Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach.

Le 6 septembre 2014, le Président palestinien Mahmud Abbas a menacé de mettre un terme au partenariat formé avec le Hamas qui empêche le gouvernement d’Union Nationale d’exercer son autorité dans la bande de Gaza : « Nous n’accepterons pas de partenariat avec le Hamas si la situation reste ainsi à Gaza où un gouvernement parallèle de 27 membres gouverne le territoire ».img

Dans les faits, les mouvements palestiniens Hamas et Fatah (ennemis) ont signé un accord de réconciliation (en avril 2014) en vue de former un gouvernement d’union nationale basé à Ramallah (en juin 2014). Dans les faits, les deux organisations continuent de fonctionner de façon autonome, chacune sur son territoire, comme si aucun accord n’avait été passé.

Ainsi, le Hamas n’a jamais associé le Fatah aux hostilités lorsqu’il a tiré les roquettes et les missiles sur l’Etat hébreu (à l’origine de l’intervention israélienne du 8 juillet 2014), ni n’a référé à Ramallah de sa stratégie à venir, ni plus généralement renoncé au pouvoir qu’il exerce de façon absolu sur la bande côtière. De même, lorsque les combats ont pris fin, le 26 août 2014, le Hamas a continué de diriger la bande de Gaza en maître, sans même que les Ministres Fatah du nouveau gouvernement ne se rendent à Gaza, ni même Mahmoud Abbas, d’ailleurs.

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Le Gouvernement « d’Union prête » serment.

Or, pendant l’opération « bordure protectrice », non seulement les décisions n’ont jamais été prises en commun avec le Fatah pour ce qu’il en est des actions guerrières menées contre Israël, mais en outre, l’Autorité Palestinienne a regardé en spectateur le théâtre des hostilités avec un regard plutôt critique sur les méthodes du Hamas. Ainsi, et sur le plan de la gestion des affaires intérieures, le gouvernement d’union nationale « Fatah-Hamas » s’est avéré n’être qu’un leurre.

Il en est de même sur le terrain de la gestion stratégique : Depuis l’interruption des combats le 26 août 2014, le contrôle de la bande de Gaza n’a jamais été transféré au gouvernement d’Union nationale. L’accord de cessez le feu prévoyait certes que les troupes de l’Autorité Palestinienne prennent le contrôle de la frontière à Rafah (sur la frontière égyptienne), mais également que les Ministres désignés par le Fatah gèrent les affaires de Gaza pour permettre à Mahmoud Abbas d’affirmer son autorité, d’obtenir la levée du siège, et l’ouverture d’un port et d’un aéroport. Or, Mahmoud Abbas n’exerce toujours pas d’influence sur le territoire gaziote.

Ce n’est d’ailleurs pas surprenant. Hormis les noms qui contiennent tous deux, la mention « libération de la Palestine » (en langue arabe), tout sépare les deux formations : l’idéologie, la géographe et les perspectives humaines. Le Hamas n’a jamais abandonné l’objectif d’anéantir l’entité sioniste alors que Mahmoud Abbas est partisan d’une méthode consensuelle, même si ses exigences sont inacceptables tant pour le Hamas que pour Israël.

La caractère à la fois burlesque et absurde de l’Union nationale entre le Fatah et le Hamas s’est encore illustrée lors de l’évènement qui s’est produit le 5 août 2014 chez le Procureur de la CPI. A la suite de la plainte déposée le 30 juillet par le Ministre palestinien de la Justice, Saleem al-Saqqa, et le Procureur général de la Cour de justice dans la bande de Gaza sur les « soi-disant crimes de guerre » commis par l’Etat hébreu au cours de l’opération bordure protectrice, le Hamas a signé la déclaration palestinienne visant à rejoindre la CPI. Or, Mahmoud Abbas, associé au Hamas dans le gouvernement d’union nationale craignait, de faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre du fait des tirs de roquettes et de missiles lancés sur les populations civiles israéliennes depuis la bande de Gaza.

Aussi, le Président de l’Autorité palestinienne a-t-il refusé d’endosser la responsabilité du dépôt de la plainte à la CPI. Le 5 août 2014, la Procureure de la CPI, Mme Fatou Bensouda et son Procureur adjoint James Stewart, ont donc interrogés le Ministre des Affaires Etrangères palestinien Maliki pour savoir si la plainte avait été faite au nom de l’Autorité palestinienne, ce que le Ministre palestinien a été contraint de démentir : le plaignant n’agissait ni au nom du gouvernement d’union nationale, ni au nom de l’Autorité palestinienne, ou encore du président Mahmoud Abbas ….

La réponse du Procureur adjoint Styewart à l’Avocat français Gilles Denver (rédacteur de la plainte) a été sans appel : « Le 5 août 2014, j’ai rencontré le Ministre des Affaires étrangères de la Palestine, Monsieur Riad Maliki, à qui j’ai fourni les éclaircissements qu’il nous a demandés sur les différents mécanismes pour qu’un État intègre la juridiction de la CPI, et sur le cadre juridique du Statut de Rome. Lors de cette réunion, j’ai cherché à avoir la confirmation si oui ou non votre communication en date du 30 juillet 2014 avait été transmise au nom de l’Autorité palestinienne, et je n’ai eu aucune confirmation. En conséquence, il n’existe aucune base légale pour que mon bureau examine et/ou traite la communication du 30 juillet 2014 comme émanant d’un représentant de la Palestine doté des pouvoirs nécessaires pour saisir la juridiction de la Cour en vertu de l’article 12-3 du Statut. »
La plainte déposée par l’avocat français était donc irrecevable, faute d’avoir été présentée par Mahmoud Abbas ou l’Autorité palestinienne.

Bien évidemment, la menace de saisir la CPI, a toujours été un moyen de pression pour Mahmud Abbas, afin d’obtenir des concessions de l’Etat juif. D’ailleurs, le Président de l’Autorité palestinienne, toujours enfermé dans ses « frontières de 1967 », a encore récemment menacé d’y recourir « si le Conseil de sécurité de l’ONU rejette une demande de fixer un délai de trois ans pour le retrait d’Israël jusqu’à ses frontières de 1967 ». Or, ces « frontières de 1967 » n’intéressent ni le Hamas (qui entend défaire Israël), ni l’Etat juif (pour qui elles n’ont aucun sens). Elles resteront nécessairement un vœu pieux du Président palestinien même si elles participent de la comédie du gouvernement d’Union nationale.

Comble de la comédie du gouvernement d’Union nationale, Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu se sont (de nouveau) secrètement retrouvés à Amman quelques jours avant que le cessez le feu ne soit annoncé, afin de faire en sorte que le Hamas ne puisse revendiquer la victoire. Ainsi, non seulement il n’y a pas d’unité entre le Hamas et le Fatah sur la conduite à tenir mais en outre, la Fatah se positionne toujours sen rival du Hamas pour ce qu’il en est de la sortie de la crise entre Israël et les palestiniens.

Il s’agit bien évidemment de l’un des paradoxes du fameux gouvernement d’Union nationale. Il tente de faire la synthèse entre deux thèses palestiniennes radicalement opposées et inconciliables et donne l’illusion d’un sens à la l’autre comédie qui est celle dite de la « cause palestinienne ».
Il faudra bien un jour qualifier les situations comme elle se présentent : il n’y a pas un mais deux Etats palestiniens, l’un sur une partie de la Cisjordanie contrôlée par l’Autorité Palestinienne (avec Ramallah comme capitale), et l’autre sur la bande de Gaza avec Gaza comme capitale. Il n’y aura pas non plu de paix avec les palestiniens, en l’absence de guerre, mais juste l’établissement de relations diplomatiques lorsque les parties seront prêtes pour les mettre en œuvre.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach .

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jacqueline

Ils ne font que ça « du cinéma » Je t’aime moi non plus.

Le hamas, bandes terroristes et ces arabes vivants en JUDEE SAMARIE appelée Palestiniens, sont en réalité, tous les deux d’accord pour faire la guerre à Israël.

Ce peuple vit de dons, de subsides, fournis par les bailleurs de fonds que sont l’ONU, les Emirats,les Européens,les USA.
Toute cette richesse qui tombe dans l’escarcelle du hamas et compagnies les a poussé à faire la guerre contre l’ETAT D’ISRAEL, seul état démocratique du moyen orient.

LA PREUVE TOUS CES BAILLEURS DE FONDS SE PRECIPITENT POUR RECONSTRUIRE LA BANDE DE GAZA EN FAIT, C’EST POUR FAIRE RENAITRE LE HAMAS.

SANS CETTE MANNE LA BRANCHE ARMEE DU HAMAS MEURT ET PLUS DE GUERRE;.