La veille des élections de mi-mandat américaines, le site Foreign Policy a publié un article intéressant d’un vétéran des négociations israélo-palestiniennes, Aaron Miller. Ce dernier revient sur la “tentation de Venise” des présidents américains après une défaite aux élections intermédiaires pour le Congrès: se concentrer sur la politique étrangère où ils n’ont généralement pas à souffrir d’un contrôle tatillon des représentants et des sénateurs.

Une illusion, assure Aaron Miller que l’on sait vacciné contre les espoirs inconsidérés des processus de paix israélo-palestiniens. Aujourd’hui, explique-t-il, les Etats-Unis sont comme le géant de Jonathan Swift, pris dans les rets des “nains” politiques (à l’échelle de la planète) que sont, pour l’affaire qui nous intéresse, le gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou ou l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Ces derniers ont prouvé au cours des derniers mois, selon Aaron Miller, qu’ils ne répondaient qu’à leurs propres intérêts politiques et non plus aux injonctions de Washington.

Conclusion de l’ancien négociateur: si d’aventure la paix doit survenir, elle dépendra d’eux et d’eux seuls. Une consolation pour le président Obama, il n’a pas à attendre la contrepartie éventuelle du règlement de ce dossier, un prix Nobel de la paix, il l’a déjà reçu l’an passé. Vague républicaine au Congrès: quel impact pour la diplomatie d’Obama?

Après les élections de mi-mandat, des observateurs dans le monde entier s’interrogent sur les conséquences de la victoire républicaine pour la politique étrangère de Barack Obama. Certains estiment que Washington pourrait durcir le ton envers la Chine et ménager davantage Israël.

Même si les démocrates conservent la majorité au Sénat, la prise de contrôle de la Chambre des représentants par les républicains réduit la marge de manoeuvre de Barack Obama, soulignent les analystes.

Les résultats du scrutin pourraient influer sur la diplomatie du président américain, en l’obligeant notamment à adopter une ligne plus pro-israélienne et à se montrer plus ferme avec la Chine sur les dossiers des échanges commerciaux et du yuan, selon Chandra Muzaffar, présidente du Mouvement international pour un monde juste, groupe de réflexion malaisien.

« Ce n’est pas un revers majeur, mais c’est un revers », dit-elle. Barack Obama « pourrait décider de maintenir le cap plutôt que de céder aux pressions qui se sont accumulées en Amérique, (mais) il est manifeste que les lobbies et les intérêts spéciaux ont pris le dessus ».

Les élections ont suscité un grand intérêt en Chine, bénéficiant d’une large couverture. Des portails Internet chinois comme Sina.com et QQ.com ont consacré des pages spéciales à l’événement.

Xiong Zhiyong, professeur de l’université des Affaires étrangères de Chine et spécialiste des relations sino-américaines, se dit inquiet de l’impact du scrutin sur les relations entre Pékin et Washington, déjà marquées par des tensions. Alors que l’économie américaine est en difficulté, la Chine est devenue une cible facile pour les hommes politiques américains, dit-il.

Durant la campagne électorale, de nombreux candidats ont critiqué la Chine, note M. Xiong. « C’est plus facile et cela tend à masquer leur incapacité à aider l’économie américaine à repartir », ajoute-t-il.

Certains analystes estiment que les résultats des élections devraient surtout changer la politique intérieure américaine. « Il est peu probable qu’il y ait un changement de politique sur l’Afghanistan et l’Irak », estime l’analyste Anies Baswedanhe en Indonésie, pays où Barack Obama a passé une partie de son enfance. « Idem pour les relations américano-indonésiennes ».

Barack Obama aura désormais plus de mal à obtenir un accord de paix au Proche-Orient, affirme de son côté l’analyste Christianto Wibisono. « Et tant qu’il n’y aura pas de paix entre Israël et les Palestiniens, les choses ne seront pas faciles en Afghanistan et en Irak ».

Zalman Shoval, ex-ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, interprète les élections comme une motion de censure contre M. Obama, mais doute que la percée républicaine au Congrès ait une influence sur les relations israélo-américaines et le processus de paix au Proche-Orient. « La politique étrangère est la prérogative du président (américain), même s’il est affaibli », souligne ce proche du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Alliés de longue date des Etats-Unis, le Japon et l’Australie ont assuré que le scrutin n’affecterait pas leurs relations étroites avec Washington. « Quels que soient les résultats des élections, les relations nippo-américaines et notre coopération (…) ne changeront pas », a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères Seiji Maehara.

Les services du Premier ministre australien Julia Gillard ont de leur côté décrit la relation avec les Etats-Unis comme « forte et profonde » et « transcendant la politique de parti ». AP

COMPLEMENT D’INFORMATION.

Atteint aux Etats-Unis, Obama va devoir miser sur la diplomatie

Atteint politiquement par son revers de mardi aux élections de mi-mandat, Barack Obama va devoir miser sur la diplomatie pour ‘rebondir’ avant l’échéance présidentielle de 2012.

Le succès des républicains, qui ont enlevé la Chambre des représentants et accru leur poids au Sénat, va le contraindre à adopter une politique étrangère plus résolue, en Afghanistan par exemple.

La scène internationale est une arène où le chef de la Maison blanche a en principe les mains plus libres et il va probablement saisir l’occasion de sa prochaine tournée en Asie pour y tenter un rétablissement.

Bill Clinton, qui avait pareillement essuyé un échec à mi-chemin de son premier mandat, en 1994, était ainsi parvenu à remonter la pente pour se faire réélire haut la main.

Mais, pour Barack Obama, les choses se présentent moins bien car peu de fruits sont à portée de sa main en matière diplomatique, note l’analyste parisien Thomas Klau, du Conseil des relations étrangères.

« L’Afghanistan reste un dossier très difficile », mais des actions plus résolues de sa part sur d’autres dossiers – Iran, Proche-Orient, Pakistan – ne sont pas plus susceptibles de lui rapporter de succès à court terme.

Il reste, selon le cabinet d’analyse globale STRATFOR, que les Etats-Unis demeurent la plus grande puissance mondiale et qu’un président faible chez lui ne l’est pas nécessairement à l’étranger.

Si on ignore encore dans quelle zone Barack Obama dirigera en priorité son action diplomatique, où qu’il portera son regard, les défis sont nombreux et il n’évitera pas d’être poussé de l’intérieur à la fermeté.

« PAS UNE BONNE CHOSE »

C’est évidemment le cas en Afghanistan, où il n’est pas question de lâcher le président Hamid Karzaï et où les taliban insistent sur le retrait de toutes les forces étrangères.

Les républicains le pousseront à renforcer et prolonger l’effort militaire, contre son intention initiale.

Selon certains analystes, les républicains le pousseront à un engagement plus ferme contre les islamistes armés retranchés du côté pakistanais de la frontière afghane et à exercer des pressions plus fortes sur Islamabad.

L’opposition républicaine devrait aussi faire pression pour redonner toute sa place au danger nucléaire nord-coréen sur l’agenda diplomatique américain.

Sur le Proche-Orient, en revanche, le succès de la droite américaine, alliée traditionnelle d’Israël, réduit la marge de manoeuvre d’Obama dans un dossier où il s’était particulièrement investi. Il va devoir relâcher la pression sur l’Etat juif, prédit un ancien diplomate israélien en poste aux Etats-Unis.

La Chine est un des pays avec lesquels les choses pourraient s’arranger, les républicains étant plus enclins à faire avec elle du « business » alors que les démocrates n’ont eu de cesse de dénoncer les effets pernicieux de la sous-évaluation du yuan.

Avec l’Europe, en revanche, le surcroît d’influence des républicains au Congrès devrait aviver les divergences sur la régulation économique mondiale, le changement climatique et divers autres aspects des relations interalliées.
« Au total, ce n’est pas une bonne chose pour le monde », conclut Ruprecht Polenz, président de la commission des affaires étrangères du Bundestag.

EXPRESS

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