La Maison Blanche s’est dite « consternée » mardi devant l’autorisation donnée par les autorités israéliennes à la construction de 900 logements dans Jérusalem-est annexée et a accusé Israël de compliquer la relance des efforts de paix avec les Palestiniens.
« Nous sommes consternés devant la décision prise par la commission de planification de Jérusalem » sur l’expansion du quartier de Gilo, a dit le porte-parole du président Barack Obama, Robert Gibbs, dans l’une des réactions les plus vigoureuses de la Maison Blanche à l’encontre d’Israël.
« Au moment où nous nous employons à relancer les négociations, de tels agissements rendent nos efforts plus difficiles », a dit le porte-parole de la Maison Blanche, mais aussi celui du département d’Etat, Ian Kelly.
La colonie israélienne Elon Moreh derrière le village palestinien Deir al-Hatab (au 1er plan), le 28 janvier 2009
Depuis son installation en janvier, toute l’énergie déployée par l’administration Obama pour essayer de relancer les discussions entre Israéliens et Palestiniens se heurte au refus du gouvernement de Benjamin Netanyahu de geler complètement la colonisation.
Mardi, huit jours seulement après des entretiens entre MM. Obama et Netanyahu à la Maison Blanche, le ministère israélien de l’Intérieur a autorisé la construction de 900 logements dans le quartier de Gilo, dans Jérusalem-est annexée.
Obama entre Netanyahu et Abbas le 22 septembre 2009 à New York
Israël a ainsi pris le risque de nouvelles frictions avec les Etats-Unis alors que les relations entre les deux grands alliés ont été caractérisées au cours des derniers mois par des tensions exceptionnelles.
C’est un nouveau coup porté à l’entreprise de M. Obama pour relancer le processus de paix.
Dimanche, les Palestiniens ont annoncé qu’ils demanderaient au Conseil de sécurité de l’ONU de reconnaître leur indépendance dans les frontières de 1967. La démarche a été désavouée par le gouvernement américain. Elle a été accueillie avec hostilité par M. Netanyahu qui a prévenu qu’Israël répliquerait à toute acte unilatéral par d’autres actes unilatéraux.
« Aucune des parties ne devrait entreprendre quoi que ce soit qui hypothèque ou paraisse hypothéquer les négociations de façon unilatérale », a dit le porte-parole de M. Obama. « Les Etats-Unis s’élèvent aussi contre d’autres pratiques israéliennes » à Jérusalem, comme « la pratique constante des expulsions et des démolitions de maisons palestiniennes », a-t-il dit.
« Notre position est claire: le statut de Jérusalem relève de la question du statut permanent » découlant d’un éventuel accord israélo-palestinien et « doit être résolu à travers les négociations entre les parties », a-t-il dit.
Benjamin Netanyahu et George Mitchell le 15 septembre 2009 à Jérusalem
Un haut responsable américain a indiqué sous couvert d’anonymat que George Mitchell, l’émissaire américain pour le Proche-Orient, avait été informé de l’imminence de la décision israélienne lors d’une réunion avec des responsables israéliens lundi à Londres et qu’il leur avait fait part de « la préoccupation » des Etats-Unis.
« Nous comprenons le point de vue israélien au sujet de Jérusalem, mais nous pensons que toutes les parties devraient maintenant (…) s’abstenir de tels actes », a dit le porte-parole du département d’Etat. Il a appelé « les deux parties à s’abstenir d’actes et de rhétorique qui entraveraient le processus » de négociations. « C’est une période difficile et nous devons nous concentrer sur ce qui est important », a-t-il insisté.
M. Kelly a ajouté que les Etats-Unis avaient eu lundi des discussions visant à « décourager tout appel unilatéral à la reconnaissance d’un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza » par le Conseil de sécurité de l’ONU.