Je ne vous cache pas que j’ai été pris d’un fou rire lorsque j’ai lu, hier jeudi, une dépêche d’agence européenne qui reprenait, fidèlement, la grotesque version syrienne concernant l’attentat survenu hier à Damas. L’explosion était due, paraît-il, à un pneu d’autocar, un pneu trop gonflé qui aurait explosé, un pneu trop gonflé comme la version syrienne de cet attentat est trop gonflée. Il est vrai qu’en matière d’attentats, les Syriens sont en général initiateurs et non pas victimes. Dès lors, leur savoir faire en matière d’information lorsqu’ils sont eux-mêmes victimes d’attentats, ce savoir faire est proche de zéro, ou, si vous préférez, ce savoir faire est nul. Ci-dessous, je publie une version adaptée de l’analyse effectuée hier, sur cet attentat, par MediArabe.info.


« Syrie : une explosion et des victimes à Damas »

Entre une bouteille de gaz et un pneu d’autocar, le mensonge est grotesque

Des Iraniens, en pèlerinage à Saïda Zeïnab, auraient été visés. Saïd Jalili annule une conférence de presse et se rend sur les lieux de l’attentat le jeudi 3 décembre 2009 à 9:53.

MediArabe.info

Adaptation : Michel Garroté

Selon la télévision Al Arabiya, une explosion s’est produite hier, jeudi 3 décembre 2009, le matin, dans la banlieue de Damas. La déflagration s’est produite dans le quartier Saïda Zeïnab, très fréquenté par les pèlerins chiites. Selon des témoins, l’attaque a visé des pèlerins iraniens. Ci-après, la chronologie des faits telle qu’elle a été relatée, hier jeudi, par MediArabe.info (Adaptation : Michel Garroté)

9:53. Aucun détail n’est encore disponible concernant le nombre des victimes et leur nationalité, bien que des témoins interrogés par la télévision Al Arabiya évoquent que plusieurs personnes ont été tuées, et d’autres blessés, notamment parmi les Iraniens. Selon les dernières informations diffusées par la télévision Al Arabiya, des dizaines de personnes auraient été tuées et blessés dans l’explosion. Celle-ci s’est produite à proximité de l’Hôpital Khomeïny situé dans le quartier de Saïda Zeïnab, très fréquenté par les pèlerins chiites. L’explosion a visé un car transportant des Iraniens. Le ballet incessant des ambulances atteste que le nombre des victimes est important.

10:25. Selon le site libanais Now Lebanon, Saïd Jalili, le chef du Conseil national iranien de Sécurité nationale et principal négociateur iranien dans le dossier nucléaire, en visite à Damas, a annulé une conférence de presse prévue dans la capitale syrienne, et s’est rendu sur le lieu de l’attentat. Jalili est arrivé mercredi soir en Syrie pour une visite de deux jours, qui, selon le quotidien syrien Al Watan, vise à « renforcer l’alliance stratégique entre Damas et Téhéran, et à mettre les responsables syriens au courant des derniers développements du dossier nucléaire iranien ». L’explosion de Saïda Zeïnab contre des pèlerins iraniens est-elle une pure coïncidence avec la présence de Jalili à Damas ? Ou s’agit-il d’un message sanglant adressé à Damas pour le mettre en garde contre le renforcement de son alliance avec Téhéran ? En attendant une réponse à ces interrogations légitimes, certains observateurs rappellent que la Syrie, qui a longtemps exporté le terrorisme, déguste aujourd’hui les souffrances qu’elle a fait subir à ses voisins, notamment en Irak. S’agit-il alors d’un retour à l’expéditeur ?

11:45. Plusieurs sources syriennes affirment que les forces de sécurité ont bouclé le quartier et interdit quiconque de s’en approcher. Après le bouclage de la zone, les médias iraniens et syriens ont tenté de minimiser l’importance de l’explosion. La télévision iranienne souligne en effet que « l’explosion de Damas serait accidentelle, due à une bouteille de gaz », et affirme que « l’autocar qui a été soufflé par l’explosion était vide ». « Son chauffeur s’était rendu à une station-service pour faire le plein ». Selon les médias syriens, l’explosion a fait trois morts, un ressortissant iranien et deux syriens employés de la station-service. D’autres sources affirment au contraire que le bilan est plus lourd, évoquant au moins six morts. Le ministre syrien de l’Intérieur écarte à l’instant l’éventualité d’un acte terroriste, précisant qu’il s’agit de « l’explosion du pneu de l’autocar », qui a quand même soufflé les vitres des immeubles voisins !

La Syrie tente ainsi de minimiser l’importance de l’explosion. Généralement, les Syriens accusent, avec précipitation, Israël, les États-Unis ou les mouvements islamistes radicaux « qui ont proliféré en raison de la politique américaine et israélienne », selon la terminologie syrienne. Or, en attribuant l’explosion à une bouteille de gaz ou à un pneu, la Syrie semble avoir avalé une couleuvre. Dans ce cas de figure, deux hypothèses s’imposent : l’explosion pourrait avoir résulté de la lutte intestine qui oppose, au sein du régime syrien, d’une part, le courant dit modéré qui souhaite prendre ses distances avec Téhéran et s’ouvrir à l’Occident et aux pays arabes ; et d’autre part, l’aile radicale favorable à la poursuite et au renforcement de l’alliance avec la République islamique d’Iran. L’explosion serait l’œuvre de l’Iran, dans l’objectif de rappeler la Syrie à l’ordre. Téhéran craint en effet que le régime de Bachar Al-Assad, très courtisé notamment par la France, ne rompe l’alliance stratégique qui le lie à Téhéran depuis quatre décennies. Ces deux hypothèses confirment l’existence de divergences entre Damas et Téhéran et relancent les interrogations sur la destination (ndmg : Hamas ? Hezbollah ?) des armes iraniennes saisies par Israël, le 3 novembre dernier, à bord du cargo Francop.

MediArabe.info

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