Voici un dossier spécial consacré au grand Sage, au saint Rabbi Méïr Baal ha ness.Il vécut durant la deuxième génération après la destruction du deuxième Temple ( dans les années 100). Rabbi Méir était fils de convertis, comme le furent aussi d’autres géants de la Torah tels que Chmaya et Avtalion, ainsi que Rabbi Akiva.

Lorsque Yaakov Avinou revint de la maison de Lavan et qu’il apprit qu’Essav le méchant sortait à sa rencontre avec 400 guerriers, il eut très peur, comme il est dit (Béréchit 32:8): « Yaakov s’effraya beaucoup et fut angoissé ».

Rachi commente le verset: Il eut peur d’être tué et fut angoissé d’avoir à tuer autrui.

Pourquoi eut-il si peur d’avoir à tuer autrui?

Les Sages nous apprennent que le général Néron faisait partie des hommes importants d’Édom (Empire romain, descendant d’Essav), qui se convertit et vint s’abriter sous les ailes de la Shé’hina (Présence Divine) et eut le mérite que descende de lui Rabbi Méir.

Et aussi dans la Michna Rabbi Meir est appelé « les autres ». C’est pour cela que Yaakov eut peur de tuer Essav, il ne voulait pas empêcher la naissance future de Rabbi Méïr qui viendrait éclairer le monde.

(Épancher son cœur Le roi Salomon dit dans sa grande sagesse (Proverbes): « Celui qui porte un souci dans son cœur devra en parler ». Les Sages commentent: « Il devra en parler aux autres. » Ainsi, ils nous conseillent de parler à un ami intime ou à un Rav et de lui exposer notre problème. Peut-être saura-t-il trouver une solution à notre problème. Mais déjà rien que par le fait d’en parler, nous aurons enlevé un grand poids qui pèse sur notre cœur. De plus , en hébreu « aux autres » se dit « léha’hérim » qui est aussi le surnom donné à Rabbi Méïr. Autrement dit, celui qui a un problème qu’il se tourne vers Rabbi Méïr, qu’il adresse une prière en invoquant son mérite et si D-ieu veut, il sera exaucé.)

Le général Néron, envoyé pour détruire Jérusalem, à l’approche de la ville, tira une flèche en l’air et celle-ci retomba sur Jérusalem. Il comprit que du Ciel, cette ville devait s’écrouler. Face à cette situation, il rencontra un enfant juif à qui il demanda à réciter un verset. Celui-ci répondit: »Je livrerai ma vengeance contre Rome aux mains des enfants d’Israël ».

Une grande angoisse et inquiétude emplirent le cœur de Néron. Il chercha un subterfuge pour se désister de sa mission. Il quitta l’armée et s’enfuit au loin, là-bas il se convertit et reçut sur lui le joug de la Torah et des mitsvot et de lui descendit Rabbi Méïr Baal haNess.

Grâce à quoi le général Néron eut le mérite que de, lui descend un jour Rabbi Méir, la Tana?

Il est connu que l’Éternel rétribue le salaire mesure pour mesure. Comme Néron honorât la Torah en tenant compte du verset qu’avait récité l’enfant, ainsi naquit de sa descendance Rabbi Méir, qui éclairait les yeux des Sages dans l’hala ‘ha (la loi juive). De plus, il empêcha la destruction du Temple qui était la lumière du monde, c’est pour cela que sa descendance naquit Rabbi Méïr qui brillait dans la Torah. En outre, Néron s’émerveilla du miracle dont il fut témoin avec les flèches qu’il tira dans les quatre directions, toutes partant vers Jérusalem. C’est pour cela que le nom complet de Rabbi Méïr est Rabbi Méïr Baal haNess: le faiseur de miracles.

Au début, Rabbi Méir apprit la Torah chez Rabbi Akiva, lors d’une époque d’oppression des non-juifs contre le judaïsme, les Romains interdisant alors aux juifs de réciter le Schéma Israël, ainsi que le témoigne Rabbi Méir:

Une fois, nous étions assis devant Rabbi Akiva à la maison d’étude et nous récitions le Schéma Israël en silence, car un gardien romain se tenait à la porte de la maison d’étude pour surveiller que personne n’enfreignait la loi.

D-ieu de Rabbi Méïr réponds-nous!

Bérouria, la fille de Rabbi Haninia ben Teradium, savait que sa sœur demeurait dans un établissement aux mauvaises mœurs. Si la tsadéquette fût punie si honteusement, c’est parce que l’Éternel est pointilleux avec les justes comme l’épaisseur d’un cheveu. Une fois, elle marchait dans la rue pudiquement devant des notables romains et elle entendit qu’ils faisaient des compliments sur son allure: « Regarde quelle démarche gracieuse et pudique a cette jeune fille! » En entendant cela, elle rendit sa démarche encore plus gracieuse. Elle fut punie pour cela. Bérouria implora Rabbi Méir: « J’ai de la peine et de la honte de savoir ma sœur résider dans un tel endroit. Peux-tu faire quelque chose pour elle? »

Rabbi Méir se déguisa en Perse non-juif, vint la trouver et essaya de la séduire et à l’inciter à commettre un péché, mais la tsadequette le repoussa par toutes sortes de prétextes et l’on put reconnaître dans ses paroles qu’elle était demeurée juste et pure.

Rabbi Méir aborda l’un des gardes de l’endroit et lui dit: « Libère-moi cette jeune fille! « Il lui répondit: « Je ne peux pas, je redoute l’autorité, car s’ils m’attrapaient, ils me tueraient. » Rabbi Méir lui tendit le sac d’or qu’il avait emporté avec lui et lui dit: « Prends pour toi la moitié de la somme et donne l’autre à ceux qui voudraient te dénoncer. »

« Mais que ferai-je lorsque j’aurai épuisé cet argent. Comment pourrai-je trouver grâce aux yeux du roi? « Il suffira que tu dises: Dieu de Méir réponds-moi! Et tu seras sauvé. »

Le gardien n’était cependant pas encore convaincu. « Qui se porte garant que cela marchera? » « Tu vas constater tout de suite que ça marche! » Il y avait à côté d’eux des chiens terriblement féroces, capables de déchiqueter et de manger un homme. Rabbi Méir prit des mottes de terre et les lança sur eux qui s’énervèrent. Ils s’approchèrent rapidement vers lui avec l’intention de l’assaillir. Rabbi Méir, parfaitement calme, dit sur un ton serein: « D-ieu de Méïr réponds-moi! » Subitement, les chiens se calmèrent et s’éclipsèrent. Le gardien resta pantois à la vue de ce miracle et accepta de libérer la jeune fille.

Quelques jours plus tard, la nouvelle parvint aux oreilles du pouvoir et le gardien fut condamné à mort par pendaison pour ne pas avoir rempli son travail. Lorsqu’ils arrivèrent au lieu de la pendaison et que le bourreau passa la corde au cou du gardien, ce dernier murmura: « D-ieu de Méïr réponds-moi! » La potence s’écroula et ils ne purent le pendre. Ils redressèrent le mat, mais au moment de pendre le gardien, la potence s’écroula une nouvelle fois. La scène se répéta plusieurs fois sous les yeux ébahis des Romains par ce phénomène. Ils demandèrent au gardien: « Es-tu un sorcier pour que la mort n’ait d’emprise sur toi? » Ce dernier leur raconta toute l’histoire. Tout de suite, il fut affiché aux portes de la ville la caricature de Rabbi Méïr et ils annoncèrent: « Celui qui trouvera cette personne l’attrapera et le livrera aux autorités! »

Quelque temps après, Rabbi Méir fut identifié par un groupe de gens qui tentèrent de l’attraper. Il s’enfuit et se dissimula dans une cuisine où des mets pour non-juifs étaient apprêtés. Il trempa un doigt dans la casserole et suça le deuxième. Ses poursuivants crurent qu’il goûta du porc et, donc, pensèrent qu’il ne s’agissait pas du Rabbi Méir.

Note du Maharsha: Lorsque Rabbi Méir invoque l’Éternel en disant: « D-ieu de Méïr réponds-moi! », il n’a pas l’intention de mentionner son nom, car D-ieu n’associe pas son nom avec les tsadikim de leur vivant mais son intention est de dire: « D-ieu qui brille (Méïr en hébreu) sur la terre et sur ses habitants, réponds-moi!

Les péchés cesseront à la surface de la terre.

Parmi les voisins de Rabbi Méïr habitaient des voyous qui lui causèrent beaucoup de mal. Rabbi Méir pria l’Éternel qu’il le prenne en pitié (et pour ce faire, Dieu serait amené à les supprimer). Berouria, la femme de Rabbi Méïr lui dit: Pourquoi pries-tu dans un but qui les conduira à leur perte, est-ce à cause du verset que tu as appris « les péchés cesseront à la surface de la terre? » Il n’est pas marqué « les pécheurs », mais « les péchés », de plus, consulte la suite du verset: « et il n’y a plus de mécréants ». Comme il n’y eût plus de péchés, il n’y a plus de pécheurs. C’est pourquoi il vaut mieux que tu invoques la miséricorde afin qu’ils se repentent de leurs mauvaises actions et ainsi disparaîtront leurs mauvaises passions. Alors, se réalisera le verset: « et il n’y a plus de méchants ». Les paroles de Bérouria impressionnèrent Rabbi Méir qui changea la conduite à adopter et implora la miséricorde sur ses voisins, afin qu’ils cessent leurs péchés et qu’ils fassent téshouva. Ainsi en fut-il. Les voyous devinrent de vrais repentis.

Le mérite éternel de Rabbi Méïr Baal haNess.

Une fois, Rabbi ‘Haïm Vital demanda à son Rav, le saint Ari zal: « Est-ce vrai que Rabbi Méir est enterré debout? » « C’est vrai,  » répondit-il. Rabbi Méïr fut enterré debout et non pas couché comme les autres juifs, car chaque Tsadik, de son vivant, par son attachement aux gens de sa génération, les protège tous par son mérite. Mais lorsqu’il quitte ce monde, il perd son contact avec ce monde-ci et son mérite ne protège plus autant qu’avant. C’est pour cela que l’on pleure sa disparition, à cause du vide qu’il entraîne dans sa génération. Concernant Rabbi Méïr Baal haNess, grâce à la racine très élevée de son âme, il protège la génération comme de son vivant, même après son départ de ce monde. Son mérite intercède pour tous. Rabénou Yossef ‘Haïm de Bavel écrit: « Ce n’est pas pour rien que toutes les communautés d’Israël ont la coutume de prononcer des vœux au nom de Rabbi Méïr Baal haNess. C’est afin de réveiller le mérite du Juste pour qu’il nous protège. » Le mérite de Rabbi Méïr s’apparente à un arbre vigoureux planté et se tenant bien droit. Et non pas a un arbre arraché qui gît par terre. C’est pour cela que Rabbi Méïr est enterré en position verticale, venant nous faire une allusion à son mérite qui ressemble à un arbre vigoureux aux fortes racines et se tenant bien droit.

Cette tombe se trouve sur les rivages du Lac de Tibériade : devant le lac et derrière la beauté des montagnes de Galilée : un paysage superbe. Depuis des temps immémoriaux s’y trouve la tombe d’un Sage qui avait fait le voeu de ne pas se coucher jusqu’à ce que le Machia’h (Messie) ne vienne et, en conséquence, il fut enterré debout. Au long des siècles, la tombe a été référée à divers Sages du nom de Ribbi Méïr, d’abord le plus important, si l’on peut dire, celui de la Michna, le Tanna Ribi Méïr dont la yeshiva se trouvait à Tibériade.

Il décéda le 14 Iyar.

Au 13e siècle, on y parla aussi de Rabbi Méïr Katsine et de Méïr ben Yaâqov qui monta vers la terre d’Israël avec la alyah de Ribbi Yé’hiel de Paris. Egalement Ribbi Méïr ben Yits’haq. En tout cas, la date du 14 Iyar resta pour l’hi loula (fête célébrant le jour du décès, vu comme l’achèvement glorieux de la sainteté du Sage) de ces Ribbi Méir.

Je vous rappelle que sa hilloula est les 14 yars ( 6 mai 2012) chabbat Chalom

Serge Drai – Rabbin et Aumônier

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