Two Ukrainian defence forces members stand next to a sign reading "Kherson region" in the outskirts of Kherson, southern Ukraine, Monday, Nov. 14, 2022. The retaking of Kherson was one of Ukraine's biggest successes in the nearly nine months since Moscow's invasion. (AP Photo/Bernat Armangue)

Dans Kherson libérée, des leaders juifs sont accusés de collaboration avec la Russie.

Après la recapture par l’Ukraine de cette ville sous occupation russe, un responsable juif craint d’être poursuivi pour avoir autorisé des soldats ennemis à prier à la synagogue.

Quand les troupes russes avaient franchi la frontière ukrainienne, au mois de mars, des milliers de personnes avaient fui les villes qui se trouveraient immanquablement sur le chemin des envahisseurs. Mais à Kherson, ville portuaire du sud du pays présentant une forte valeur stratégique pour les Russes, le rabbin Yosef Itzhak Wolff, pour sa part, avait décidé de rester.

Une décision qui n’avait guère été surprenante de la part d’un rabbin appartenant au mouvement ‘Habad-Loubavitch – un mouvement dont la philosophie est que les rabbins se dévoueront corps et âme à la ville qui les accueille et qu’ils s’y consacreront contre vents et marées.

Mais une décision qui pourrait aussi lui coûter son service auprès des Juifs de Kherson. Selon un reportage paru cette semaine dans le New York Times, Wolff est actuellement en Allemagne et s’inquiète de ce que certains, à Kherson, ne l’accusent d’avoir collaboré avec les forces russes.

De son côté, un membre de la communauté juive de la ville risque aujourd’hui une peine de prison à vie pour une action commise pendant les premiers jours du conflit – des journées chaotiques et profondément troublées, selon le reportage du Times.

La Russie avait capturé Kherson en date du 2 mars et pendant des mois, la ville avait été placée sous le joug d’une occupation brutale qui avait entraîné des centaines de morts, des dizaines de portés disparus et des dizaines d’actes de torture, fait savoir Human Rights Watch.

Parmi ceux qui avaient choisi de rester vivre dans la ville occupée, Wolff, un rabbin né en Israël et arrivé en Ukraine il y a presque trente ans, dans le sillage immédiat de la chute de l’Union soviétique et de l’indépendance du pays. Il avait présidé, au cours des treize dernières années, la communauté juive de Kherson – une communauté qui était constituée avant-guerre, selon les estimations, d’environ 8 000 personnes.

Dès les premières heures du conflit, le travail de Wolff – qui s’était battu pour obtenir des denrées alimentaires, des médicaments et pour apporter un semblant de joie à Pourim – avait été très médiatisé.

Pendant un voyage, avait fait savoir le Times of Israel, il avait réussi à ramener dans la ville, sous les balles, des produits alimentaires en provenance de la frontière avec la Crimée, où son frère est également rabbin. Au cours d’un autre déplacement, avait raconté le site Chabad.org, il n’avait pas hésité à continuer sa distribution de nourriture alors même que les chars russes faisaient leur entrée dans la ville.

« Malgré les lourds combats qui ont éclaté dans les rues de Kherson, le rabbin Yosef Wolff n’aura jamais abandonné sa communauté, ne serait-ce qu’un instant ; il est resté dans la ville dévastée par la guerre, se mettant au service de la population locale », a commenté le rabbin Motti Seligson, porte-parole du mouvement Habad, auprès de JTA. Il a évoqué « un vrai héros du peuple juif et un vrai héros auquel s’identifieront tous les gens de bien partout où ils se trouvent ».

Avant la Shoah, Kherson était un centre majeur de vie juive, avec environ 26 synagogues. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une, celle de Wolff. Et avant la guerre, le lieu de culte ressemblait à tous les centres Habad du monde entier : Il était au service de la communauté locale mais il accueillait avec joie les visages non-familiers, et notamment les visiteurs étrangers.

Des marchandises achetées avec l’aide du grand rabbin de la région de Kherson, Yosef Wolff, en Crimée sous contrôle russe, déchargées à la synagogue de Kherson, occupée par les Russes, sur la mer Noire, le 10 mars 2022. (Autorisation)

Cette ouverture aux nouveaux-venus avait pris une nouvelle dimension quand la guerre avait commencé et que les Russes avaient afflué dans Kherson. Pendant une grande partie de l’année, il a été difficile de déterminer si l’Ukraine pourrait reprendre le contrôle de la ville ou si cette dernière deviendrait comme la Crimée, soumise en permanence à l’occupation russe. Mais, le mois dernier, l’Ukraine a libéré Kherson, donnant lieu à des scènes de jubilation – et faisant naître le soupçon à l’égard de tous ceux qui ont pu, d’une manière ou d’une autre, donner l’impression d’avoir collaboré avec l’ennemi.

Wolff n’a pas été épargné par les soupçons, le rabbin ayant permis à des soldats russes de prier à la synagogue. Les soldats étaient des officiers juifs arrivés en compagnie de gardes armés, a-t-il expliqué au New York Times.

Dans les jours qui ont suivi la libération, le rabbin a quitté Kherson et l’Ukraine pour l’Allemagne. Et maintenant, alors que les Ukrainiens se mettent à la poursuite des éventuels collaborateurs, il a déclaré au journal qu’il n’était pas sûr de quand il reviendrait – ajoutant qu’il n’avait pas de certitude, d’ailleurs, sur un éventuel retour dans la ville.

Et parmi ceux qui étaient restés à Kherson, un membre important de la communauté juive est aujourd’hui poursuivi pour le choix qu’il avait fait, un jour, dans la réalité chaotique de l’occupation.

Le grand rabbin de la région de Kherson, Yosef Wolff, avec les fournitures qu’il a réussi à apporter à la ville de Kherson depuis la Crimée, le 10 mars 2022. (Autorisation)

Illia Karamalikov, propriétaire d’une boîte de nuit, membre du conseil municipal de Kherson, est aussi un proche de Wolff – il autorisait souvent le mouvement Habad à utiliser son night-club, dans le passé, pour y organiser des événements, a raconté le rabbin au New York Times.

Les premiers jours de l’occupation avaient été une période d’anarchie dans la ville. L’administration civile ukrainienne avait pris la fuite devant les forces russes et après avoir conquis la municipalité sans rencontrer beaucoup de résistance, la Russie ne s’était pas réellement préoccupée de son administration, choisissant d’envoyer ses soldats vers d’autres cibles, comme les régions voisines d’Odessa, Mykolaiv, Kryvyi Rih — la ville natale du président ukrainien Voldymyr Zelensky – et, objectif ultime, vers Kiev.

La ville connaissait des pillages nombreux et des pannes d’électricité et d’approvisionnement. Les milliers de personnes restées à Kherson risquaient réellement de connaître la faim.

Une vieille femme marche dans le village d’Arkhanhelske, dans la région de Kherson, le 3 novembre 2022, qui était auparavant occupé par les forces russes. (Crédit : BULENT KILIC / AFP)

Les locaux s’étaient alors chargés eux-mêmes de remettre un semblant d’ordre. Karamalikov avait aidé à mettre en place une patrouille communautaire composée de 1 200 personnes pour faire respecter le couvre-feu et pour prévenir les pillages.

Cela avait été dans ce rôle, selon le reportage du New York Times, qu’il s’était retrouvé face à un pilote russe perdu, confus, que ses hommes avaient mis en captivité. Karamalikov avait gardé le prisonnier chez lui pendant une nuit dans un cagibi avant de le rendre aux forces russes, sain et sauf.

Une initiative qui lui a valu une mise en examen de l’Ukraine – avec un acte d’inculpation qui fait douze pages. Il lui est reproché d’avoir violé les lois qui avaient été émises dès le début de la guerre et qui stipulaient que « la collaboration avec l’État agresseur, ses formations armées ou avec l’administration d’occupation » étaient susceptibles d’être sanctionnés en tant qu’actes de collaboration, conformément au code civil ukrainien.

Un grand nombre de ceux qui se sont exprimés auprès du New York Times ont indiqué que ces lois ne prenaient pas en compte la réalité de la vie sous occupation.

« Tous ces gens qui ont pris la fuite nous jugent », a déploré Wolff auprès du journal. « C’est une époque cruelle ».

Les résidents inspectent les dégâts dans un magasin détruit par des frappes russes à Kherson, ville du sud de l’Ukraine qui vient d’être libérée, le 25 novembre 2022. (Crédit : AP/Bernat Armangue)

En laissant repartir le soldat, Karamalikov aurait « permis à un soldat russe de participer à nouveau à l’agression menée contre l’Ukraine », selon l’acte de mise en examen.

Mais un grand nombre, à Kherson, ne sont pas convaincus qu’il y ait eu un autre choix possible dans ce contexte. La patrouille communautaire de Karamalikov reposait sur des bénévoles et elle était une force non-militaire, dont l’autorité limitée consistait notamment à convaincre les pilleurs de se mettre au service du public. Dans cette mesure, s’en prendre au soldat aurait fait d’eux des combattants contre la Russie.

« Il s’est interrogé plus tard : Aurait-il dû tuer le soldat et ne rien dire ? », a confié l’un des patrouilleurs, Andriy Skvortsov, au New York Times. « Mais en réfléchissant, je me dis que non – ça n’aurait pas été une bonne chose ».

« Avec une vie entre ses mains, je ne peux pas seulement imaginer Illia tuant qui que ce soit, jamais », a dit Wolff au journal. « La décision qu’il a prise a été la plus humaine qu’il pouvait prendre ».

Source : fr.timesofisrael.com par David I. Klein

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Asher Cohen

Être Juif en Diaspora, c’est considérer que la loi du pays où nous vivons fait loi, et quand les circonstances ne nous conviennent pas, surtout ne pas chercher à changer les lois, mais à changer de pays tout simplement. C’est ainsi qu’ont procédé nos ancêtres durant deux millénaires.

Les soi-disant russes ( la Russie n’a jamais été une nation réelle), n’ont jamais accepté de présence juive sur leur sol, d’ Ivan le terrible, à Pierre le Grand et la Grande Catherine. Ce n’est qu’à la fin du 18ième siècle, avec la conquête de territoires d’Europe de l’Est, que les russes ont dominé des populations juives qu’ils ont persécutées et incarcérées dans une zone de résidence, ce qui a donné dès le siècle suivant, les grands courants sionistes et la forte émigration vers l’ Amérique après 1881. Les soi-disant russes n’ont émancipé leurs Juifs qu’après 1917, soit la génération de nos parents et grands-parents, mais rapidement ceux-ci, persécutés, ont cherché à fuir ce pays, et après l’effondrement de l’URSS en 1991, un million ont émigré.

Il n’est, depuis, resté que 250.000 Juifs éparpillés sur toute la Fédération de Russie, et peut-être 300.000 en Ukraine indépendante. Cette guerre Russie-Ukraine ne nous concerne aucunement, en tant que Peuple Juif, et les Juifs dits russes ou ukrainiens qui y participent et tuent des Juifs du camp opposé, seront tout simplement maudits. Chacun assume la responsabilité de ses choix et actions, la Russie a toujours été un pays totalitaire, putréfié de corruption, comme l’Ukraine, et les Juifs qui veulent y rester vivre ne sont que des candidats au suicide.

En conclusion, chaque Juif est responsable pour tout Israël, c’est le Talmud tout simplement, et donc le Peuple Juif Mondial doit œuvrer pour faire sortir les derniers Juifs de Russie et d’ Ukraine, de cet enfer chrétien, et ne récupérer que les véritables Juifs de créance, à ascendance juive réelle. Tout le reste n’est que de la littérature et du commentaire.

Vérité

Melller
L Ukraine manipulée par les usa et l Europe pour faire cette guerre ne vous dégoûte pas?
Le traité de Minsk n a pas été respecté..,!
Vous voulez quoi? qu on tue 1 pauvre bougre russe qui n a pas choisi d être la?
La Russie n est pas Poutine…!!!
Ce rabin est 1 homme de paix et d amour!!!
C est vous qui me dégoûtez….!!!!

Vérité

Melller
L Ukraine manipulée par les usa et l Europe pour faire cette guerre ne vous dégoûte pas?
Le traité de Minsk n a pas été respecté..,!
Tu voulais quoi qu on tue 1 pauvre bougre russe qui n a pas choisi d être la?
La Russie n est pas Poutine…!!!
Ce rabin est 1 homme de paix et d amour!!!
C est vous qui me dégoûtez….!!!!

Asher Cohen

@Vérité
En tant que Peuple Juif, cette guerre ne nous concerne aucunement. Le pauvre bougre, comme vous dites, est un adulte responsable de ses choix et actions. Il a choisi de rester vivre en Russie et de servir l’armée de ce pays, et d’aller tuer des Juifs en Ukraine. En 1939-45, des dizaines de milliers de Juifs ont préféré courir le risque de mourir en rejoignant la Palestine, que de rester persécutés et massacrés dans les pays d’Europe de l’Est. Des navires remplis de Juifs, comme le Struma ou le Patria ont coulé, sans que personne ne proteste. Des gens comme Begin ont été incarcérés par les russes. Alors, instruisez-vous avant de poster vos commentaires inqualifiables.

galil308

Ben voyons, rien ne change, et ce, depuis des millénaires..!

meller danielle

ce rav me degoute au service de poutine=hitler

andre

et, en Russie, des juifs sont accuses de collaborer avec l’Ukraine.