La réussite des Juifs et d’Israël pose un défi de l’ordre d’une véritable menace existentielle pour la vision du monde des intellectuels de gauche. La plupart des Juifs sont perplexes et déconcertés, par les réactions des commentateurs gauchistes sur les évènements du Moyen-Orient. Lorsque des Syriens taillent en pièce d’autres Syriens, cela provoque relativement peu ou pas le moindre tollé, pas de levée de boucliers, non plus, quand des Irakiens assassinent, quotidiennement, depuis dix ans, d’autres Irakiens, alors que le moindre doigt écorché d’un Palestinien par une balle israélienne, serait-elle en caoutchouc, invite à des éruptions d’indignation qui peuvent, alors, s’en donner à cœur-joie. La dissonance cognitive des élites gauchistes a atteint de telles proportions, que de nombreux Juifs s’accordent à dire que, probablement, l’antisémitisme, même déguisé, joue un rôle important, dans cette hostilité généralisée à l’encontre l’Israël.


Noam Chomsky.

Affirmer que la critique d’Israël est une manifestation de sentiments antisémites est un jeu risqué. Après tout, de nombreux détracteurs d’Israël sont profondément énamourés des thèses de penseurs juifs, tels que Marx, Trostky et Walter Benjamin et ils comptent, parmi leurs principaux alliés des personnalités juives, comme Noam Chomsky et Ilan Pappe. Ainsi, pouvons-nous encore verser leur attitude dans la catégorie des antisémites, sans que cela se retourne contre nous ? Ou est-on vraiment en train de rendre le plus mauvais service qui soit au peuple juif, en stigmatisant les ennemis gauchistes d’Israël, de la même façon qu’on le ferait envers de réels Nazis génocidaires ?

Pour tenter de répondre à ce problème, on doit se rappeler que l’antisémitisme nazi était bien pire qu’une simple aversion esthétique pour les traits faciaux stéréotypés comme « juifs ». Le Nazisme vomissait les valeurs qu’incarnent la Torah et la tradition juive, qu’on nomme : Justice, compassion et amour pour le démuni et l’étranger. Il ne s’agit pas d’une simple coïncidence, que ceux guidés par la croyance que le faible doit servir le fort, percevaient, dans l’éthique juive, une menace intellectuelle et éthique du plus haut niveau. Ainsi, peut-on dire que l’antisémitisme racial des Nazis était, purement et simplement, un prétexte en comparaison de son véritable antisémitisme spirituel et éthique, bien plus profondément ancré.

De nos jours et pour notre génération, la menace que pose l’antisémitisme d’extrême-droite est supplanté par l’antisémitisme spirituel de la gauche. En fait, la réussite sociale des minorités juives dans le monde occidental, qui n’est encore rien, en comparaison des surprenantes réalisations économiques et scientifiques de l’Etat d’Israël, sont totalement insupportables pour les gauchistes. La raison en est fort simple : la réalité fait voler en éclats le romantisme culturel et la vision du monde social de la gauche. Si les seconde et troisième générations de Juifs d’origine nord-africaine s’intègrent et réussissent dans les sociétés européennes, alors que leurs pairs musulmans peuplent les ghettos urbains, cela devient extrêmement compliqué de prétendre qu’il suffirait de dénoncer le Racisme, les coupes budgétaires dans l’aide sociale et l’aliénation capitaliste, pour les accuser d’être les uniques responsables des problèmes sociaux les plus pressants du monde occidental.

Mettre en valeur des lignes de force triées sur le volet

De la même façon, si Israël, en tant qu’économie démocratique de libre-échange, peut se vanter de tableaux impressionnants à afficher, en matière de développement humain, alors que ses voisins s’enfoncent dans le bourbier de la pauvreté et des conflits, il devient particulièrement épineux de persuader les gens que les institutions politiques et économiques occidentales sont coupables de tous les maux de la région. Il devient, ainsi, évident que les Juifs et Israël posent un défi, qui est une véritable menace existentielle pour la vision du monde des intellectuels de gauche. Cette menace ne peut être conjurée qu’en mettant en lumière, avec une diligence particulièrement disproportionnée, tout abus ou toute micro-injustice commise par les Juifs Israéliens, puisque procéder ainsi est absolument crucial pour la crédibilité de la gauche populiste.

Si on veut atténuer l’antipathie naturelle des gauchistes envers Israël, cela ne sert à rien de faire étalage des réalisations économiques et technologiques de l’Etat Juif. En procédant ainsi, on ne fait jamais qu’exacerber la conviction gauchiste bien ancrée qu’Israël est bien l’enfant gâté de l’Occident. Au lieu de quoi, Israël ferait mieux de mettre en valeur des lignes de force, triées sur le volet, comme les quelques kibboutzim, où la propriété communautaire s’est épanouie, ou encore de présenter des couples homosexuels arabe et juif, heureux de vivre à Tel Aviv, bref une société contrastée, pleine de ressources et de nouveaux enjeux et défis éthiques, moraux à relever.

En outre, pour rassurer tout-à-fait ces intellectuels qu’Israël est un autre excellent exemple de la façon dont les marchés de libre-échange menacent le bien-être de la société, Israël n’a rien à cacher au public, de ses problèmes intérieurs, comme la pollution, la pauvreté, l’alcoolisme, l’usage de drogue et les façons de les combattre. Ce genre d’approches a plus de probabilités de gagner la bataille des cœurs et des esprits empreints de théories gauchistes, en laissant transparaître une face plus « humaine », que de vanter les dernières réalisations dans les domaines du high-tech et des affaires.

A moins que les Juifs ne réalisent que les ressentiments des gauchistes contre les Juifs et Israël constituent un phénomène qui a des racines bien plus profondes et ancrées que la présence de quelques barrages routiers près de Ramallah et d’Hébron, ils continueront de mal diagnostiquer cette maladie, ainsi que la thérapie de choc nécessaire pour la traiter.

Rafael Castro

Publié le: 03.10.13, 20:01 / Israel Opinion

ynetnews.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

NDLR : il n’y a nul besoin d’être convaincu du bien-fondé des quelques exemples retenus par l’auteur, avec lesquels on peut être en désaccord, pour penser qu’il pose, au moins, le problème des risques de confusion sur qui est l’ennemi et l’adversaire, comment mieux connaître ses mobiles profonds et désamorcer ses réactions épidermiques totalisantes, souvent totalitaires, qui ont, le plus souvent, peu de rapport à la réalité des faits. Ce qui paraît certain, c’est qu’à répliquer radicalement, par les arguments radicaux inverses, on en reste au pur affrontement idéologique qui renforce l’idéologie adverse et ainsi de suite, ou cercle vicieux

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jankel

Vous n’êtes pas juif ou ne méritez pas de l’être si vous n’avez pas saisi que ces « arguments » étaient Humoristiques!

jankel

Benjamin a raison et je viens d’écrire à Mr D. Pipes que le juridoisme à l’Américaine ne sert à rien avec des nazis staliniens islamistes et autres Pol Pot… Il faurt en effet que cela change pour nous et pour ceux qui juifs ou pas déservent sans vergogne » la vérité ou simplement dont la santé mentale défaillante devrait les disqualifier…(Les Prof et Diplomates cinglés peuplent l’Histoire et Intelligence et Savoir ne garantissent pas contre la folie, et la folie antisémite, en particulier…..
Il ne faut donc pas négliger non plus cet article et ce qu’il permet de mettre en évidence rationnelle.

yapasbon

Nous perdons notre temps à faire aimer Israël par la Gauche: cela n’arrive plus. Et ceci pour plusieurs raisons à mon avis. Tout d’abord, les Juifs sont le peuple « élu » (je ne dis pas « élite ») et ceci ne peut pas aspirer à la Gauche qui elle est résolument « populiste », tournée vers la satisfaction des exclus, des droits pour la masse de la société etc. Il y a donc clash « culturel » à la base: nous sommes vus et confondus (à tort) comme un peuple « élite » et donc « aristocrate » au sens premier, alors que la Gauche se veut populiste. Le second point est que, quoi qu’on dise et qu’on fasse, la Gauche identifie à présent les arabes comme les victimes, et ceci sera d’autant augmenté que ceux-ci augmenteront les rangs de leurs électeurs (comme la dernière élection de FH le montre déjà). Donc en final, nous n’avons plus aucune entente possible avec la Gauche. Ceux qui y croient (encore) sont des doux rêveurs idéalistes qui finiront par rencontrer une déception ou désillusion lors d’un meeting ou autre événement de gauche: ce n’est qu’une question de temps jusqu’à ce que l’évidence les frappe. Mais tout ceci est une mécompréhension de ce qu’est au fond le Judaïsme, qui, depuis Hillel, prêche une seule parole de vérité: « ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’un autre te fasse ». Le Juif ne se veut pas fondamentalement mauvais, ni ne voudra tuer l’autre parce que l’autre n’est pas de sa même religion (contrairement aux autres religions). Et si Israël fait et doit faire ce qu’elle fait, c’est parce que le monde arabe la haït et veut la détruire. La Gauche refuse de voir que c’est dans le Coran et dans les livres des écoliers arabes que l’on prêche la haine du Juif: c’est une des sources du problème, et l’existence ou la non-existence d’Israël ne change rien à la donne. Le Judaïsme prêche la bonne entente, et l’Islam (notamment) prêche le prosélytisme violent (jihad). Mais ces raisons resteront des explications inutiles pour une Gauche qui a besoin de l’électorat des « opprimés ». Donc inutile d’essayer de les convaincre de nos explications (surtout les vaseuses sur l’homosexualité et autres faux semblants), car la Gauche restera de marbre.

plus de 50.000 mots

Moi même de gauche, je viens de ce milieux, ils sont ancrés dans une non réflexions et analyses sur la réalité du terrain. Ils répondent exclusivement sur le flash, sans vouloir, sans savoir réellement ce qui c’est passer avant et le pourquoi du flash…..Manque de curiosité ? et d’analyses? Ces vétérans de cette culture de haine, il y a plus grand choses à espérer d’eux, A part quelques cas isolé, tel était ma personne …… Le mieux je pense, c’est de travailler sur/avec, les personnes qui ne les suivent pas, les pas cadencés de la haine…..C’est à eux qu’ont doit leurs donner des explications et ils seront capable de comprendre ce qui c’est passé avant et le pourquoi du flash …….! Les réalisations d’Israël, les intéressent, les problèmes en générale aussi avec une historique souple, mais bien établi chronologiquement et par la même occasion dévoiler les contradictions des haineux exemple: Le boycott des produits Israéliens fait peser une grande menace de faire perdre à 20.000/30.000 emplois chez les dits Palestiniens……..!

yankel

Je suis d’accord avec Benjamin. Avec la gauche il n’y a rien à discuter. Ils sont puants. ils pensent qu’eux seules connaissent la vérité.

benjamin

je naime pas beaucoup ce genre d article qui coupe les cheveux en quatre .ces tentatives d explication me fatiguent . il faut tout simplement bien identifier nos ennemis et les combattre .par tous les moyens …tous .car ces gens savent qu ils ne risquent rien eh bien il faudrait que cela change ….

C Dugato

Petites corrections nécessaires….
Je ne suis pas loin de penser qu’il y a du vrai dans la théorie que nous présente l’auteur de cet article sur la frustration des nations de gauche. Par contre j’ai du mal à expliquer que des juifs et de surcroit Israeliens militent dans le même sens alors qu’ils connaissent les mécanismes de l’antisémitisme qui se sert souvent (l’histoire l’a montré) de causes qui semblent justes comme substrat pour se développer.

C Dugato

Je ne suis pas loin de penser qu’il y a du vrai dans la théorie que nous présente l’auteur de cet article sur la frustration des nations de gauche. Par contre j’ai du mal à expliquer que des juifs et de surcroit Israeliens militent dans le même sens alors qu’ils les mécanismes de l’antisémitisme qui se servent souvent (l’histoire l’a montré) de causes qui semblent justes comme substrat pour se développer.