L’un des journalistes vedettes de la télévision israélienne a annoncé qu’il voulait participer aux élections en 2013.Difficile d’imaginer deux hommes aussi différents ! Et pourtant, en moins de 48 heures, ils ont réussi à mettre la scène politique israélienne en ébullition. Dimanche, Yair Lapid a annoncé qu’il démissionnait de son poste de présentateur vedette du grand journal du vendredi soir sur la seconde chaîne de la télévision israélienne pour se lancer en politique. Une bombe, même si des rumeurs en ce sens couraient depuis plusieurs mois.

Deux députés du Likoud (droite nationaliste) et Kadima (centre droit) avaient préparé un projet de loi mettant en place une période de réserve d’un an pour tout journaliste désireux de se lancer dans la politique et de présenter sa candidature aux élections. Surnommé « la loi Lapid », ce texte avait pour but de barrer la route à l’enfant chéri des médias israéliens. On dit qu’il est l’un des journalistes les mieux payés du pays.

Fils de…

Tomy Lapid

Mais ce presque quinquagénaire n’a pas attendu les premiers jours de 2012 pour se retrouver sous les feux de la renommée. En fait, il en a senti les brûlures dès son enfance, comme fils de Tomy Lapid, lui aussi journaliste célèbre, passé à la politique en rejoignant, en 1999, le parti Shinouï (en français, « changement »), un mouvement centriste, libéral et surtout super laïque. Shinouï qui a eu son heure de gloire en obtenant 15 sièges de députés lors des législatives de 2003. Et il y a aussi sa mère : Shulamit Lapid, un des grands écrivains d’Israël.

Nul doute là-dessus. Yair Lapid est le fils de… Mais loin de se sentir écrasé par des parents à succès, il n’a cessé d’arpenter les allées de la création. Littéraire et médiatique, avec plus d’une dizaine de livres (romans, polars, ouvrages pour enfants, poésie), une rubrique hebdomadaire depuis plus de vingt ans dans le journal le plus lu en Israël, le Yediot Aharonot, sans parler d’une série télévisée diffusée en 2004. On compte enfin quelques incursions dans le cinéma, comme comédien. Sans doute son côté bête de scène. Il faut dire que notre homme a du charme à revendre, couronné d’un sourire ravageur qui lui a valu régulièrement le titre d’homme le plus sexy d’Israël. Autre titre de gloire obtenu sur vote du public en 2005 : la 36e place au hit-parade des 200 Israéliens les plus populaires de tous les temps.

Opposition divisée ?

Un CV en forme de recette à succès. D’où la question d’aujourd’hui : cela va-t-il continuer en politique ? Un monde impitoyable. Il en a fait l’expérience dès le premier jour. Quelques heures après son annonce, il se faisait voler la vedette par un autre homme très connu également, mais que personne n’attendait sur ce terrain : Noam Shalit, le père de Gilad, le soldat détenu pendant cinq ans, au secret, par le Hamas, qui a décidé de se présenter aux prochaines élections sous l’étiquette travailliste.

La plupart des Israéliens en sont tombés de leur chaise. Eux qui croyaient connaître cet ingénieur du nord du pays, passé de l’ombre à la lumière pour sauver son fils, ont découvert qu’il était, avec sa femme, membre du parti travailliste depuis 1996, à la suite de l’assassinat d’Yitzhak Rabin. Cette fois, Noam a pris la décision de franchir le pas après plusieurs rencontres secrètes avec la présidente travailliste, Shelly Yachimovich. En politique, certains se félicitent de son entrée dans la course à la Knesset et d’autres, parmi lesquels des députés et des représentants d’associations de victimes du terrorisme, parlent d' »utilisation cynique d’une tragédie personnelle ».

Une volée de bois vert à laquelle n’échappe pas Yair Lapid considéré par certains commentateurs comme celui qui va offrir sur un plateau d’argent une nouvelle victoire électorale à Benyamin Netanyahou. En effet, selon les sondages, le nouveau parti qu’il entend créer va diviser encore plus l’opposition centriste et renforcer ainsi le Likoud au pouvoir. En attendant, les experts se sont remis à leur calculette pour annoncer à qui devrait profiter l’effet Lapid + Shalit. Reste l’inconnue de taille : va-t-on vers des législatives anticipées ? C’est-à-dire avant la date prévue en février 2013 ? Il paraît que c’est dans l’air.

CORRESPONDANTE À JÉRUSALEM, DANIÈLE KRIEGEL – Le POINT.Fr
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Dptito30

J’espere que Yair sera moins raciste que son pere….
Shinoui n’a jamais tolere un Sepharade, mizrahi ou shwarzi dans son parti…
Enfin, nous sommes habitues « aux fils de  » qui croyaient mieux faire que leurs geniteurs.On a vu la montee de Shinoui et sa descente vertigineuse.