Quitter la France pour vivre en Israël, une décision prise chaque année par des centaines de Juifs. Fuite ou volonté ? Sionisme, perspectives d’emploi, sentiment d’antisémitisme… autant de raisons de dire bye-bye à la République française.Aller simple pour Tel-aviv. Chaque année, environ 2 000 juifs quittent l’Hexagone pour faire leur « alyah », montée en hébreu. Une migration qui, venue des quatre coins du monde, obtient grâce à la loi du retour la nationalité israélienne accordée aux juifs et à leurs descendants souhaitant vivre en « Terre sainte ». Proportionnellement, la France se classe fournisseur numéro un des candidats à l’alyah.
« Israël nous sauvera, pas la France »
Le pied posé en Israël, pour chaque migrant français, une même sensation : celle d’être chez soi. Que sont-ils venus chercher ici que la France n’a su leur donner ? Un pays « de cœur ».
Les juifs du monde, première diaspora – avant que le terme ne désigne toute communauté dispersée à travers le monde –, auraient pour mission de « revenir » en terre d’Israël. « Mon pays, c’est ici », confie Jérémy.
En fréquentant une école confessionnelle ou un mouvement de jeunesse, la plupart des candidats à l’alyah ont côtoyé la vie communautaire juive en France. L’Etat hébreu leur apparaît comme une suite logique. « C’était une évidence, je me suis toujours projeté dans ce pays », se souvient Michel, en Israël depuis sept ans.
Une terre que certains veulent défendre en s’engageant dans l’armée israélienne. « J’étais inquiet pour l’existence du pays », raconte Julien, 24 ans, soldat à Tsahal.
Jérémy, lui, a eu son déclic durant la seconde Intifada.
Et là intervient l’Agence juive… Cet organisme semi-gouvernemental a pour mission d’encourager et d’aider les juifs de la diaspora à s’installer en Terre promise. Du coup, les programmes courts et gratuits foisonnent pour offrir une expérience israélienne aux jeunes juifs du monde. Et achever de les convaincre.
Une fois leur décision prise, ces « olim » (immigrés) bénéficient d’avantages : cours d’hébreu et études supérieures gratuits, aides au logement, réduction d’impôts… Toutefois, depuis deux ans, un changement significatif de politique a lieu au sein de l’Agence juive. L’organisme préfère désormais reléguer l’alyah au second plan. « La vraie préoccupation est de lutter contre une assimilation qui, en France, coupe les juifs de la vie communautaire », explique Arie Abitbol, ancien émissaire de l’Agence juive.
Dans cette vision, l’alyah viendrait naturellement concrétiser et finaliser l’aboutissement d’un processus identitaire…
Un avant et un après Intifada
Si le sionisme constitue une motivation idéologique de longue date, il suffit parfois d’un déclic pour abandonner son pays natal. « Personne ne quitte la France parce qu’il souffre. Certes, il y a un malaise identitaire mais on ne part pas à cause de l’antisémitisme », affirme Ariel Kandel, directeur de l’Agence juive en France.
Il n’en demeure pas moins que ces migrations ont connu un pic au début des années 2000, au moment de la seconde Intifada. « Impossible de vivre dans un pays avec une population et des médias hostiles à Israël », s’insurge Charlotte, 25 ans, en plein processus d’alyah.
Avec cette nouvelle vague de conflits au Moyen-Orient, un palier aurait été franchi en matière d’antisémitisme… et de départs vers Israël. Dans les deux cas, les chiffres des agressions ne sont jamais retombés au niveau d’avant cette période. « Avant les années 2000, on était à 800-1 000 olim par an », explique Ariel Kandel.
Un avant et un après Intifada… Pas un hasard donc si, en 2004, le premier ministre israélien Ariel Sharon profite de ce moment pour convaincre les juifs de sauter le pas.
Une phrase dénoncée par de très nombreuses voix, juives et non-juives. Tout en tombant à point nommé dans cette période désagréable pour la communauté. « Avec le meurtre d’Ilan Halimi, mon envie s’est confirmée : il fallait partir », raconte Julien.
« Ici, je peux tomber amoureuse »
Certains se sentent constamment ramenés à leur judaïté. Ils ne veulent plus être des « juifs de France » et préfèrent vivre complètement « juifs parmi les juifs » pour ne plus être uniquement vus comme tel. « En France, je suis juif marocain. Ici, je suis à ma place », sourit Nathan. D’autant qu’une partie de la communauté juive française tend à se sanctuariser pour éviter les mariages mixtes. Un problème que Claire a préféré contourner.
D’autres encore ont choisi une voie plus rationnelle, rejoignant Israël comme ils seraient allés ailleurs. « Les jeunes sont plus regardants qu’avant. Aujourd’hui, nous avons affaire à une alyah pragmatique », reconnaît Arie Abitbol. A la recherche d’une meilleure qualité de vie, ils se tournent vers un pays jeune avec une forte croissance… et une météo plutôt accueillante.
Un Français sur cinq rebrousserait chemin
A l’inverse de l’alyah, la « yerida » (descente) concerne le départ des juifs d’Israël. Un Français sur cinq rebrousserait chemin. En cause : le manque d’intégration sociale et les difficultés économiques. Un « fossé culturel » observé par de nombreux olim compliquerait leurs rapports avec les Israéliens.
Après cinq années passées en Terre sainte, Olivier a préféré rentrer dans son pays natal.
Paradoxalement, la fuite d’une communauté entraîne la formation d’une autre, celle des Français en Israël, dont il est difficile de sortir. « On se sentait plus étrangers qu’en France », raconte David.
Ses enfants, en revanche, ont réussi leur alyah. Question d’âge, selon lui.
De petits salaires pour une vie chère… « L’alyah est un sacrifice financier. Nous sommes habitués à une protection sociale élevée en France », rappelle Ariel Kandel.
D’autant que la plupart des olim repartent à zéro en arrivant. Une nouvelle langue ajoutée à l’absence d’équivalence pour leurs diplômes conduisent certains à se contenter de petits boulots. « J’avais envie d’une carrière, d’un appart’ », explique Jérémy.
Il lui a fallu traverser 3 000 km pour que la France et sa diversité lui manquent.
Article extrait du nouveau numéro de Respect Mag « 100% juifs de France », en kiosque et sur RespectMag.com.
92 pages d’interviews, enquêtes, portraits, analyses pour aborder le sujet « juifs de France » de manière totalement décomplexée et assumée. Et pour comprendre en quoi l’histoire et les parcours des juifs de France nous en disent long sur l’expérience minoritaire en France : « intégration », « diversité » ou « assimilation », visibilité, organisation communautaire, lutte contre les stéréotypes, enjeux du vivre et faire ensemble…
Avec Esther Benbassa, Pascal Boniface, Jean-Christophe Attias, Richard Prasquier, Sophie Ernst, Yvan Attal, Médine, Jonhatan Hayoun, Ofer Bronchtein, Pauline Bebe, Samuel Ghiles-Meilhac, Bariza Khiari, Marc Knobel, Vincent Geisser…
Bonjour,
Voici l’adresse d’un forum que je viens de créer sur le thème de l’alyah: la prise de décision, les formalités administratives, la recherche d’emploi,…
Cette plateforme permet d’échanger pour préparer au mieux cette grande mitswa.
Je suis un particulier, pour le moment, il n’y a aucun messages commerciaux sur le site.
{{alyah.xooit.fr}}
crdlt
Dany.
La difficulté d’intégration des juifs de la diaspora en Israel peut être effectivement un problème.
Où habiter ?
– plutôt dans une ville francophone mais alors est-ce raisonnable de vivre en vase clos entre ex-français et ne pas parler l’hebreu
– s’imposer de vivre parmi les sabras, en éprouvant des difficultés à vivre parmi eux.
J’émigrerai en Israel, un jour, avec mon épouse dès que mes obligations seront remplies ici. Je serai alors un vieil homme, mais qu’importe. Je prépare mon alya en apprenant l’hébreu moderne à marche forcée, ce qui n’est pas un travail pour moi mais un réel bonheur. Je pense qu’il n’y a plus d’avenir en Europe pour nous.
Je pense que je m’installerai en milieu francophone mais m’interdirai de parler français dès que je quitterai mon cercle d’amis
Je pense que la foi qui m’unit à tout israelien sera un atout puissant d’intégration. c’est sûr que c’est plus dur pour les non-pratiquants
Mais nous sommes vendredi et c’est bientôt l’heure de l’office, puis ensuite, du kiddouch.
Alors je vous dis à bientôt
J’aimerai savoir combien reviennent …
Un Français sur cinq rebrousserait chemin…
Ca ne serait pas un sur deux plutôt ?