Tov, qui se présente aux élections des conseils municipaux dans 5 villes, la semaine prochaine, exprime la voix des Ultra-orthodoxes qui sont “impliqués dans la vie de la société”.

La sous-culture ultra-orthodoxe israélienne se trouve aux prises à de profonds changements. Confrontés à une pauvreté endémique, au beau milieu d’un pays en pleine croissance économique, les Haredim ordinaires ont, ces dernières années, commencé à se rebeller en douceur contre les pressions sociales et religieuses interdisant le travail et l’accès à un enseignement supérieur laïc.

De nombreux rabbins, conscients de cette marée montante, ont cherché des façons d’apporter une approbation limitée au changement d’optique en faveur de l’emploi.

Un exemple notable : en 2008, le Rebbe de Beltz, chef de l’un des groupes hassidiques les plus imposants à Jérusalem, a employé son sermon annuel de Simhat Torah à exhorter les hommes ultra-orthodoxes qui ne réussissaient guère dans les études à la Yeshiva ou dans un autre cadre, à trouver un travail pour soutenir leurs familles.


Le Rebbe de Beltz

Bien que ce discours n’avait rien d’une véritable approbation à toute force de l’emploi pour les hommes Haredim, il apportait sa contribution à l’application progressive d’une décision rabbinique incitant à rejoindre la force de travail. Certains observateurs de la rue haredie l’ont remarqué comme le signe avant-coureur d’une nouvelle ère.

Actuellement, un mouvement politique ultra-orthodoxe cherche à pousser le changement un pont plus loin, pour donner la parole à ceux de sa circonscription qui travaillent ou souhaitent le faire, ou qui poursuivent des diplômes professionnels au sein d’institutions de l’enseignement supérieur – et qui, par conséquent, se trouvent ostracisés dans leurs communautés et dont les enfants se voient refuser l’accès à de meilleures écoles ultra-orthodoxes.

“Tov” n’est pas un parti politique formellement répertorié comme tel, mais il se présente dans cinq villes pour les élections municipales qui se déroulent à travers tout le pays, le 22 octobre : à Jérusalem, Beit Shemesh, Beitar, Emanuel et Elad.

Son but, selon le fondateur du mouvement et la tête de liste à Jérusalem, Chanoch Verdiger : « Nous sommes la bonne adresse pour tous les gens qui sont impliqués dans la société, tout en refusant de compromettre leur identité haredie ».

La littérature de campagne du mouvement explique qu’ : “Au cours des dernières années, on observe un nombre croissant de Haredim dans les institutions universitaires, sur le marché du travail, dans les médias et autres tribunes. Alors que de plus en plus de Haredim s’impliquent dans la société israélienne globale, il existe une forte demande pour un cadre de travail et une voix qui les représente ».

Et les représenter signifie leur apporter une plus grande marge de manœuvre, selon Verdiger, qui s’est entretenu, cette semaine, avec le Times of Israel.

“Tov n’existe que depuis six mois. Cela s’est fait en un rien de temps. C’est un bambin politique », dit Verdiger. « Il y a des partis qui sont arrivés de nulle part et ont explosé sur la scène politique pour devenir de vastes partis politiques à la Knesset, comme le Shass. Mais Tov est un mouvement qui vient de la rue, a ses racines dans la rue, est sensible à sa pulsion. Il n’a pas de Rabbi Ovadia Yossef le guide spirituel très influent du Shass, aujourd’hui disparu »>Article original à sa tête, ni aucun leader de cette envergure ».

Tov, poursuit-il, est constitué de Juifs qui se définissent comme tels – et n’attendent pas que quiconque leur dise s’ils sont Haredim ou pas. Leur identité est suffisamment forte pour qu’ils décident par eux-mêmes qui ils sont et ce qu’ils veulent ».

A ceux qui se demandent si l’adoption, par Tov, du renforcement d’un individualisme ultra-orthodoxe n’est pas, par définition un phénomène étranger au monde ultra-orthodoxe, Verdiger apporte une correction.

“Au lieu de voir cela comme un phénomène non-Haredi, il est nettement préférable de le concevoir comme un Haredisme en mutation. Ces changements surviennent à un niveau très profond. C’est un phénomène sain ».

Une campagne astucieuse à Jérusalem en dit long sur le nouveau centre d’intérêt du parti, s’adressant au résident Haredi lambda. Les militants de Tov se déplacent à des intersections haredim de la ville, avec un isoloir ambulant, dans lequel on demande au passant de sélectionner les deux problèmes municipaux qui sont les plus importants pour eux, des impôts élevés sur le logement jusqu’à la discrimination dans les écoles, à l’investissement dans les parcs de leurs quartiers.

La trajectoire de Verdiger, qui plonge en profondeur à l’intérieur du monde ultra-orthodoxe, peut, néanmoins, expliquer son militantisme. Il est le fils d’Avraham Verdiger, le célèbre ancien député qui, durant trois décennies, a représenté une faction haredie modérée, Poalei Agudat Israël, à la Knesset.

Même s’il parle de changement, le point de vue de Verdiger sur les questions sociales et religieuses convient parfaitement au consensus interne Haredi. Il mentionne indirectement des fléaux de la société comme le crime et la pornographie – se restreignant, conformément à la façon haredie traditionnelle de ne pas les appeler par leur nom – et pense que la vision ultra-orthodoxe de la modernité est fondamentalement correcte.

“Nous sommes véritablement Haredim, nous ne sommes pas des “Modernes”, dit-il, “Mais notre capacité à nous intégrer dans la société laïque est complète. Cette génération de Haredim »>Article original a atteint un point, où elle peut vivre sa vie en étant intégrée dans des bureaux et des lieux de travail à l’extérieur de bâtiments. Nous pouvons faire partie du tissu de l’économie de service d’Israël, soit comme professionnels, soit comme gens d’affaires. Notre infrastructure sociale et religieuse Haredie s’est construite au cours des 60 dernières années. Nous pouvons, à présent, la maintenir sans avoir besoin de créer des barrières qui mettent le monde ordinaire à la porte ».

Cette idée intervient assortie d’un avertissement à ceux qui cherchent à rester physiquement à l’écart de la société laïque. Dit simplement, cela ne marche pas.

“Lorsque quelqu’un vit dans l’isolement, si jamais un virus pénètre dans sa bulle, il devient d’autant plus virulent et engendre d’autant plus de dégâts. Si nous maintenons les murs autour de la société ultra-orthodoxe »>Article original, les mauvaises choses venues du dehors y pénétreront, grâce aux technologies accessibles à tous : Internet, le téléphone. Nous devons développer des vaccins contre ces influences que nous redoutons. Les vieux murs artificiels ne nous protégeront pas, et lorsque ces phénomènes s’infiltreront, nous serons sans défense, sans immunité contre eux ».

Le vaccin : l’engagement dans la modernité. « Nous devons faire usage des outils modernes pour nous les inoculer contre les choses qui peuvent provoquer des dégâts. Un diplôme universitaire vous rend plus fort et mieux vacciné, et non pire ».

Alors que de nombreux Haredim cherchent à accroître leur engagement dans la société globale, ils rencontrent des résistances et des sanctions au sein même de leurs communautés.

“Il y a ceux qui veulent que quelqu’un corresponde exactement à l’image très particulière de ce que signifie être « Haredi » : un engagement absolu à étudier au Kollel le séminaire religieux »>Article original et rien d’autre « , selon Verdiger.

Ces extrémistes “ sont capables d’empêcher mes enfants d’aller à l’école, et peuvent empêcher les gens de se joindre à leurs communautés. Ce genre de sanctions conduit les gens à s’organiser. Tov est la réplique aux tentatives de sanctions contre ceux qui ne se conforment pas ».

Les membres de Tov parlent ouvertement d’eux-mêmes comme d’un retour de bâton contre les tentatives de pénaliser des membres de la communauté qui cherchent du travail, particulièrement en refusant d’accepter leurs enfants à l’école.

A Beit Shemesh, Tov a placé tout son soutien derrière le candidat laïc à la mairie, Eli Cohen, à la mi-septembre. Le prix exigé par son parti : l’instauration d’une commission d’appel municipale « ayant autorité pour stopper la discrimination dans les procédures d’acceptation des dossiers dans les écoles ».

Les campagnes de Tov ne sont pas passées inaperçues. Lorsque des affiches ont envahi les quartiers ultra-orthodoxes, en désignant comme des « insectes » les Haredim qui s’engagent dans Tsahal, les militants de Tov ont fait campagne ouvertement contre cette odieuse comparaison. Lentement, sporadiquement, des rabbins et des journaux haredim ont commencé à se mettre du côté de ces militants, contre ceux qui cherchent à délégitimer les soldats.

“Nos activités comprennent une campagne d’affichage et des mises en garde publiques contre la violence qui ne manquerait pas de faire suite à la campagne des “Insectes”. Verdiger rappelle : « Lorsque nous avons commencé à en parler, il régnait un silence total. C’était l’Omerta. Ces soldats marchaient dans nos rues, mais personne n’osait pousser ne serait-ce qu’un murmure contre ça ».

Dès qu’ils ont commencé à s’exprimer ouvertement, “Les journaux haredim, qui n’écrivent pas une ligne sans en avoir reçu l’instruction, ont commencé à écrire à l’encontre de ces campagnes contre les soldats. Cela créait de la délégitimation de l’intérieur, contre ceux qui menaient campagne, pour, justement, délégitimer les soldats ».

Pourtant, tout en prenant la défense des soldats haredis contre la diabolisation dans les rues haredim, Tov a, également, fait campagne contre les plans visant à enrôler de force les jeunes gens haredim ».

Il s’est engagé à favoriser les études religieuses. « Etudier la Torah à plein temps requiert un effort sacrément important et d’une grande valeur et Tov le soutient pour toute personne qui l’entreprend », expliquent les prospectus de la campagne. Le mouvement a même fondé trois Kollels à Jérusalem pour les hommes qui souhaitent étudier à temps partiel, tout en poursuivant un cursus dans l’enseignement supérieur ou une carrière professionnelle.

Au cours des tous derniers mois du précédent gouvernement, les militants de Tov ont dressé des tentes à l’extérieur de la Knesset pour protester contre la Commission Plesner, un groupe de la Knesset qui envisageait des pénalités de type criminel contre les jeunes gens ultra-orthodoxes qui refusaient d’incorporer le service militaire.

Tov nourrit de grands espoirs pour les élections à venir.

“Tov n’est pas différent, dans notre philosophie Haredie des autres partis haredim”, explique sa littérature de campagne. “Cependant, lorsque vous écoutez la communauté haredie, il est évident que personne ne répond aux réels besoins de la communauté. Nous allons changer cela. Des retours que nous recevons des électeurs haredim, nous entendons, de manière répétée, parler du besoin de meilleures écoles, de parcs plus beaux, de quartiers plus propres et d’un marché du travail, qui soit plus accessible et équitable ».

“Si nos résultats sont satisfaisants dans tous les endroits où nous nous présentons”, ajoute Verdiger, “cela aura forcément un impact sur la rue Haredie. Les cercles dirigeants du monde haredi comprendront que quelque chose doit changer ».

PAR HAVIV RETTIG GUR 16 octobre 2013, 2:48 pm 3

Haviv Rettig Gur est le correspondant politique de Times of Israel.

timesofisrael.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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yacotito

Excellente démarche pour s’intégrer à la société Israélienne mais aussi dans le monde du 21ème siècle..

Honorer le seigneur
– ne doit pas dire mener une existence à l’écart de la vie et de ses réalités.
– ne veut pas dire avoir une apparence qui fait que l’on nous montre du doigt

Cela veut dire suivre une morale irréprochable, conforme à la loi du seigneur.

Et Tsahal en est le plus bel exemple: c’est le porte drapeau de notre peuple, car dans un monde sans foi ni loi, notre armée a su gagner le respect par sa modernité, sa puissance mais aussi parce qu’elle a su conserver des valeurs morales, meme dans les pires circonstance.c’est cela être juif.

– Avoir des enfants et une épouse implique de leur offrir une vie digne, un certain confort et des perspectives d’avenir acceptables
– Aimer la terre que le seigneur nous a confiée implique participer à sa défense

C’est à ce prix que les heredim mériteront le respect de tous et même des vocations auprès de gens qui ne se sentent pas à leur place dans un monde qui perd ses valeurs et ses repères.

Désolé si je choque quelqu’un …