Que va faire l’armée turque après l’incarcération de l’ancien chef d’état-major, le général Ilker Basbug ? Cette question est désormais sur toutes les lèvres en Turquie. « La peur des militaires ou l’attente de quelque chose de leur part a été imprimée dans notre code génétique », souligne dans le « Hürriyet » le commentateur politique Mehmet Ali Birand.
Et les Turcs ont encore du mal à intégrer la suprématie du pouvoir politique sur l’institution militaire.

La rumeur, selon laquelle « si Ilker Basbug est arrêté, les officiers démissionneront en masse », va bon train et « pas seulement dans les médias, les universités ou les entreprises », mais partout dans le pays.

Depuis l’arrivée au pouvoir il y a dix ans des islamo-conservateurs de l’AKP (Parti pour la justice et le développement), Ankara mène une sévère épuration de son armée, qui, depuis la fondation en 1923 de la République turque, s’était toujours proclamée comme le pilier de la nation quitte à confisquer aux civils le pouvoir quand elle le jugeait nécessaire.

Des centaines d’officiers turcs croupissent aujourd’hui en prison souvent dans l’attente de procès intentés sous des motifs parfois futiles. Mais l’arrivée du général à la retraite Basbug, à la prison de Silivri près d’Istanbul, sous les motifs de direction d’une organisation terroriste et tentative de renversement du gouvernement, notamment à travers la création de sites Internet, a envoyé une onde de choc. Car si le pouvoir civil reprend ses droits, les tribunaux d’exception semblent faire eux de l’excès de zèle, selon les commentateurs.

Même si, comme le souligne le quotidien en langue anglaise « Todays Zaman », le général Basbug, à la tête d’une armée forte de 700.0000 soldats, a toujours utilisé tous les moyens à sa disposition pour maintenir la tutelle militaire sur la société turque et empêcher sa normalisation. Mais il reste que cette arrestation, inimaginable il y a quelques années, intervient alors que le gouvernement est loin d’avoir tenu ses promesses de réforme faites avant sa victoire éclatante aux dernières élections de 2011.

J. H.-R., Les Echos

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