04/13/2005. Death camp of Auschwitz in Poland. (Photo by Alexandre MARCHI/Gamma-Rapho via Getty Images)

 » Tu raconteras au monde… »

Quand je suis arrivé, j’ai vu que c’était une usine, une usine à tuer », se souvenait Jacques Zilbermine. À 14 ans, il fut déporté au camp d’extermination d’Auschwitz (1), libéré voici soixante-quinze ans.

Plus d’un million de personnes y périrent. C’était le centre névralgique pour éliminer les juifs de l’Ouest », explique l’historien Iannis Roder (1). Hommes, femmes, enfants brutalement déportés étaient jetés dans l’usine de la mort. Tout était fait pour les déshumaniser : un numéro gravé sur leur bras en guise de nom ; puis la faim, les humiliations, les tortures. Il fallait rester vivant pour ne pas commencer à mourir », écrivit le rescapé, Primo Levi (2).

« Tu raconteras au monde ce qui se passe ici »

Dans cet enfer, il y eut des miracles d’entraide. Au bord de la mort, une femme donna ses quatre petits bouts de pain à Magda Lafon et lui dit : Tu es jeune. Tu dois vivre et tu raconteras au monde ce qui se passe ici. (1)

Car, tout cela devait rester caché, écrit Primo Levi : l’extermination méthodique et industrialisée de milliers d’êtres humains, les chambres à gaz, les fours crématoires, l’exploitation abjecte des cadavres.

Les derniers témoins nous alertent des abîmes d’inhumanité dans lesquels l’humanité peut sombrer. Mais qui demain, portera leurs voix ? Il est difficile de demander aux jeunes de conserver la flamme vivante du souvenir, disait Robert Badinter. Mais il faut enseigner dans l’Histoire ce qui demeure le pire crime de l’humanité de l’Europe du XIXe et XXe siècle. C’est aussi dénoncer la vision de l’homme qui le sous-tend.

La théorie de la race est née en France

Car Auschwitz n’est pas dû à la seule folie d’un homme, Adolf Hitler. Des idées charriaient depuis longtemps l’horreur à venir : l’antisémitisme répandu en Europe et la théorie de la race née en France ; puis, l’amélioration de l’espèce humaine. Alors, apparurent des Instituts d’euthanasie, la stérilisation des personnes handicapées. Des Allemands comme Mgr Von Galen, s’y opposèrent. Mais dans les camps, des prisonniers servaient de cobayes aux expériences génétiques de cette idéologie : Le national-socialisme, c’est de la biologie appliquée », disait Rudolf Hess, ancien chef du parti nazi (3).

Ces crimes résultent d’une conception matérialiste de l’homme (3) : Toute cette criminalité organisée et massive découle d’un crime contre l’esprit ». C’est une doctrine qui niant les valeurs spirituelles, rationnelles ou morales […] vise à rejeter l’humanité dans […] une barbarie utilisant à ses fins tous les moyens matériels mis par la science contemporaine à la disposition de l’homme », déclarait au procès de Nuremberg, François de Menthon (4).

Puisse l’histoire des camps d’extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d’alarme », alertait Primo Levi. C’est un appel à la plus grande vigilance et au respect infini de l’être humain pour que plus jamais l’inhumanité de l’Homme ne détruise son humanité et sa vie.

ouest-france

(1) Les camps de la mort, Ouest-France.

(2) Si c’est un homme, Primo Levi.

(3) F.-R. Hutin, Ouest-France des 6-10-84, 27-4-85, 15-1-05.

(4) Le procès de Nuremberg, Annette Wieviorka.

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