Trophées des NAM: focus sur « Messagers du désastre » d’Annette Becker

Le grand hémicycle du Conseil Régional d’Île-de-France accueillera le 15 janvier 2019, à partir de 19h, la remise des Trophées des NAM, le premier événement littéraire organisé par le mensuel.

A cette occasion seront récompensés les meilleurs livres de l’année qui ont trait à des sujets relatifs à l’Arménie.

Chaque jour, nous allons mettre l’accent sur l’un des livres présélectionnés. Aujourd’hui, focus sur Messagers du désastre d’Annette Becker(catégorie Histoire).

Dans ce livre passionnant et bouleversant, Annette Becker raconte comment le juif polonais Lemkin et le résistant catholique Karski ont remué ciel et terre pour alerter le monde de la destruction des juifs d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale.


Ils ont suivi la double injonction du poète Charles Péguy. Toujours dire ce que l’on voit. Et, plus difficile encore, voir ce que l’on voit. Pour cette raison, Annette Becker les qualifie de messagers du désastre.

Le juriste Raphaël Lemkin et le résistant Jan Karski, tous deux polonais, ont très vite saisi, dans l’horreur de la Seconde guerre mondiale, le crime sans nom qui visait les juifs d’Europe.

Ils ont dit ce qu’ils ont vu et bien vu ce qu’ils avaient vu, mais se sont heurtés la plupart du temps à l’apathie du monde dit civilisé, ou bien alors à des gens qui ne les croyaient pas ou tergiversaient quand chaque seconde comptait.

Ils incarnent une figure tragique de l’histoire contemporaine, assumant d’informer, d’alerter de l’urgence qu’il y a d’agir, tout en comprenant que lorsque les Alliés auront enfin les moyens de gagner la guerre contre le nazisme, Hitler aura gagné la guerre qu’il mène contre les juifs.


Ces hommes hors du commun sont depuis passés à la postérité. Ils ont écrit et témoigné. Lemkin a inventé le mot de génocide, terme dont plus personne aujourd’hui ne conteste la légitimité.

Il est à l’origine de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Quant à l’auteur du fameux Rapport Karski, il témoigne dans le film Shoah de Claude Lanzmann sur sa visite dans le ghetto de Varsovie en 1942. Il fut nommé Juste parmi les nations en 1982 pour avoir risqué sa vie afin d’alerter le monde.

Et l’écrivain Yannick Haenel lui a consacré en 2009 un roman intitulé Jan Karski. Certes. Mais, l’historienne Annette Becker nous plonge, elle, dans les années cruciales du conflit mondial quand ces deux hommes remuent ciel et terre pour informer jusqu’au président des États-Unis du désastre en cours : la destruction des juifs d’Europe.

Elle nous fait vivre non seulement la genèse de leur œuvre ultérieure, mais aussi leur sentiment d’impuissance, de colère et leur inébranlable détermination.

C’est pourquoi ce livre bouleversant, très documenté, suscite aussi des questions d’ordre éthique et philosophique. Qu’aurions-nous fait, nous, à leur place ? Que ferions-nous, le cas échéant ? Pourquoi l’indifférence plutôt que la sympathie ? Les messagers du désastre tendent aussi à l’humanité le miroir de son propre échec.

Inscription obligatoire : trophéesdesnam@gmail.com
Plus d’infos : http://trophees.armenews.com/

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