Les services secrets russes ont annoncé, lundi 27 février au matin, avoir déjoué un complot islamiste visant le premier ministre russe, Vladimir Poutine, grand favori de l’élection présidentielle du 4 mars.

Une annonce qui intervient au lendemain de la grande manifestation anti-Poutine de dimanche qui a réuni quelques milliers de personnes. Le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, a tout de suite confirmé l’information, mais s’est refusé à tout commentaire, selon l’agence russe Interfax.

La semaine dernière, la plupart des sondages annonçaient une victoire écrasante de l’ex-agent du KGB, crédité de 58,7 % des suffrages dès le premier tour par l’institut public FOM, et de 66 % par l’institut indépendant, Centre Levada. Mais la persistance des manifestations réclamant le départ de Poutine du Kremlin incite le candidat à rester sur ses gardes.

L’INFO TOURNAIT DEPUIS UN MOIS EN UKRAINE

La révélation, lundi, par la télévision d’Etat, Perviy Kanal, du démantèlement d’un complot anti-Poutine, arrive à point nommé. Selon les informations données par la chaîne, deux islamistes auraient été arrêtés en lien avec l’explosion d’une bombe, le 4 janvier, dans un appartement d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, dans laquelle une personne a été tuée. Le groupe serait arrivé des Emirats arabes unis via la Turquie et devait apprendre en Ukraine à préparer des bombes avant de se rendre à Moscou pour faire sauter des bâtiments et essayer d’assassiner Vladimir Poutine. Dans une déclaration filmée, l’un des deux présumés terroristes avoue : « Notre objectif était d’aller à Moscou et d’essayer d’assassiner Poutine. Nous pensions le faire après l’élection du président de la Russie. »

Toujours d’après la chaîne, les deux hommes – identifiés comme Adam Osmaev, un citoyen russe originaire du Caucase, et Ilvi Pianzine, un citoyen du Kazakhstan – auraient affirmé travailler pour le leader tchétchène islamiste Dokou Oumarov, ennemi numéro un du Kremlin. Ce dernier avait décrété, début février, la fin des attaques contre des civils en Russie, mais appelé à poursuivre les attentats contre les « officiels », sur une vidéo postée par le site rebelle tchétchène kavkazcenter.com.

« MANIPULATION ÉLECTORALISTE »

La nouvelle de cet attentat était connue en Ukraine depuis le début du mois de janvier. Ce n’est que ce lundi qu’elle a fait la une de l’actualité en Russie. Pour Frédérique Longuet-Marx, maître de conférence à l’université de Caen et spécialiste de l’islam et de l’identité nationale dans le Caucase, « il s’agit très clairement d’une manipulation électoraliste ». « Vladimir Poutine souhaiterait seulement avoir un score électoral un peu plus gonflé et joue sur la peur des Tchétchènes. »

Depuis plus de dix ans, Vladimir Poutine a en effet construit son image d’homme fort de la Russie autour de son combat acharné contre les terroristes tchétchènes. « C’est grâce aux attentats de 1999, montés de toutes pièces par les services spéciaux russes, que l’opinion publique s’est montrée prête à reprendre la guerre contre la Tchétchénie » interrompue en 1996 par les accords de Khassaviourt »>Article original, rappelle Frédérique Longuet-Marx. Aujourd’hui contesté par une part grandissante de la population, le premier ministre s’empresse de ressortir l’éventail du terrorisme tchétchène qui lui a tant réussi.

D’autres éléments paraissent douteux. L’identité des suspects, d’abord. « Osmaev est totalement inconnu au sein de la mouvance tchétchène, et le patronyme »>Article original ‘Pianznie’ ne sonne absolument pas kazakh », explique Frédérique Longuet-Marx. Cette dernière s’étonne également de l’organisation des présumés terroristes : « Cela n’a pas de sens, pour un terroriste islamiste, de se réfugier en Ukraine. Les lois sont exactement les mêmes qu’en Russie. »

Le Monde.fr

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