’urgence nationale. En cause : la frontière floue entre droit commercial et devoir moral, surtout lorsqu’il s’agit d’un service perçu comme vital, dans un contexte de guerre.
Pour El Al, qui représente bien plus qu’une simple compagnie aérienne aux yeux de nombreux Israéliens, l’enjeu dépasse les considérations financières : il s’agit de restaurer une confiance mise à mal par des décisions jugées incompatibles avec l’esprit de solidarité nationale.
Jforum.fr
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Oui j’avais remarqué ça moi aussi
Mais les propriétaires d’appartement dans les locations et les ventes font pareil !
Les prix de l’économique ayant monté effrontément maintenant je prends la business dont les tarifs restent à peu près fixes.
Pas joli joli …
El Al, compagnie emblématique aux yeux de tant d’Israéliens et des Juifs en général n’hésite pas à monnayer son prestige de transporteur juif sans aucun état d’âme. C’est honteux. le gouvernement Israélien ne semble pas capable de prévenir ce genre d’abus que tout pays démocratique digne de ce nom doit garantir à ses citoyens.
C’est vrai qu’il y aurait autant à dire pour l’alimentation et l’habitat. mais il est à craindre qu’être récalcitrant expose, de la part des gros malins, à l’invite de… fermer sa gueule.
Il n’y a pas que El Al qui profite, même Easyjet compagnie à « bas prix » a multiplié ses tarif par quatre. En ce qui concerne les compagnies, Swiss airlines, Air france et bien d’autres, on t quasiment doublé leur tarif, le marché noir a toujours existé en temps de guerre. A toutes fins utiles, quand on évoque la guerre, le peuple Israélien est plus serein que les européens dont il ne se passe pas un seul jour, sans tués à coupe de couteaux, en arabe, à coup de mousse.