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Au vu de l’importance de cet article et des analyses exclusives qu’il contient, nous avons décidé, exceptionnellement, de le rendre accessible à tous dans sa totalité et gratuitement. (La rédaction)
Beyrouth : le jour d’après [Analyse]
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
Michaël Béhé, Jules Mazouz et Jean Tsadik ont contribué à cette analyse
Beyrouth est encore sous le choc de l’explosion qui l’a ravagée hier en fin d’après-midi. Et elle va le rester longtemps, car la capitale libanaise n’a plus de port, donc plus de silos, une bonne partie de ses hôpitaux sont détruits ou endommagés et ont dû transférer leurs patients vers d’autres établissements. Le centre d’EDL, Electricité Du Liban, n’est plus qu’une ruine et les systèmes automatisés qui répartissaient le courant n’existent plus, les rues sont jonchées de débris et de véhicules détruits, et surtout, la plupart des appartements du centre-ville ne sont plus habitables. Ils n’ont plus de vitres, plus de portes et divers matériaux de construction les encombrent, ce qui fait que ce mercredi, 300 000 personnes se retrouvent sans abris. Ce chiffre représente la quasi-totalité des habitants de la capitale, celle-ci loge 350 000 personnes intra-muros et environ 1.5 million dans sa périphérie moins touchée.
Selon Michaël Béhé qui s’est remis au travail en dépit des blessures superficielles qu’il a subies, les deux tiers des logements endommagés pourraient être rendus utilisables en quelques jours, c’est le cas du sien, mais la population, qui traverse la plus grave crise économique depuis la période ottomane, n’a pas les moyens de payer les réparations et l’Etat en faillite ne peut pas lui venir en aide.
Michael Béhé a estimé à 5 000 dollars le coût nécessaire à rendre son logement à nouveau viable, il les recevra rapidement du fonds d’urgence de la Ména. Mais pour la majorité des Beyrouthins, cette somme est faramineuse au regard de la situation économique dans laquelle ils se trouvent, alors que la Livre a perdu 90% de sa valeur depuis un an.
Les bilans humains, quant à eux, restent approximatifs dans le chaos ambiant. A midi, on avait compté officiellement 135 morts. Quant aux blessés, leur nombre dépend des critères que l’on utilise : près d’un habitant de la capitale sur deux porte des égratignures sur son corps, principalement causées par des bris de verre. 6 000 nécessitent un suivi médical. 3 000 d’entre eux souffrent de blessures importantes, et le diagnostic vital d’au moins 400 personnes est encore engagé. 100 à 150 autres se trouvent dans un état désespéré et leurs chances de rester en vie sont minimes.
Aux blessés il faut ajouter les disparus et les gens encore ensevelis sous les décombres de bâtiments effondrés. A l’instar de ce pompiste qui a vu le toit de sa station-service s’écrouler sur sa tête et qui donnait encore quelques signes de vie ce matin pour diriger les sauveteurs. Les familles cherchent des proches dont personne n’a de nouvelles. Des corps sont découverts sans qu’il soit possible de connaître leur identité.
Face à cette catastrophe, ce dont on aurait besoin, c’est d’argent et d’organisation, les deux choses qui font le plus cruellement défaut au Liban actuellement. Plusieurs pays ont proposé leur aide, mais uniquement dans le domaine médical. La Russie va ainsi ouvrir deux hôpitaux de campagne, et les émirats de Golfe ainsi que la France envoient du matériel sanitaire. Israël, qui est championne du monde en matière de médecine de catastrophe a été parmi les premiers Etats à proposer son aide. Dans un message en arabe, le Président Rivlin a fait parvenir aux Beyrouthins un message touchant dans lequel il les appelle « mes frères », et où il propose de transcender nos différends dans ces circonstances particulières.
Le geste n’est pas principalement symbolique, Tsahal pourrait déployer son fameux hôpital de campagne en huit heures et traiter dès demain, notamment dans des salles opératoires performantes dotées d’excellents chirurgiens, environ 500 blessés, d’entre les plus sérieusement atteints.
On n’a pas entendu de refus catégorique de cette aide de la part du gouvernement libanais et c’est encourageant, car Israël est le pays qui se situe géographiquement le plus près de la zone sinistrée et qui peut le mieux et le plus rapidement soulager les personnes qui souffrent. On espère que l’intelligence prendra le dessus sur la haine, et qu’au moins une aide partielle en provenance de l’Etat hébreu pourra franchir la frontière.
Pendant ce temps, la farine a été rationnée – il n’y a plus de silos – et le trafic maritime du port de Beyrouth, où aucun navire ne peut accoster, qui fournit 80% des besoins du Liban a été détourné sur la ville de Tripoli au Nord. Dont les infrastructures portuaires ne suffiront pas à approvisionner le pays, et où a commencé une bataille d’influence pour savoir qui va gérer les installations, ce qui ne présage que des ennuis.
Dans le port de Beyrouth, le patron était connu de tous, c’était le Hezbollah. Les bâtiments qui ont explosé accueillaient et servaient à stocker les armes et les munitions, principalement en provenance d’Iran.
Avant même qu’une enquête officielle ne commence, l’on connaît déjà les responsables de la catastrophe : c’est le Hezbollah qui a stocké 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium à des fins militaires en plein cœur d’une métropole de deux millions d’habitants, et un gouvernement asservi et corrompu qui l’a laissé faire.
A titre de comparaison, le 21 septembre 2 001, à l’usine AZF de Toulouse, l’explosion de 350 tonnes de cette substance avait creusé un cratère de forme ovale de 70 m de long, 40 m de largeur, et 5 à 6 m de profondeur. La détonation a été entendue à plus de 80 km de Toulouse. Elle avait tué 31 personnes et en avait blessé 2 500 autres. Cette mise en parallèle aide à saisir la violence du choc qui vient de dévaster Beyrouth et ses conséquences humaines et matérielles.
Hier, la détonation a été clairement perçue à Chypre, à 250km de là, et des dégâts conséquents ont endommagé des infrastructures à l’aéroport international, à 10km du port. Toute la ville a souffert du souffle gigantesque de l’explosion, équivalent à un tremblement de Terre de niveau 5.4 sur l’échelle de Richter.
Le gouvernement libanais multiplie ses tentatives pour berner la population qui s’en rend très bien compte. Alors que la chaîne d’information saoudienne al Arabiya et d’autres media arabes expliquaient très vite que l’organisation terroriste chiite utilisait cette zone d’entreposage qui accueillait les hangars 9 et 12 qui ont sauté pour y déposer des munitions, les autorités avancent que le nitrate d’ammonium avait été confisqué au Hezbollah par l’Etat lors de sa livraison en 2013 par un navire marchand alors qu’il voyageait sous l’appellation d’engrais agricole. [Nous allons faire la preuve par la suite que cette allégation est mensongère].
Or tout le monde à Beyrouth sait pertinemment que, malheureusement, les Forces Armées Libanaises se trouvent dans l’incapacité militaire absolue de confisquer quoi que ce soit au Hezbollah sans provoquer une guerre civile, et qu’elles n’ont d’ailleurs jamais essayé de le faire.
Et quand bien même cela aurait été le cas, ce serait ainsi l’Etat libanais qui serait responsable d’avoir déposé sans précautions particulières des explosifs représentant la puissance d’une mini-bombe atomique en plein centre de sa capitale, sans surveillance et durant 7 ans..
Cette alternative, on le voit, ne vaut guère mieux que la vérité. Il faut souligner qu’à partir du début des explosions, le gouvernement n’a eu de cesse de diffuser des informations aussi puériles que changeantes quant aux marchandises qui les avaient causées. On a eu droit à des allumettes, des feux d’artifice, du pétrole !, des pétards, etc.
Un jeune adolescent blessé, croisé par Michaël Béhé dans la rue en train d’écouter ces annonces à la radio, a soulevé la tête en disant : « Si cela ne suffisait pas, ils nous prennent vraiment pour des imbéciles ! ».
Il ne serait pas venu à l’idée des « stratèges » du Hezbollah de stocker cette quantité astronomique d’explosifs dans l’une de ses bases à découvert, car elle aurait fait une cible facile pour le Khe’l Avir, l’Aviation israélienne.
Suivant cette considération, il était préférable pour ces esprits criminels de les disposer au nord-ouest de Beyrouth, à proximité des quartiers chrétiens et sunnites, en comptant sur le fait que Jérusalem ne prendrait pas le risque d’un massacre de ces populations absolument innocentes, déjà sous l’emprise de leur organisation terroriste.
D’ailleurs, si un doute subsiste, je rappelle que le Hezbollah a disposé 28 batteries de missiles dans son propre secteur, au sud de Beyrouth, entre les immeubles d’habitation de sa propre communauté, toujours persuadé que nous ne mettrons pas en péril la vie de civils, fussent-ils chiites.
Mais l’organisation supplétive de la théocratie iranienne a également installé des usines de modification de roquettes en missiles sous les rues d’autres quartiers de Beyrouth, notamment à proximité de l’hôpital Saint George et de l’ambassade d’Espagne. Nous CONNAISSONS à la Ména l’emplacement précis de ces fabriques souterraines.
Lors, dans ce calcul macabre, dans la transformation de la population en boucliers humains, le Hezb a partiellement raison : à moins d’y être obligés et contraints, nous n’attaquerons pas ces emplacements… si nous pouvons faire autrement. Car le raisonnement d’Hassan Nasrallah et de ses complices se termine là. En cas d’agression militaire de la part du Hezbollah, aussitôt la première salve tirée à partir de ces batteries enchâssées parmi les civils, Tsahal n’aurait d’autre choix que d’anéantir ces plateformes de tir ainsi que les fabriques et entrepôts de missiles.
A en croire Jean Tsadik, le sous-sol de la capitale libanaise recèle environ trois fois la puissance explosive qui a sauté hier. Et c’est encore sans comptabiliser les autres positions de la milice chiite à Beyrouth et ailleurs au pays des cèdres.
C’est là que le bât blesse et que la réflexion morbide des « experts » du Hezbollah devient absolument erronée : nous ne sommes pas humains au point de nous laisser massacrer pour sauver la population d’un autre pays. Même si nous prendrions le plus grand soin à limiter les pertes collatérales au maximum, même si nous interviendrions avec regrets et tristesse. La milice de Nasrallah établit de la sorte des positions de guerre qui ne serviraient pas longtemps lors d’une guerre, et qui causeraient des milliers de morts sans changer en aucune façon le cours du conflit.
Lorsque les généraux israéliens mettent en demeure Michel Aoun, le président du Liban, d’empêcher les Fous d’Allah de lui dicter sa politique étrangère et de supplanter l’Armée libanaise, lorsqu’ils l’avertissent que s’il les laisse agresser Israël à partir de son territoire, Tsahal ramènerait le Liban au temps de la pierre taillée, c’est au chaos dont les Libanais ont goûté hier qu’ils font allusion. A la puissance dix.
Or lorsque l’on constate qu’avec cent décès et une grosse explosion, les hôpitaux et tous les services publics sont hors d’usage, sachant la capacité destructrice de l’Armée israélienne, nous crions qu’il est nécessaire d’arrêter les agissements de ces détraqués et d’empêcher ce carnage par tous les moyens possibles. Ce qui est arrivé aux Libanais hier n’est que l’appartement témoin de ce qui leur tomberait sur la tête si le Hezb nous attaquait depuis leur pays.
C’est l’endroit de notre analyse pour y intégrer un autre paramètre également dérangeant que tous les autres media n’ont pas remarqué : l’explosion d’hier dans le port de Beyrouth nous était destinée. Le nitrate d’ammonium avait été amené et stocké dans l’entrepôt numéro 12 uniquement pour être militarisé et pour ravager Haïfa ou Tel Aviv. Où, toujours selon Jean Tsadik, il aurait provoqué la mort d’entre 5 et 10 000 Israéliens.
Ce qui fait clairement qu’il appartient à la même équation que les batteries enchâssées dans les cours d’immeubles et les dépôts de bombes souterrains. Si Israël avait causé l’explosion d’hier, cela aurait été strictement de la légitime défense, sous forme de prévention.
Cela nous amène naturellement à nous pencher sur les causes de la tragédie d’hier. Pour commencer par dire ce qu’elles ne sont pas. Ce n’est pas le résultat d’un raid du Khe’l Avir. Cela se serait su immédiatement, les nombreux radars présents dans la région, notamment russes et américains, ne pouvaient pas ne pas détecter des tirs de missiles à partir d’avions ou de drones israéliens, cette hypothèse est donc à exclure.
Est-ce pour autant que la piste d’un sabotage soit à écarter ? Non. Avant de se moquer de la remarque de Donald Trump lorsqu’il a réagi à la nouvelle du désastre, encore fallait-il écouter attentivement ce qu’il a déclaré : « Les explosions meurtrières à Beyrouth ressemblaient à un terrible attentat. J’ai rencontré nos généraux et il semble que ce n’était pas un accident industriel. Il semble, selon eux, que c’était un attentat, c’était une bombe », a-t-il commenté à la presse lors de sa conférence de presse quotidienne sur le Coronavirus.
Ce n’est donc pas sa perception que le président américain a évoquée, mais celle de l’Establishment U.S. de la défense. Une communauté qui base rarement ses évaluations sur la rumeur et les théories du complot. De plus, j’ai le regret d’informer les anti-Trump que nous partageons cet avis. Que nous pensons qu’il existe davantage de possibilités pour que la déflagration ait été causée par une intervention humaine qu’accidentellement. Cette évaluation n’est certes pas une preuve et nous n’en sommes pas certains, mais un large faisceau d’indicateurs plaide en faveur de cette hypothèse.
Elle se base sur le sens commun et la logique. Nous sommes parvenus à cette constatation après avoir maintes fois visionné les nombreuses vidéos figurant l’explosion et particulièrement celle-là, au ralenti : https://youtu.be/PxGiFIzenrs . Il n’était dès lors pas très compliqué (bien moins que lors de nos investigations habituelles) de retrouver la source de l’explosion, le fameux hangar 12 [en jaune sur la carte suivante, alors que le bâtiment des silos en béton – toujours partiellement debout – apparaît en orange].
Nous avons ensuite retrouvé sur le Net des images montrant des ouvriers au service du Hezb manipulant du nitrate d’ammonium d’une marque brésilienne appelée Nitro Prill Bombeamento de Explosivos. Comme le nom de cette entreprise l’indique ainsi que son site Internet [https://web.archive.org/web/20191223144408/http://www.nitroprill.com.br/home/produtos], le conditionnement du nitrate d’ammonium contenu dans ces sacs n’a jamais été prévu pour servir d’engrais à l’agriculture. Ce chargement est arrivé à Beyrouth et a été stocké dans le hangar 12 du Hezbollah comme un explosif industriel. Qu’il était très aisé dès lors de transformer en explosif à usage militaire.
Nitro Prill Bombeamento de Explosivos est la seule entreprise trouvée sur le Net à épeler Nitroprill avec un double L (comme sur la photo qui suit).
Sur la photo suivante prise hier du hangar 12 déjà en proie à la première explosion/incendie, on s’aperçoit que la porte en fer présente les mêmes marques que sur la précédente, et que les hautes fenêtres sont strictement identiques. L’entrepôt qui mesure 130 mètres de long sur 40 de large est bien celui qui contenait les explosifs d’origine brésilienne. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute sensé.
Une fois cette démonstration faite, et les sacs d’explosifs rendus à leur propriétaire, le Hezbollah – qui d’autre importerait 2 750 tonnes d’explosifs au Liban ? -, on se dit qu’un lot d’explosifs à très haute capacité destructive appartenant à une organisation terroriste qui en a déjà fait un usage intensif, entreposé à dessein au cœur de Beyrouth, à l’instar d’autres quantités importantes d’explosifs, de roquettes et de missiles, lorsqu’il saute, c’est rarement la conséquence d’un accident.
La question suivante qui s’impose dans cette hypothèse est qui a fait le coup ? Nous ne possédons pas la réponse à cette interrogation. Probablement des Libanais au service d’ennemis du Hezbollah (ils sont légions), ou d’eux-mêmes, s’ils appartenaient aux communautés chrétiennes, sunnite ou druze, constamment maltraitées par les miliciens au service de l’Iran et de sa politique belliciste. Largement responsables de la crise que traverse le Liban.
Mais quel que soit celui qui a allumé la mèche, les coupables de ce désastre et de ceux qui peuvent s’ensuivre, ce sont le Hezbollah et le gouvernement libanais qui le couvre et lui obéit. Celui qui dissimule 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium militaire qu’il destine à ses ennemis au centre d’une cité est condamnable dans tous les cas de figures, y compris, naturellement, si ses ennemis les neutralisent.
Ce qui est advenu hier est une calamité pour les Beyrouthins mais aussi un coup très dur pour le Hezbollah. Une multitude de voix convaincues se sont fait entendre aujourd’hui au Liban pour exiger le désarmement de la milice chiite. Il y a même eu des heurts, comme en témoigne cette vidéo de la visite de l’ancien Premier ministre (sunnite) Saad Hariri dans le port ravagé. Plus tard dans la journée, des partisans d’Hariri sont allés au contact avec des membres du Hezbollah.

https://twitter.com/i/status/1291012106100314113
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a ajouté sa voix à celle des Libanais en appelant le gouvernement libanais à désarmer la milice du Hezbollah dans un rapport qu’il a l’intention de présenter au Conseil de Sécurité mardi prochain.
« Le maintien d’armes non autorisées en dehors du contrôle de l’Etat par le Hezbollah et d’autres groupes armés non étatiques constitue une violation persistante de la résolution 1701 (de 2006) et est très préoccupant », a écrit Guterres dans un rapport publié sur le site Web de l’ONU plus tôt cette semaine, avant même l’explosion de Beyrouth.
La population libanaise quant à elle comprend plus que jamais que la présence de ces supplétifs de la théocratie persane sur son sol, leur fanatisme religieux, leur stratégie de confrontation avec les sunnites et Israël ainsi que leur mode opératoire criminel font peser un danger mortel sur sa tête.
La catastrophe d’hier tombe très mal pour l’organisation terroriste de Hassan Nasrallah, puisque vendredi prochain, le TSL, le Tribunal Spécial pour le Liban, va rendre son verdict à l’encontre de quatre miliciens du Hezb, accusés d’avoir assassiné le père de Saad Hariri, Rafik, lui aussi ex-Premier ministre du pays aux cèdres.
L’on s’attend à un verdict de culpabilité, ce qui dévoilera la responsabilité du Hezbollah dans cet assassinat. Dans ce pays ravagé par la misère dont il est largement la cause – les Etats arabes, l’Europe et le Fonds Monétaire International refusent de lui concéder des prêts tant que la milice chiite y fait régner sa loi – meurtri dans sa chair par l’explosion d’hier, des troubles et peut-être une nouvelle guerre civile sont prévisibles.
C’est dans cette atmosphère de chaos absolu qu’est annoncée la visite demain (jeudi) d’Emmanuel Macron. La France a déjà envoyé au Liban un détachement de la Sécurité Civile et l’Union Européenne, des pompiers spécialisés dans les catastrophes du genre de celle que vient de connaître le Liban.
On peut légitimement se demander ce que vient faire le président français dans cette tornade et ce qu’il a à offrir. A voir la manière peu glorieuse dont il a géré la pandémie chez lui, et le gouffre financier dans lequel la France est plongée – elle ne pourra pas rembourser le principal de ses emprunts à la Banque Européenne pendant cinquante ans -, Macron arrive à Beyrouth les mains vides. Et c’est d’argent dont le Liban a le plus urgemment besoin.
Emmanuel Macron a déjà assuré le Hezbollah que, quel que soit le verdict du TSL, il n’aura pas à faire face à des rétorsions internationales. On se demande à Métula sur quelle base il a fait cette promesse, ce qui l’a poussé à la faire, si les Français sont au courant de ce choix, qui l’a habilité à le faire, sur la base de quel débat politique, mais surtout, pourquoi Macron a pris cette option.
Au moment où les Libanais se révoltent contre le Hezbollah, la France, par l’entremise de son président, conforte leurs oppresseurs et marginalise la fonction du tribunal international.
L’Elysée a décidé de se faire le champion de la défense de la théocratie chiite et de ses suppôts sanguinaires, sans que nous ne soyons capables de discerner une raison quelconque dans cette option. D’autant plus qu’elle indispose fortement les chancelleries arabes (sunnites) qui représentent 1.4 milliard de musulmans sur les 1.6 milliard que compte l’islam.
La France, c’est une certitude, va perdre encore des marchés en Arabie Saoudite et dans les émirats du Golfe. Pire que cela, Ryad et Dubaï pourraient finir par décider de rationner les prêts qu’ils octroient chaque semaine à Bercy, ce qui placerait Paris dans une situation extrêmement périlleuse.
La démarche de la France n’a aucune logique, les économies de l’Iran et de ses alliés étant exsangues et leurs régimes dictatoriaux étant, avec celui de la Corée du Nord, les plus obscurs de la Planète.
Emmanuel Macron sait-il pourquoi il a adopté cette posture ? Nous en doutons. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il va au-devant d’un peuple blessé et remonté contre ses tourmenteurs. Il faudra demain au président français bien plus que l’un des discours lénifiants auquel il a habitué ses compatriotes pour les persuader du bienfondé du rôle de la France. Les Libanais avaient faim, maintenant ils ont mal.
Cartes et photos :
Ce qu’il reste du port de Beyrouth
Le squelette du bâtiment des silos est resté debout, comme un témoin de la tragédie
Service cartographique © Metula News Agency
Base : Google Earth Pro
Avec deux L
Le hangar qui brûle est bien celui qui contenait les sacs d’explosif industriel brésilien
Jules Mazouz, Ruth Goldberg et 310 autres personnes
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Bonaparte

Cette explosion nous a t elle évitée une guerre contre le Hezbollah et le Liban ?

nrv2000

Ça dépend où sont les limites pour éviter la guerre…Superbe enquête de la Mena en tout cas.