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Des milliers de Chrétiens défilant le long de la Via Dolorosa

La visite commence par Ein Karem, un village voisin de Jérusalem ou Jean le Baptiste est né. Cette localité, mélange unique entre un paysage biblique, l’héritage chrétien et l’architecture d’un village arabe parfaitement conservé, attire trois million de visiteurs par an ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes logistiques. Pour une expérience exceptionnelle et quelle que soit sa religion, on peut y loger au couvent des Sœurs de Notre Dame de Sion. Jardin enchanté derrière un large mur de pierre, la paix et la beauté du paysage du site invite les visiteurs au repos. Les chambres aux murs épais n’ont pas beaucoup changé depuis l’origine, le décor et l’ambiance sont à l’image de la simplicité du lieu. Il existe même une chambre, au fond du jardin et surplombant la vallée, dans une petite construction qui servait de retraite pour les religieuses.

Jean mène une vie d’ascèse « caché dans le désert », se nourrissant de « sauterelles et de miel sauvage », et pratiquant le jeûne. Si l’immersion dans une source d’eau naturelle – comme une rivière – était et reste encore un commandement religieux juif largement observé, son but a toujours été un rituel de purification. Au différent, le baptême de Jean s’inscrit dans un mouvement de repentance et servait à purifier le corps, l’âme étant purifiée au préalable par la justice. Le but de l’acte était l’entrée signifiée, consacrée, dans un groupe d’élus. Ces pratiques peuvent amener à penser à celles des Esséniens, communauté juive d’ascètes, volontairement pauvres, pratiquant l’immersion quotidienne et l’abstinence des plaisirs du monde. Un groupe d’Esséniens, dont aurait pu faire partie Jean, semblent être à l’origine de nombres de « manuscrits de la mer morte » découverts à Qumran ou se poursuit notre visite (bien que cette identification ne fasse pas consensus). La visite du site est d’un grand intérêt. Pour les plus curieux, le musée de Jérusalem consacre un bâtiment complet à la présentation de ces manuscrits.

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Yardenit, Israël – : Le baptême rituel des pèlerins chrétiens dans les eaux sacrées du fleuve Jourdain

Quelques kilomètres au nord, nous poursuivons sur le site de Qasr al-Yahud (littéralement « le château des juifs » en arabe). C’est, selon la tradition, le site du baptême de Jésus par Jean sur les rives du Jourdain. Les chrétiens considèrent ce site comme le lieu de la «naissance spirituelle» de Jésus, se différenciant de sa naissance physique à Bethléem. Le site du baptême est le troisième lieu saint dans le monde chrétien (après l’église de la Nativité à Bethléem et l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem). Selon d’autres traditions, le site est également considéré comme étant le lieu où les enfants d’Israël ont traversé le Jourdain et sont entrés en Terre Sainte après leurs 40 ans d’errance dans le désert.

Jusqu’en 1967, ce site alors sous contrôle jordanien, a vu la visite d’innombrables touristes et pèlerins. En 1968, suite à la guerre des six jours, l’accès au site a été interdit pour raison de sécurité et un site alternatif pour le baptême, « Yardenit », a été créé au sud du lac de Tibériade. Dans les années 1980, suite à une demande du patriarche grec-orthodoxe de la Judée et de l’administration civile de Samarie, les cérémonies de baptême ont pu reprendre sur le site. Un grand nombre d’églises, de chapelles et de monastères appartenant à diverses confessions sont visibles au sud du site. En 1956, un tremblement de terre endommagea gravement ces constructions, puis en raison de la situation sécuritaire, leur accès est devenu difficile, non seulement pour les pèlerins, mais pour les moines eux-mêmes, qui peu à peu ont abandonné les lieux.

Actuellement, selon les Amis de la Terre au Moyen-Orient, une nouvelle menace pèse sur le site et sur le cours inférieur du Jourdain, d’une part pour des raisons de faible débit dû aux prélèvements en amont et d’autre part par la pollution causée par le rejet des eaux usées. Sous l’égide de cette organisation, une initiative interconfessionnelle regroupant les clergés juif, chrétien et musulman ainsi que Israéliens, Palestiniens et Jordaniens s’est développée autour d’un objectif : Sauver le Jourdain. Cette poignée de bonnes volontés a déjà obtenu un « lâcher d’eau » périodique depuis le lac ainsi que la construction de trois usines de traitement des eaux usées.

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Ils sont une centaine de pèlerins partis en Terre Sainte avec leur évêque, Mgr Jean-Paul James du 22 septembre au 1er octobre 2014.

Le pèlerinage sur ce site est un moment de grande intensité pour les chrétiens. Pourtant la visite peut laisser un sentiment de frustration : le site biblique, selon l’Evangile de Jean et les archéologues, se situe sur la rive Est du fleuve, juste en face quasiment à portée de main, mais en Jordanie. Aussi, la rive Est, déjà parsemée de chapelles aux dômes d’or, est en passe de devenir un centre de pèlerinage chrétien. Ce projet prévoit la construction d’églises, de monastères et d’auberges de jeunesse sur un terrain donné par le gouvernement jordanien. Le Vatican a donné son approbation sur le site jordanien et l’Église catholique romaine projette la réalisation d’un complexe de presque 2.800 mètres carrés. Gageons que si ce projet se concrétise, une poignée de bonnes volontés organisera un passage transfrontalier qui évitera ce partage du site que la guerre a malheureusement imposé.

[Par Gilles Mangin pour www.selectisrael.comArticle original

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