“c’est un miracle que je sois en vie”

Après l’attaque syrienne le 6 octobre 1973, Itshak était parmi les premiers à tirer sur les tanks ennemis. Il en a détruit des dizaines au sud du Golan. Déconnecté du monde extérieur, il a du subir 8 longs mois de captivité dans les prisons en Syrie. “J’étais certain qu’Israël n’existait plus”, se souvient-il. Itshak raconte l’histoire incroyable et peu racontée d’un soldat prisonnier de guerre, 40 ans après les faits.

À la veille de la Guerre de Kippour en 1973, Itshak était tankiste sur le front nord d’Israël. Il n’avait plus que six mois d’armée à faire. “Si je participe à une guerre, ce sera surement en tant que réserviste”, il avait l’habitude de penser. Entre Roch Hachana et Yom Kippour, un officier des renseignements a informé les soldats de la présence d’une grande quantité de forces syriennes près de la frontière. “Comment allons-nous faire face à de tels forces?”

Le 6 octobre, le bataillon d’Itshak est sur le terrain. “J’étais dehors en train de me reposer quand tout à coup, j’ai entendu des explosions. J’ai appelé le reste des soldats pour nous préparer au combat.” Les soldats sont montés dans leurs tanks. “Nous avons traversé la frontière mais n’avons vu aucun tank. Ils tiraient depuis des positions lointaines.”

La nuit tombée, la force dont faisait partie Itshak (trois tanks) a aperçu des tanks syriens traversant la frontière. Itshak a pris position à un croisement stratégique. Une fois tous les 30 tanks syriens à la portée des soldats de Tsahal, ils ont ouvert le feu et les ont tous détruit. “Ils n’ont même pas eu le temps de nous tirer dessus”, se rappelle Itshak.

L’équipe d’Itshak a alors décidé de retourner au poste militaire de Tel Saki. Arrivé sur place, ils prennent des munitions d’autres tanks. Un major, arrivé plus au poste militaire, leur ordonne de le suivre. Attendant les ordres du Commandement du Nord, ils se retrouvent coincés et sont pris en cible par des commandos syriens, cachés non loin de là. “Il était déjà nuit, nous avons décidé de tirer dans leur direction sans vraiment savoir où nous tirions.”


Tank de Tsahal dans le Golan en 1973

“Au matin du 7 octobre, alors que les tirs devenaient plus rares, un soldat de Tsahal d’une autre brigade est venu nous demander de l’aide car un de ses amis était blessé plus loin sur la route, à une centaine de mètre de notre position. Le commandant de mon tank ne m’a pas autorisé mais j’y suis allé de toute manière. Le soldat n’avait aucun matériel de secours alors je lui ai donné le mien.”

“Tout à coup, j’ai senti le sol tremblé. j’ai regardé au loin et j’ai vu des tanks T-62 syriens s’approcher. J’ai couvert le blessé et mis ma tête dans le sol. J’étais certain qu’ils nous apercevraient et nous tueraient. C’était la fin. Heureusement pour nous, les Syriens conduisent leurs tanks sans avoir de soldat à l’extérieur guidant le tank, ils font confiance à la vision depuis l’intérieur du tank. Ils ne nous ont donc pas vu.”


Tankistes de la compagnie d’Itshak

“J’ai rejoint mon équipe et nous sommes revenu au poste de Tel-Saki. Je ne voulais plus bouger, je voulais mourir dans mon tank.” Ils ont alors couru depuis leurs tanks quelques centaines de mètres pour rejoindre leur bunker. À l’intérieur, 20 autre soldats, certains blessés, certains morts. Le silence régnait. Entendant les Syriens s’approchés, les gardes du bunker sont rentrés à l’intérieur. Une grenade est lancée à l’intérieur. L’espace étant très petit, les premiers corps ont le plus souffert de l’explosion alors que d’autres ont été simplement blessé. “J’ai été blessé à ma tête et à ma jambe. Un de nos officiers nous a ordonné de sortir et de nous rendre. Tout le monde avait peur mais j’ai décidé de sortir”, raconte Itshak.


Bunker de Tel Saki

“Je me suis retrouvé face à face avec deux soldats syriens, à une distance de 5 ou six mètres. Ils m’ont d’abord tiré dessus. Miraculeusement, ils ne m’ont pas touché. Je suis ressorti du bunker et ils m’ont demandé combien nous étions dans le bunker ? J’ai répondu : quatre, les trois autres sont morts, je suis le seul survivant. Ils ont alors décidé de me capturer.”

Itshak est monté sur un véhicule blindé où il a vu d’autres soldats et officiers de Tsahal. Ils ont ensuite été transférés dans des véhicules civils pour être transporté au quartier général de l’armée syrienne à Damas pour être interrogé.

“Il m’a parlé dans une hébreu parfait. Il pensait que j’étais un pilote à cause de ma tunique bleue, qui était donnée aux soldats d’excellence chez les tankistes. Il m’a clairement fait comprendre que si les soldats syriens l’avaient su, ils m’auraient tué sur le champ.”

“Je n’avais rien à cacher car je ne détenais pas vraiment d’informations secrètes.” Les Syriens l’ont emmené dans une chambre avec 8 autres Israéliens. Personne ne parlait. “Nous entendions des cris horribles, nous savions qu’ils torturaient nos soldats”. Les soldats recevaient que très peu de nourriture, les réveillant sans cesse et les frappant. C’était maintenant au tour d’Itshak de rentrer dans la chambre de torture.


Itshak dans la prison syrienne (deuxième en partant de la droite)

“Je suis entré et j’ai vu tous leurs instruments… Je me suis évanoui plusieurs fois. Je n’avais rien à dire.” Itshak a ensuite été transféré vers une prison avec plus de 30 prisonniers dans sa cellule. “Nous n’avions pas de douches et n’avons pas vu la lumière du jour pendant longtemps. Les conditions étaient difficiles. Nous donnions des noms à nos gardes de prison. Nous savions qui était violent et qui ne l’était pas. Parfois, ils nous forçaient à nous taper entre Israéliens.”

“Je tenais le coup et faisait énormément d’exercices. Après deux mois et demi, ils nous ont donné notre première douche. C’était court mais nous étions tellement contents.” Les soldats n’étaient bien évidemment pas au courant de l’actualité et ne savaient pas comment la guerre s’était terminée. “J’étais certain qu’Israël n’existait plus. Ils répétaient sans cesse ‘Tel-Aviv, disparue. Jérusalem, anéantie’”. Vu les conditions dans lesquelles il a quitté Israël, il était logique qu’il pense de cette manière.


Soldats prisonniers

Après 5 mois, Itshak a reconnu un nouvel arrivant. Il s’agissait du soldat blessé qu’il a sauvé alors que des tanks syriens passaient à côté d’eux. “Il m’a raconté que tous les soldats du bunker ont été tués.” La Croix-Rouge est alors venue les visiter.

Ils réalisaient enfin qu’Israël avait survécu. Itshak était alors pris d’une nouvelle peur : “j’étais terrifié à l’idée de rencontrer les familles qui ont perdu quelqu’un dans ce bunker.” Les conditions se sont améliorées, nous avons reçu nourriture et produits d’Israël.

“Un jour, ils nous ont annoncé ‘vous rentrez à la maison’. Nous n’étions pas trop excités car ils nous l’avaient déjà fait croire à plusieurs reprises avant de nous remettre en prison. Ils nous ont amené à l’aéroport de Damas et une fois qu’on était dans l’air, on y a cru. Après 8 mois, je rentrais enfin à la maison. Nous avons reçu un accueil incroyable, mais intérieurement, je ne pouvais pas être content. Je pensais à tous les soldats morts de Tel-Saki.”

“Je cherchais un taxi et un d’entre eux s’est approché de moi ‘Itshak, tu te souviens de moi?’, je ne le connaissais pas. ‘Tu m’as sauvé la vie et celle de beaucoup d’autres soldats’. Je lui ai demandé comment c’était possible et où étaient-ils ?”


Itshak à son retour en Israël

“Tout le monde attend dehors pour te voir”, raconte le chauffeur de taxi. Itshak a enfin pu sourire, ses efforts n’ont pas été en vain. Jusqu’à aujourd’hui, il ne comprend pas comment il a pu sortir vivant de cette histoire.

Il était temps de commencer une nouvelle vie en Israël. “Mon plus grand désir était de revenir au Golan”, explique Itshak qui vit aujourd’hui à Katsrin, pas loin de l’endroit où il a été capturé. Il a quatre enfants, tous combattants.

La brigade d’Itshak, la 188ème brigade du Corps Blindé a stoppé l’avancée des Syriens dans le Golan et les a repoussés en Syrie.

Blog Tsahal Article original

TAGS : Tsahal Golan Tanks Tel-Saki Yom Kippur War

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