Ces rabbins américains qui donnent la leçon à Israël

Des centaines de rabbins américains s’engagent à empêcher les « extrémistes du gouvernement israélien » de s’exprimer dans leurs communautés.

Plus de 330 rabbins américains, dont certains occupent des postes de premier plan dans les grandes villes, s’engagent à empêcher les membres du bloc sioniste religieux du nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu de parler dans leurs synagogues et feront pression pour les empêcher de parler dans leur communauté.

Ils sont en cela dans la pure tradition des Juifs libéraux américains, qui sont des assimilationnistes, et qui ont de tout temps eu des attitudes antisionistes. Un bon juif, pour eux, est un juif qui se conduit en bon goy, puisque le bon goy est la référence morale, issue de la culture occidentale, héritière de la culture grecque. La culture grecque très marquée par la bisexualité (c’est-à-dire l’attirance physique, sexuelle ou amoureuse pour les individus de différents genres). Elle est omniprésente en Grèce antique. À cette époque, les hommes étaient tenus de se marier et de fonder une famille. Dans un même temps, l’amour d’hommes légèrement plus âgés envers des adolescents (pédérastie) était encouragé, bien que très réglementé, comme un moyen d’éducation de la jeunesse masculine. C’est cette vision de la société qui est prônée comme un exemple d’ouverture et de modernité, contrairement à la culture Juive, jugée par ces mêmes rabbins comme rétrograde. Aussi, leur plus grande manifestation de liberté est la gay-pride de Tel-Aviv qui est leur porte-étendard.

Mais il n’y a pas que ce côté qui distingue le judaïsme libéral, car s’il admet la démocratie en privilégiant les minorités au détriment des majorités, il accepte de tordre le cou à la démocratie quand les choses ne vont pas comme ils l’entendent. C’est ainsi qu’ils ont accueilli avec une grande satisfaction un gouvernement illégitime avec à sa tête un Premier ministre (Naftali Bennett) qui a trahi son électorat, et qui n’a plus osé se représenter et dont le parti a été balayé pour avoir formé un gouvernement avec les frères musulmans ennemis d’Israël. Les mêmes jugent illégitimes une majorité homogène de 64 députés, fidèles à leurs engagements, fiers d’être juifs, et voulant défendre la Terre d’Israël, en étant les dignes héritiers des Maccabées ( Makabim) qui se sont se battus victorieusement contre la culture grecque, qui cherchait à extirper toute trace de judaïsme. Étrange coïncidence justement que ces rabbins en pleine fête de Hanoucca nous adressent le message inverse de cette fête.

On a le choix 

Une lettre ouverte qui circule actuellement indique qu’ils n’inviteront pas les membres du bloc « à parler dans nos congrégations et organisations. Nous nous opposerons à leur participation à d’autres forums dans nos communautés. Nous encouragerons les conseils d’administration de nos congrégations et organisations à nous rejoindre dans cette manifestation comme une démonstration de notre engagement envers nos valeurs « juives et démocratiques ». Ces valeurs semblent être plus « démocratique » ou anti-démocratiques que juives.

Netanyahu a annoncé la composition de son nouveau gouvernement, y compris les sionistes religieux, mercredi soir, bien que ses détails n’aient pas encore été finalisés. Les ministres du gouvernement israélien prennent parfois la parole dans les synagogues américaines pour susciter un soutien à leurs initiatives et idées. Il n’est pas clair si les personnalités qui critiquent durement les Juifs non orthodoxes, comme l’ont été les dirigeants religieux sionistes, accepteraient les invitations de leurs synagogues, même si elles leur étaient proposées. Néanmoins, le ton intransigeant de la lettre et l’ampleur des signataires sont le signe d’une crise naissante dans les relations entre Israël et la communauté juive américaine, déclenchée par la nomination des députés sionistes religieux, qui ont remporté 14 sièges lors des élections du 1er novembre.

Ses signataires sont issus des mouvements réformé, conservateur et reconstructionniste. Il n’y a pas de signataires orthodoxes.

Parmi les signataires figurent des membres actuels et anciens des conseils de rabbins de Chicago et de Los Angeles ; des rabbins qui dirigent les plus grandes congrégations conservatrices et réformées de la région de Washington, DC ; d’anciens dirigeants d’organismes importants du mouvement réformiste et conservateur ; l’actuel leader du mouvement reconstructionniste ; et le recteur de l’Université juive américaine de Los Angeles. La lettre a été organisée par David Teutsch, l’un des principaux rabbins de la reconstruction à Philadelphie, et John Rosove, le rabbin émérite de Temple Israel à Los Angeles. On sait combien ils sont proches du parti démocrate, qui connait un certain nombre d’antisémites, et d’anti-sionistes comme le fameux Bernie Sanders.

La lettre décrit cinq propositions religieuses sionistes qui, selon elle, « causeront un préjudice irréparable aux relations entre Israël et la diaspora juive » : modifier la loi du retour pour empêcher les convertis non orthodoxes (c’est-à-dire des personnes dont la conversion n’est pas conforme à la loi juive)  et leurs descendants ; éroder les droits LGBTQ ; permettre à la Knesset d’annuler les décisions de la Cour suprême (c’est-à-dire que la Knesset ait force de loi),; annexer la Cisjordanie ; et expulser les citoyens arabes qui s’opposent à l’État d’Israël.

Il reste à voir dans quelle mesure ce programme se retrouvera dans la gouvernance. Netanyahu a déclaré qu’il était convaincu qu’il serait en mesure de contraindre certaines des personnalités qu’il envisage de nommer pour diriger les ministères.

Parmi ceux-ci figurent Itamar Ben-Gvir, qui a été sollicité pour contrôler la police et qui a été reconnu coupable d’incitation pour son soutien passé aux groupes terroristes israéliens et de commentaires incendiaires sur la population arabe d’Israël ; Bezalel Smotrich, qui a été accusé par les forces de sécurité israéliennes dans le passé d’avoir comploté des attaques violentes contre les Palestiniens, et qui supervisera les implantations juives de Judée Samarie ; et Avi Maoz, qui s’est décrit comme un « fier homophobe » et a qualifié toutes les formes libérales de judaïsme de « ténèbres », et qui aura autorité sur certains aspects de l’éducation.

Un certain nombre de groupes juifs américains se sont prononcés contre

l’inclusion des partis religieux qu’ils appellent faction extrémiste dans le gouvernement pendant que Netanyahu négociait avec le bloc, et d’autres l’ont fait depuis qu’il a annoncé la formation du gouvernement mercredi. Ils comprennent la Ligue anti-diffamation, les principaux mouvements non orthodoxes et les groupes politiques libéraux juifs du Moyen-Orient Partners for Progressive Israel, le Israel Policy Forum, J Street et Americans for Peace Now, en clair tous ceux qui font passer les Palestiniens avant les Juifs.

Abe Foxman, le directeur à la retraite de l’ADL et un indicateur de longue date du soutien juif de l’establishment à Israël, a déclaré plus tôt ce mois-ci qu’il espérait que Netanyahu puisse contenir « les extrémistes », mais que « si Israël cesse d’être une démocratie ouverte,  » Je ne pourrais pas le supporter. Ce n’est pas grave, peut-on lui répondre, le soutien de Dieu nous est plus utile que le sien.

Certaines organisations qui se sont exprimées en 2019 lorsque Netanyahu a envisagé une coalition avec parti religieux sont restées silencieuses alors même que d’autres ont tiré la sonnette d’alarme depuis l’élection, notamment l’American Israel Public Affairs Committee et la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines. Une déclaration de l’AIPAC après l’annonce de Netanyahu cette semaine a déclaré : « Une fois de plus, l’État juif a démontré qu’il est une démocratie solide avec les libertés que les Américains chérissent également. » La Conférence des présidents n’a pas publié de déclaration.

Les groupes orthodoxes doivent encore se prononcer sur le nouveau gouvernement. L’Organisation sioniste d’Amérique, qui soutient la construction d’implantations, a indiqué qu’elle soutiendrait le nouveau gouvernement.

Sur ce point, il paraît honteux, pour ces « Juifs », que des évangélistes soient des soutiens plus engagés qu’eux.

Le Comité juif américain a légèrement changé de ton par rapport à avant les élections, lorsqu’il a refusé de s’exprimer. Dans une déclaration après l’annonce de Netanyahu, il a émis une note similaire à celle de Foxman, disant qu’il travaillerait avec Netanyahu « pour aider à garantir que la rhétorique incendiaire qui a été employée par certains membres de la coalition au pouvoir – une rhétorique non représentative des valeurs démocratiques d’Israël, son rôle en tant que patrie pour tous les Juifs, et sa quête inébranlable de la paix – ne définiront pas les politiques intérieures et étrangères du nouveau gouvernement ».

L’administration Biden a déclaré qu’elle jugerait le gouvernement israélien sur sa politique, et non sur les membres du cabinet de Netanyahu.

Les États-Unis ont besoin d’allié sûr comme Israël, et c’est à ce titre qu’ils soutiennent ce pays. Quand on voit comment ils traitent leur ancien allié Kurde, on a honte pour eux.

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