VIDÉO – Le ministère de l’Intérieur veut faire la lumière sur l’argent liquide que Claude Guéant dit avoir perçu quand il était place Beauvau.Position difficile pour Claude Guéant.

Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a diligenté jeudi une enquête administrative sur les primes dont son prédécesseur, Claude Guéant, explique avoir bénéficié quand il était place Beauvau, pour justifier plusieurs factures payées en liquide.

C’est à la demande du premier ministre, Jean-Marc Ayrault, que Manuel Valls a ordonné cette enquête. Celle-ci a été confiée à l’Inspection générale de l’administration et à l’Inspection générale de la police nationale. Les résultats définitifs sont attendus d’ici «un mois».

Mais un premier rapport d’étape devrait intervenir sous huit jours.

Interrogé sur la découverte, lors d’une perquisition en février, de factures payées en liquide, Claude Guéant a expliqué qu’elles avaient été réglées grâce à des primes, elles aussi versées en liquide, «avec la tolérance des services fiscaux».

Elles représentent selon lui entre 20 et 25.000 euros.

D’après l’ancien ministre, ce système a perduré via un système spécifique à l’Intérieur jusqu’en 2006, soit au-delà de la suppression officielle de ces primes de cabinet le 31 décembre 2001.

Il a évoqué des «frais de police».

Un audit réclamé

Le ministère de l’Intérieur juge aujourd’hui qu’«il appartient aux responsables (…) de l’époque de s’expliquer sur le fait que, selon certaines déclarations, cette réforme vertueuse et connue de tous n’aurait pas été appliquée à tous les membres du cabinet (…) après mai 2002 et que des primes en espèces auraient été attribuées».

«L’usage légitime des frais de police, officiellement dénommés ‘frais d’enquête et de surveillance’, doit être strictement contrôlé», ajoute la place Beauvau.

Qui poursuit: ces frais sont «destinés à combattre efficacement certaines formes de délinquance ou de criminalité», à «rechercher du renseignement, rémunérer des informateurs», et à «financer certaines investigations, qui ne peuvent pas toujours s’effectuer dans le cadre des procédures comptables habituelles, sous peine que les policiers enquêteurs soient immédiatement repérés».

«La préservation de la légitimité de ces moyens d’action exclut toute dérive quant à la destination de ces fonds et à la rigueur de leur gestion», met en garde l’Intérieur.

«Au sein de mon cabinet, l’ensemble des rémunérations et indemnités sont conformes au régime légal en vigueur et font l’objet d’une déclaration fiscale», justifie Manuel Valls.

Le gouvernement n’est pas le seul à réagir aux déclarations de Claude Guéant.

Les syndicats de police Unité-SGP (premier syndicat des gardiens de la paix) et Unsa-Police (troisième syndicat) ont demandé un audit sur les rémunérations en vigueur place Beauvau.

Expliquant que les propos de l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy «ont particulièrement choqué» les fonctionnaires de police, le secrétaire général d’Unité-SGP, Henri Martini, juge qu’il est «temps de faire une totale transparence» sur ces fonds, dans un courrier adressé jeudi à Manuel Valls.

L’Unsa-Police explique de son côté ne pouvoir «qu’être surpris par le versement de primes et/ou d’indemnités qui ne seraient pas clairement référencées et auraient donc pu être versées sans aucun contrôle et de manière occulte».

Car «les primes sont depuis plusieurs années référencées et traçables», souligne l’organisation.

La défense de Guéant mise à mal

Les perquisitions, menées dans le cadre de l’enquête sur des accusations de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, ont également mis au jour un versement de 500.000 euros, venant de l’étranger, sur un des comptes de Claude Guéant.

Ce dernier a expliqué que cet argent provenait de la vente de deux tableaux à un avocat malaisien en 2008.

Mais sa défense a été mise à mal par le ministère de la Culture, qui a indiqué jeudi qu’il ne lui avait pas demandé à l’époque de certificat d’exportation dans ce cadre.

Or, tout tableau d’une valeur supérieure à 150.000 euros doit obtenir ce certificat pour être autorisé à sortir de France.

L’acheteur malaisien pourrait toutefois avoir laissé les tableaux à Paris.

Si tel était le cas, aucun certificat n’était nécessaire.

Autre élément contradictoire avec la défense de l’ex-ministre: la «valeur type» d’une huile sur bois de 30 sur 60 cm du peintre Andries van Eertvelt représentant des bateaux en mer, comparable aux tableaux évoqués par Claude Guéant, «est de 15.127 euros», selon la société Artprice.

03-05-2013/ Le Figaro avec Agences Article original

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