Le Vatican peut jouer « un rôle décisif » pour une issue en Syrie grâce à sa « diplomatie de la gratuité, qui ne poursuit pas d’intérêts particuliers », a estimé lundi le père Paolo Dall’Oglio, fondateur d’une communauté monastique syriaque-catholique en Syrie.
« Le conflit est déjà confessionnalisé », a regretté à Radio Vatican le jésuite italien, expliquant que les chrétiens se trouvent « au milieu ». « Ou ils arrivent à être l’élément de rencontre et de réconciliation ou ils seront étranglés au milieu de ce conflit », a-t-il prévenu.
Le fondateur de la communauté de Mar Moussa, à 90 km au nord de Damas, qui oeuvre pour le dialogue entre chrétiens et musulmans, s’est félicité du dernier message du pape lancé dimanche pour la paix en Syrie. « Le pape a pris une position très réaliste. Maintenant c’est aux chrétiens (…) d’agir », a-t-il dit. « Le Saint-Siège a une diplomatie de la gratuité qui na pas d’intérêt et qui peut donc convaincre. L’expérience du Saint-Siège dans les dernières décennies, dans le dialogue avec l’islam notamment, devrait permettre de pouvoir dire un mot constructif qui puisse être écouté par tous », a-t-il ajouté.
Benoît XVI avait pressé dimanche Damas d’accepter le « dialogue » et de répondre d’urgence aux « aspirations légitimes des composantes de la nation » syrienne et aux « souhaits » de la Communauté internationale. Dans la Syrie multiconfessionnelle, 7,5% des quelque 20 millions d’habitants sont chrétiens. L’arrivée d’un régime islamiste pourrait porter préjudice aux chrétiens, et leurs évêques montrent une grande prudence face au pouvoir. Le Vatican lui-même a été critiqué pour ne pas faire entendre plus fortement sa voix.
Il y a une semaine, Mgr Dall’Oglio, qui a fait l’objet en novembre d’un arrêté d’expulsion non mis à exécution, a lancé un appel pour une médiation du Vatican. Pour Mgr Mario Zenari, nonce (ambassadeur) du Saint-Siège en Syrie, les chrétiens pourraient jouer un rôle de « pont » entre les protagonistes.
CITE DU VATICAN, 13 fév 2012 (AFP)