Dimanche à l’aube, plus de cinquante réfugiés iraniens, opposés au régime des mollahs qui gouverne actuellement l’Iran, ont été tués dans leur camp d’Achraf en Irak. Malgré les demandes répétées des habitants du camp pour que sa sécurité soit renforcée, la communauté internationale a laissé faire et a assisté les bras ballants à des crimes atroces. Il est plus que temps que cette inertie cesse.

La Syrie. Tous les regards sont braqués sur la Syrie et ceci est tout à fait compréhensible. Seulement, la crise syrienne n’arrête pas d’autres criminels qui profitent du chaos de la région pour nouer des alliances, établir des stratégies et mettre à profit la situation pour leurs intérêts personnels. C’est précisément ce qui s’est passé ce week-end dans l’indifférence générale: le massacre d’un cinquantaine de personnes dans le camp d’Achraf.

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C’est l’armée irakienne qui est à l’origine de ces meurtres agissant sous les ordres du Premier ministre Maliki à la demande du régime iranien, information reprise par le Vice-président du Parlement européen Alejo Vidal-Quadras. La seule opposition crédible et puissante face à la tyrannie de Khamenei, incarnée par le Comité national pour la Résistance iranienne (CNRI) est ainsi totalement persécutée.

À l’origine une convergence d’intérêt entre le régime des mollahs et le gouvernement irakien: les islamistes radicaux souhaitent l’éradication du dernier vrai souffle d’espoir et de résistance face à leur dictature et les Irakiens, totalement sous l’emprise iranienne, veulent se débarrasser de ce camp encombrant*.

La crise syrienne permet au gouvernement iranien d’agir en toute impunité avec la complicité du gouvernement irakien. Récemment doté d’un nouveau président qui tente de se faire passer pour un modéré alors qu’il n’est qu’un nouveau pion à la solde de la dictature des mollahs, la république islamique en profite. Et les médias Occidentaux font entendre un silence assourdissant et choquant. Seul le site du Comité National de la Résistance Iranienne délivre des informations actualisées et surtout publie les déclarations de soutien à leur combat venant du Parlement européen, des Parlements américains, français, de nombreux intellectuels ou personnalités politiques. Ces déclarations de soutien ne se trouvent nulle part ailleurs.

Le camp d’Achraf est censé être protégé par l’ONU qui a désigné les habitants du camp comme des demandeurs d’asile, et par les Etats-Unis qui ont signé un accord de protection avec les résidents en échange de leur désarmement. En vertu du droit international, les États-Unis pourraient donc être tenus pour responsables des massacres perpétrés dans ce camp.

En effet, les habitants du camp auraient mieux fait d’être armés en cette funeste matinée du 1er septembre quand une véritable chasse à l’homme a été organisée. Les résidents impuissants ont été victimes d’une véritable traque et d’un massacre organisé qui a duré plusieurs heures. La plupart des victimes ont été tout bonnement exécutées d’une balle dans la tête alors qu’elles avaient les mains attachées dans le dos. Les images qui en témoignent, récoltées par des habitants du camp au péril de leur vie, sont d’une rare violence mais elles doivent être vues pour se rendre compte des effets de la passivité des États-Unis.

Le gouvernement irakien viole régulièrement le protocole d’accord qu’il a signé avec l’ONU. C’est la troisième attaque meurtrière après celles de 2009 et 2011. Si une ombre de doute voile les yeux de certains quant aux auteurs de ces massacres, celle-ci est totalement balayée quand on apprend qu’il intervient une semaine seulement après la rencontre entre le Premier ministre irakien Maliki et Hossein Salami, le commandant des Gardiens de la révolution iranienne. Ces derniers ont d’ailleurs publié un communiqué où ils se réjouissent de l’attaque commise contre le camp d’Achraf selon la première chaîne iranienne gouvernementale

Une équipe de l’ONU est en route pour constater les tueries et le gouvernement irakien promet une « commission d’enquête ». Le quai d’Orsay condamne l’attaque du camp d’Achraf. Mais peut être aurait-il fallu anticiper, peut être que Catherine Ashton mainte fois interpellée sur le sujet ou Martin Kobler, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Irak, auraient ils pu répondre aux nombreuses demandes de renforcement de la sécurité du camp avant d’aller constater les meurtres.

Cette passivité est inacceptable et incompréhensible. Elle est dangereuse parce qu’on peut s’attendre à de nouvelles attaques contre le camp d’Achraf mais aussi contre l’autre camp de réfugié iranien de Liberty. Si l’attitude à adopter face à la crise syrienne est en débat au sein des parlements nationaux, si la situation en Syrie est complexe, l’attitude à adopter à Achraf ne nécessite pas de débat. Parce que l’exécution sommaire d’une population civile désarmée, censée être sous protection onusienne et américaine, est un crime contre l’humanité. Et que ce sang est sur les mains de ceux qui n’ont pas su les protéger malgré les nombreux appels à l’aide avant le massacre.

Julie Wiczeck
Chercheuse en Relations internationales à l’Université de Copenhague

Publication: 02/09/2013 06h00
huffingtonpost.fr Article original

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