La grande synagogue de Mulhouse a officiellement été inaugurée hier par le ministre de l’Intérieur Manuel Valls et le grand rabbin de France Gilles Bernheim. Un moment aux multiples symboles, pour toute une communauté, mais aussi pour toute la cité du Bollwerk.C’était le 10 avril 2010. L’office de la fin du shabbat venait de se terminer. Vers 11 h 20, les fidèles présents avaient été surpris par une fumée sortant de la synagogue. Un petit court-circuit, au niveau de la soufflerie de l’orgue, venait de provoquer un incendie qui allait ravager, en quelques instants, l’intérieur du lieu de culte. Hier, devant un parterre impressionnant d’invités et une salle comble, le président de la communauté israélite de Mulhouse, Patrick Hirschhorn, était heureux d’officialiser l’inauguration de la grande synagogue réhabilitée : « Soyez tous les bienvenus pour ce moment historique dans la vie d’une communauté. »
Historique, car cette synagogue est un symbole de l’histoire mulhousienne. C’est le premier grand lieu de culte à avoir été érigé, au XIX e siècle, par l’architecte de la Ville de Mulhouse Jean-Baptiste Schacre, avant le temple et l’église Saint-Étienne.
Historique surtout par la présence, hier, non seulement de très nombreux élus locaux, départementaux et régionaux, mais aussi du président du consistoire central israélite de France Joël Mergui, du grand rabbin de France Gilles Bernheim et du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, en charge des cultes. « C’est une joie d’être avec vous comme ministre de l’Intérieur et comme ami. Cette synagogue est un symbole de l’identité nationale. » Avant lui, le maire de Mulhouse Jean Rottner, le sénateur et président de la M2A Jean-Marie Bockel, le président du conseil général Charles Buttner et les députés Arlette Grosskost et Francis Hillmeyer avaient rappelé l’histoire de la communauté israélite dans l’agglomération mulhousienne. « J’aimerais exprimer aujourd’hui toute la reconnaissance de notre ville pour nos amis juifs, pour leur présence indispensable à notre histoire et indissociable d’un esprit apaisé de notre cité », a notamment déclaré Jean Rottner.
Historique enfin car ce lieu de culte est aussi un symbole « de notre terre d’Alsace, terre concordataire. Ce concordat auquel nous sommes fermement attachés », a lâché pour finir Jean Rottner, en se tournant vers Manuel Valls. « Quand une église, un temple, une mosquée, une synagogue sont attaqués, c’est la France qui est souillée, lui a répondu le ministre de l’Intérieur. On ne peut tolérer, sur notre sol, la haine envers les juifs. Et aujourd’hui, c’est un message de confiance et d’apaisement que je veux vous délivrer. Et le concordat y participe activement. »
Et la religion dans tout ça ? Car ce monument historique (classé depuis 1984), rénové grâce aux bonnes volontés de nombreux donateurs, mais aussi des différentes institutions de l’État, est surtout un lieu de culte. Même si les fidèles ne se pressent pas aux offices, hormis pour les grandes fêtes et, comme hier, pour des événements exceptionnels. « Cette synagogue est loin d’être pleine à chaque shabbat ou jour de fête, a fait remarquer le grand rabbin de France Gilles Bernheim. Était-il si important de la rénover ? Oui, car la rénovation de cette grande synagogue est un geste symbolique très fort. Le judaïsme en Alsace est un judaïsme simple, où les principes fondamentaux sont la droiture, le respect et surtout une grande intelligence du cœur. Jusqu’au début du XIX e siècle, les juifs vivaient à la campagne dans la plaine d’Alsace. Et Mulhouse a ouvert ses portes à notre communauté quand elle a été tourmentée… »
Près de deux heures après le début de la cérémonie, Manuel Valls a quitté la synagogue au pas de course, juste à la fin de l’office. « Merci d’être resté jusqu’au bout », lui a lancé Gilles Bernheim.
Après tout ce que ce lieu de culte a subi – la guerre de Trente Ans, la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et cet incendie de 2010 – « prions que dans cette synagogue raisonnent encore longtemps nos prières, celles de nos mariages et de toutes nos fêtes », a conclu dans son discours le rabbin de Mulhouse Elie Hayoun.
l e 03/09/2012 à 05:00 par Grégory Lobjoie Article original
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