La décision, semble-t-il concertée entre les Etats Unis et certains pays de l’Union Européenne de suspendre leurs vols en direction et en provenance d’Israël, est une décision politique -1-, et non « technique ».
En effet, aucun incident ne s’est jamais produit au décollage ou à l’atterissage des avions à l’aéroport Ben Gourion – et, en premier, pour le secrétaire d’Etat Kerry, venu avec son avion le jour même – tandis que les compagnies israéliennes et 27 autres compagnies -2- continuent d’y fonctionner, ce qui constitue la meilleure preuve du caractère abusif de la décision américaine.
La démarche du premier ministre israélien demandant justement à John Kerry -3- la levée du blocus est significative de son caractère politique. Bien d’autres opinions américaines viennent renforcer cette explication. Ainsi le sénateur républicain du Texas, Ted Cruz, remarque que les vols sont
La décision américaine est pour Israël très grave, quand on sait que son principal lien avec l’extérieur est aérien, tant par ses
J’insisterai sur la portée symbolique et imaginaire.
C’est
La question n’est pas seulement politique. On ne peut s’empêcher de déceler ici un dispositif mental qu’on a vu à l’œuvre en France ces 14 dernières années, quand, face au communautarisme arabo-musulman, on a préféré condamner le « communautarisme » juif. Est-ce que les Etats occidentaux se vengent sur Israël de leur démission devant Poutine pour le bombardement de l’avion de la Malaysia Airlines en Ukraine?
Mais cet acte réveille surtout les souvenirs de l’abandon des Juifs durant la deuxième guerre mondiale. L’ombre du ghetto, aux dimensions planétaires cette fois, se profile. Il réveille la mémoire de la fuite des Juifs des pays arabes, pour les uns empêchés de partir et attendant des jours et des jours l’ouverture des frontières, pour les autres pressés de fuir par tous les moyens pour éviter la mort que leur réservaient les nouveaux maîtres. L’acte américain, suivi de près par les pays européens (dont la France et là on ne s’explique pas pourquoi Air France atterrit toujours à Damas!) matérialise ce que nous pressentons depuis plusieurs années dans cette tendance à mettre Israël au ban des nations et dont la campagne mondiale « BDS » (Boycott Désinvestissement Sanction) de l’Autorité palestinienne est le bras armé. Hier sa démarche devant le conseil des droits de l’homme de citer Israël à comparaître pour « crimes de guerre » est de la même trempe. Le spectre de l’extermination des Juifs hante toujours les nations. La seule différence avec hier c’est que l’Etat juif est souverain.
Shmuel Trigano
Notes :
-1- Ce que confirment d’autres commentateurs comme Eugene Kontorovich (site de Commentary) :
« Le « sous-texte » ici est qu’Israël a le couteau sur la gorge : choisir entre l’exclusion aérienne ou accepter un cessez-le-feu qui permettra au Hamas de conserver ses missiles et ainsi fermer l’aéroport Ben Gourion. C’est une proposition perdant-perdant.
-2- British Airways, Czech Airlines, Aeroflot (Russie), Georgian Airways (Géorgie), Ukraine International Airlines (Ukraine), Iberia (Espagne), Yakutia Airlines (Russie), Ethiopian Airlines (Ethiopie), Air Europa (Espagne), Azerbaijan Airlines (Azerbaïdjan), Bluebird Airways (Grèce), Siberia Airlines (Russie).
-3- qui, lui même, en février et en avril, avait menacé Israël de boycott (devenir un Etat d’apartheid et donc mis au ban) s’il ne cédait pas devant les Palestiniens en acceptant ses directives.
Superbe article.
Oui monsieur, le spectre est bel et bien là.