Des forces spéciales formées par Israël auprès des YPG kurdes? ©

Quand la réalité dépasse la fiction

L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis ont annoncé leur disponibilité à envoyer des « troupes terrestres » combattre l’Etat Islamique. C’est aussi une réponse à leur désarroi de voir les forces rebelles islamistes ou « modérées » sentir le sol s’effondrer sous leurs pieds à Alep, en Syrie.

Plutôt que l’envoi de forces conventionnelles massives, ce qui semble difficile actuellement, d’une part à cause du conflit au Yémen, d’autre part, parce que l’infiltration en territoire syrien leur serait déniée par l’armée régulière d’Assad et ses supplétifs chiites irakiens et libanais, ils pourraient faire porter la charge de leur implication « symbolique » contre Daesh sur des unités stratégiques très mobiles par des incursions commandos.

A ce sujet, un observateur des forces spéciales, Thomas Wictor affirme qu’Israéliens et Emirats du Golfe seraient à la pointe d’un nouveau concept dans les missions des forces spéciales, non plus à des fins purement tactiques, mais bien pour changer le cours d’une guerre. Il souligne la préparation de ces forces spéciales et leur formation en Arabie Saoudite et aux Etats-Unis, notant que certains d’entre eux pourraient très bien déjà se trouver, là où on ne les attend pas : auprès de la nouvelle coalition kurdo-arabe, les Forces Démocratiques Syriennes essentiellement formées par le fer de lance des YPG kurdes…

A l’heure des frappes russes tous azimuts, les Kurdes de Syrie comme d’Irak restent, en effet, l’unique chance de ligue consensuelle (sauf Turquie) contre Daesh. Ces frappes indistinctes rendent aussi impossibles toute démarche de règlement du conflit en jouant le tout-Assad-Hezbollah-Iran contre le reste du Moyen-Orient et elles démultiplient le problème des réfugiés pour l’Europe, en empêchant toute zone d’exclusion aérienne les abritant, en Syrie même, contre les frappes. De fait, le chantage aux « réfugiés » est devenu un terrible moyen de pression de Poutine contre l’Europe en Ukraine, les Européens n’espérant plus qu’une chose : « qu’il termine le travail… jusqu’au « dernier Syrien »?

D’autre part, en ne faisant aucun distinguo entre rebelles anti-Assad et Islamistes, Poutine a ôté toute chance de participation des pouvoirs Sunnites à une coalition contre Daesh, puisqu’ils donneraient aussitôt le sentiment de consentir au sacrifice de leurs coreligionnaires en Syrie.

Par contre, ils peuvent se saisir de nouveaux moyens d’intervention par l’intermédiaire ou aux côtés des Kurdes…

Si la chaîne de décision politique semble être passée à côté d’une chance historique de modifier du tout au tout le paysage géostratégique du Moyen-Orient (mandature Obama et absence de discernement russe obligent), englué dans les guerres à répétition, l’imaginaire créatif militaire ne manque pas de ressources pour mettre en oeuvre, un jour ou l’autre, une toute autre réalité que celle que nous connaissons aujourd’hui. Notre intérêt pour cet article repose sur le potentiel mis en exergue, qui esquisse des réalités à venir. 

A l’été 2015, il y a eu des exercices militaires massifs de nuit qui se sont déroulés dans tout le Sud-Ouest des Etats-Unis. Cependant, il ne s’agissait pas de troupes américaines. Les Saoudiens ont révélé de qui il s’agissait : de forces spéciales stratégiques arabes et asiatiques ( et israéliennes, mais chutttt). Ces unités extrêmement létales sont prêtes au combat. Elles ont terminé leur entraînement.

Il y a quelques jours, les Saoudiens ont déclaré qu’ils veulent envoyer des troupes terrestres combattre l’Etat Islamique en Syrie.

En réalité, les Saoudiens sont certainement déjà en Syrie. Il n’y a, sans doute, que des forces spéciales professionnelles qui sont capables de mener des opérations qui mettent en déroute l’Etat Islamique. Par exemple, certains des hommes masqués photographiés qui portent l’uniforme des Unités Anti-terroristes (YAT) de Défense du Peuple kurde (YPG) sont petits, ont le teint olive et sont extrêmement musclés.

 

Les Kurdes du Nord de la Syrie sont grands, sveltes et leur peau est pâle. Comparons les hommes masqués  avec la plupart de ceux qui ne portent pas des cagoules.

On peut généralement décrire des soldats entraînés par leur posture.

 

C’est une seconde nature. Involontaire. Les hommes ci-dessus sont des troupes émiraties de soutien et non des combattants, mais ils se tiennent encore les pieds écartés et les jambes droites. Des professionnels ayant beaucoup d’expérience à porter des fusils chargés s’assurent toujours qu’ils ne perdront pas l’équilibre.

Je salue le pragmatisme des YPG Kurdes. Même s’ils n’ont pas le temps et l’équipement pour peaufiner des méthodes de guerre non-conventionnelles et à haut-risque, les soldats de la Ligue Arabe, quant à eux, ont pu s’entraîner non-stop durant un minimum de cinq ans.

La récompense du pragmatisme pourrait être un Kurdistan indépendant. S’ils ont bien permis, comme on peut le présumer, à des opérateurs professionnels des forces spéciales Arabes d’être rattachés aux Forces Démocratiques Syriennes (FSD), les Kurdes ont, pour l’instant, déminé ce qui pourrait se transformer en catastrophe : la propagation d’un conflit armé avec la Turquie. L’Arabie Saoudite et Israël semblent en mesure de faire accepter, un jour ou l’autre, à la Turquie la création d’une région autonome Kurde en Syrie.

Les prochaines épreuves consisteront à tenter d’établir de telles régions autonomes en Turquie même et en Iran et que les quatre sous-régions kurdes puissent s’unifier. Mais c’est encore de l’ordre de l’utopie.

Des forces spéciales à mission stratégique

Dans les guerres précédentes, les forces spéciales étaient utilisées pour des missions tactiques et l’entraînement des troupes indigènes (ex : Afghanistan). Israël et la Ligue Arabe, d’un autre côté, ont organisé des forces spéciales qui servent, maintenant, d’atouts stratégiques. La clé de leurs méthodes repose sur une technologie avancée et un très haut niveau d’entraînement. Ce qui s’est produit d’inédit est que le Conseil de Coopération du Golfe a financé le développement israélien de nouvelles armes et qu’ensuite, les deux côtés se sont vigoureusement entraînés à les utiliser.

Voici ce que les Saoudiens ont annoncé ces jours-ci : l’entraînement massif de troupes pour entrer en Syrie.

L’Arabie Saoudite et ses alliés ont rassemblé des dizaines de milliers de soldats pour préparer une incursion en Syrie. La Turquie serait la porte d’entrée un tel type d’opération.

Deux sources saoudiennes familières des plans du Royaume dans la lutte contre l’Etat Islamique en Syrie ont révélé comment une partie de la préparation est constituée d’exercices militaires. Le nombre de soldats entraînés pourrait atteindre les 150.000, dont la plupart sont des Saoudiens. Les Egyptiens, les Soudanais et des Jordaniens déjà présents dans le Royaume y prendront également part.

Le Maroc s’est également engagé à envoyer des troupes, ainsi que la Turquie, le Koweit, le Bahrein, les Emirats Arabes Unis et le Qatar. Il y a deux semaines les Saoudiens et les Turcs ont désigné les codirigeants de ces forces, qui pourraient pénétrer dans le nord de la Syrie à partir de la Turquie.

La liste des nations asiatiques participantes comprend la Malaisie, l’Indonésie et Brunei. Ces pays ont établi un commandement conjoint, ce qu’ils n’ont pas officiellement annoncé jusqu’à présent. On s’attend à ce que de ces trois nations, la Malaisie soit la première à envoyer des troupes en Arabie Saoudite.

On trouve aussi le Pakistan, l’Erithrée, le Sénégal et la Mauritanie. Des contingents sont déjà présents en Arabie Saoudite. Il y  a plusieurs mois, l’Armée de l’air malaisienne a acquis des hélicoptères d’attaque dotés de camouflage aux couleurs du désert (voir la photo ci-dessous).

 

Tous ces opérateurs des forces spéciales stratégiques se sont entraînés au Centre King Salman pour les techniques de guerre en Montagne, à l’Ecole d’Aéronautique et au Centre d’Entraînement des techniques des Forces Spéciales depuis presque un an. Puisque les  Saoudiens sont sur le point de discuter de leurs plans avec l’OTAN, on peut parier que des forces spéciales européennes devraient y prendre part. Israël a récemment entraîné les panzergrenadiers allemands aux techniques de guerre dans les tunnels et au combat contre un ennemi utilisant les civils comme boucliers humains.

Ces hommes qu’ont entraîné les Israéliens font partie de la Division d’Intervention allemande. Il s’agit d’opérateurs des forces spéciales dont l’unique fonction est de s’engager dans des combats à très haute intensité et certains sont … barbus.

Mais il n’empêche.

Les forces spéciales Stratégiques combattent dans le plus grand secret

Il n’est pas nécessaire d’envoyer 150.000 hommes des forces spéciales stratégiques en Syrie. Ce que je pense? Certains se rendront sans doute en Syrie, mais la plupart iront… ailleurs.

En mai 2015, les Etats-Unis ont entraîné des Contrôleurs d’Attaque Terminale Conjointe (JTAC) arabes et européens sur la façon de diriger des bombardiers stratégiques. Ces JTAC sont, en fait des membres des forces aériennes qui s’embarquent avec les troupes terrestres. Les Etats-Unis ont envoyé deux bombardiers B-52 qui ont réalisé un trajet non-stop en boucle depuis la base aérienne de Barksdale en Louisiane vers la Jordanie et retour. 

Les exercices menés au cours des manoeuvres Eager Lion (impatient) 15 simulaient le bombardement de lourdes fortifications dotées de défenses anti-aériennes (flèches rouges)

 

Or les Européens comme les Arabes ne sont pas censés disposer de bombardiers stratégiques. Pourquoi les Américains les aideraient-ils à entraîner leurs JTAC à diriger des bombardiers stratégiques?

Sans doute parce que la Ligue Arabe auraient bien des bombardiers stratégiques. Ils ont été convertis à partir d’autres types d’avions. Ceci m’a été confirmé par un employé de l’entreprise Bombardier. Il m’a en réalité demandé ce qu’on pouvait penser de ces conversions, ce qui m’a permis de vérifier qu’elles s’étaient bien produites. C’est ainsi que ces bombardiers pourraient entrer dans l’espace aérien de l’ennemi.

 

Les meilleurs pilotes au monde à ce type d’exercice en rase-motte -les Emiratis- sont capables de mener ce type de missions qui requièrent des missiles tirés horizontalement. Les Israéliens, quant à eux, disent pouvoir lancer des missiles à très haute altitude. Chaque vague d’avions pourraient ainsi être affectée à différents types de cibles.

A l’été 2015, des Airbus A380 d’Air France ont commencé à survoler ma maison. Mon frère Tim a pris cette photo :

Ces avions de ligne voyageaient sur la route JANET vers le Site de Sécurité Nationale du Nevada. Puisqu’il n’existe pas d’aéroports civils dans cette direction où puisse atterrir les A380, j’ai su que ces avions de transport de ligne devaient en fait être plein de personnel militaire.

Durant l’été, quatre témoins indépendants m’ont affirmé qu’ils avaient constaté d’énormes exercices de tirs militaires de nuit à munitions réelles. Ils se trouvaient alors à Apple Valley, Californie ; Las Vegas, Nevada ; Cheyenne Mountain, Colorado; et Killeen, au Texas. Ces quatre localisations sont constituées de montagnes désertiques et de mines abandonnées en roche dure. 

 

Ces mines vont à des profondeurs de centaines de mètres. Beaucoup sont renforcées par du béton.

Afin de détourner l’attention de ces exercices à répétitions, les Etats-Unis ont mis sur pied les manoeuvres Jade Helm 15, une série d’exercices militaires qui se sont déroulés au Texas, en Arizona, en Floride, en Louisiane, dans le Mississippi, au Nouveau Mexique, et dans l’Utah. Un total de 1.200 hommes de troupes y ont pris part, mais le gouvernement a fait tout ce qu’il fallait pour que les théoriciens de la conspiration y perdent leur latin. 

Alors que ces gens profondément stupides devenaient fous pour pas grand-chose, les Etats-Unis ont accueilli les exercices militaires internationaux les plus violents de toute l’histoire du pays. Des assauts aériens ont été menés avec plus de 100 hélicoptères. Selon mes témoins -dont trois sont en service actif au sein de l’armée américaine – ces engins aériens étaient si lourdement armés que leurs tirs ressemblaient à la circulation de nuit sur une voie rapide.

 

Ces répétitions se sont poursuivies de nuit pendant deux mois.

 

En résumé, que doit-on penser de l’efficacité de ces forces spéciales stratégiques actuellement mis au point par divers Etats coopérateurs, avec l’aide d’Israël?

A titre d’exemple, le 2 mai 2015, environ quinze hommes de la garde présidentielle émiratie ont atterri à Crater au Yémen. Ils se sont battus contre approximativement 40.000 Houtis durant deux mois. On a prétendu que, pour réaliser un tel exploit, ces hommes de la garde présidentielle auraient utilisé de simples missiles guidés antitanks Javelin. 

 

Je pense plutôt que ces Emiratis étaient, en réalité, armés par de nouvelles armes développées par Israël. Mais, nouvelles armes ou pas, ces hommes ont eu le courage de tenir tête à des quantités astronomiques de miliciens pro-iraniens dotés de tout un bric à brac.

Ils n’étaient qu’une quinzaine d’opérateurs des forces spéciales stratégiques. Imaginons alors ce que pourraient produire les 150.000 hommes en formation…