C’est un «ami d’Israël» qui est venu parler hier soir, mercredi, aux représentants de la communauté juive de France. Invité d’honneur du dîner du Crif, Conseil représentatif des institutions juives de France, où le tout Paris politique, de gauche comme de droite, est chaque année convié, le président de la République a voulu rassurer.

«Les manifestants de Tunisie ou d’Égypte n’ont pas crié ‘à bas l’Occident, à bas l’Amérique, ou à bas Israël’. Ils n’ont pas prôné un retour vers le passé d’un âge d’or islamique mythifié. Ils ne se sont attaqués à aucune minorité», a-t-il fait valoir face à un auditoire qui craint l’arrivée au pouvoir des islamistes en Egypte, et le retour des tentations guerrières à l’égard d’Israël.

Face aux dignitaires religieux, juifs, chrétiens, musulmans, réunis au pavillon d’Armenonville, dans le bois de Boulogne, Nicolas Sarkozy et le président du Crif Richard Prasquier ont salué la mobilisation en faveur de la démocratie au Caire comme à Tunis. «Ce début d’un printemps des peuples est encourageant parce qu’il est positif et parce qu’il est authentique», a plaidé le chef de l’Etat mais, a-t-il ajouté, «je me garderai bien de conclure trop vite». «Qui peut dire quelles seront les étapes à venir? Nous avons déjà eu tant de mal à distinguer les étapes précédentes! Qui peut exclure des dérives brutales ou totalitaires? Personne», a-t-il admis.

Sans répondre directement à Richard Prasquier, qui, en faisant d’Israël le «seul Etat démocratique de la région», a dénoncé le «boycott commercial» contre Israël, visant, selon lui, à le délégitimer et à «lui interdire les moyens d’assurer sa sécurité», Nicolas Sarkozy a plaidé que «la paix entre les Israéliens et les Palestiniens est un problème pour chacune de nos démocraties parce que sur ce conflit qui n’en finit pas, se nourrit le terreau du terrorisme et de l’extrémisme dont nous souffrons aussi». Il a voulu donner un signe fort en insistant sur «les racines juives de la France», au même titre que les «racines chrétiennes». «La présence du judaïsme est attestée en France avant même que la France ne soit la France, avant même qu’elle ne soit christianisée», a-t-il insisté.

Nicolas SARKOZY n’avait pas prononcé de discours au dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) depuis février 2008. Les événements en Tunisie et en Egypte l’ont peut-être convaincu qu’il fallait rassurer la communauté juive de France, inquiète de voir des pouvoirs islamistes s’installer aux portes d’Israël.

Au Caire, « les Frères musulmans peuvent provoquer le retour d’une rhétorique de guerre contre Israël », a alerté le président du Crif, Richard Prasquier. Une préoccupation que le chef de l’Etat partage en privé, soucieux de voir un jour un « Etat taliban aux portes de l’Europe ».

Hier, il a pris son auditoire à contrepied. Lui qui appelait, il y a peu, à la « prudence » face à la révolution de Jasmin en Tunisie et avait tardé à condamner la répression policière, a cette fois vanté la « portée historique » des événements à Tunis et au Caire. « Ce début d’un printemps des peuples est positif parce qu’il est authentique », a-t-il loué, sans exclure « des dérives brutales ou totalitaires ». « C’est notre devoir d’aider ces mouvements, ce qui ne veut pas dire nous ingérer, comme certains l’ont fait avec un certain manque de dignité », a-t-il achevé dans un tacle à la gauche… et à Barack Obama, pas cité, dont la gestion de ces événements a irrité l’Elysée.

Bien décidé à montrer qu’il est « l’ami d’Israël », Sarkozy a aussi innové : au risque de s’attirer des critiques, il a évoqué pour la première fois « les racines juives » de la France, au même titre que les « racines chrétiennes ». « Le judaïsme fait partie des racines de la France. Pourquoi le dire ? Parce que c’est la vérité », a-t-il asséné.

Protocole oblige, Michèle Alliot-Marie (Affaires étrangères), mise en cause pour sa proximité avec le régime Ben Ali, était assise juste en face du président à la table d’honneur, visiblement éprouvée. Son compagnon Patrick Ollier (Parlement) était relégué en bout de table. « Bonjour l’ambiance… » s’amuse un ministre. Evénement politico-mondain, le rendez-vous du Crif a été l’occasion de voir gauche et droite, qui s’écharpent à l’Assemblée sur l’affaire MAM-Fillon, se réconcilier pour un soir… Enfin presque : François Hollande met les pieds dans le plat : « Celui qui est au sommet de l’Etat, élu sur la République irréprochable, se retrouve gérant d’une République irresponsable. » Il tacle aussi la recommandation du président à ses ministres de préférer les congés en France. « C’est un non-sens. Il n’y va pas à l’étranger, lui, Sarkozy ? » Dans les allées, le porte-parole du PS Benoît Hamon rigole : « Le nombre de gens dont j’ai réclamé la démission ici… »

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Jmnpsg

Sarkozy est un faux amis d’Israël, les juifs voteront Strauss-Khan en 2012

Benanna2008

Très bien dit!!!! Sans les racines juives, le christianisme n’existerai pas.

Esther

heu …. les chrétiens auraient-ils oublié les origines juives de l’ancien testament ?
Celles de Jésus, de Marie et de Joseph ?
Bizarre autant qu’étrange !

Jacqueslazier

En tant que chrétien français, je suis profondément choqué qu’un Président de la République, officiellement chrétien, puisse parler des « racines juives » de la France. Où a-t-il vu, dans les livres d’histoire, que la France était juive ? Elle est bien bonne, celle-là ! Bientôt, l’on nous parlera des « racines musulmanes » de la France ! C’est une aberration. Vive la France chrétienne !

Armand Maruani

Tous ceux qui sont invités au CRIF ont une idée derrrière la tête , les voix de la communauté juive. On aimerait qu’ils aient le même langage quand les évênements l’imposent et d’une manière ferme. La plupart jouent les funambules et celà est inacceptable.Kouchner le traitre n’était que la voix de son maître, alors qu’on arrête ce cinéma.