Quelle est la responsabilité de la SNCB dans la déportation des Juifs de Belgique ? Pourquoi la SNCB ne suit-elle pas l’exemple de ses homologues françaises et hollandaise.

Il y a peu, la société nationale des chemins de fer néerlandaise a ouvert le dossier et envisage d’indemniser les familles des victimes.

En France, la SNCF a débloqué 49 millions d’euros pour les déportés américains. Et en Belgique ?

La SNCB docile

Entre le 4 août 1942 et le 31 juillet 1944, 25.628 Juifs et Tziganes de Belgique ont été déportés depuis la caserne Dossin, à Malines, vers les camps d’Auschwitz-Birkenau.

28 convois ont été affrétés par la SCNB, faisant de la caserne Dossin l’antichambre des camps de la mort.

Dès le début de l’occupation, en mai juin 1940, la SNCB reprend ses activités, en collaboration avec les Allemands.

Comme la plupart des institutions belges, la SNCB s’aligne sur la doctrine Galopin, autrement dit la politique du moindre mal. Collaborer plutôt que de risquer de lourdes pertes économiques et des problèmes de ravitaillement.

Dans quelle mesure la SNCB de l’époque a-t-elle été  » docile « , pour reprendre le titre du rapport sur la responsabilité des autorités belges dans la spoliation et la déportation des juifs de Belgique, publié en 2007 à la demande du Sénat ( La Belgique docile ).

 En 1940, le directeur de la société des chemins de fer, Narcisse Rulot est notoirement antisémite et pro-nazi.  » Je transporte tout ce qui se présente, disait-il, je ne regarde pas ce qui se trouve dans  les wagons fermés « .

Trois quart de siècle plus tard, la phrase en dit long sur l’attitude complaisante de certains haut responsables de l’époque.

Laurence Schram, historienne à la caserne Dossin :  » Il est pro-nazi et il va dans leur sens.  Au nom de la politique du moindre mal, on préfère continuer à travailler, en fermant les yeux sur les exigences de l’occupant. Celui-ci laisse travailler la SNCB normalement, à condition que de temps en temps, elle mette à disposition des Allemands des transports à vocation militaire, y compris des transports de déportés « .  

 » Aujourd’hui c’est difficile à imaginer, nous dit Nico Wouters, historien et auteur d’un chapitre sur la SNCB dans La Belgique docile, c’est difficile à imaginer, mais à l’époque, les persécutions envers les Juifs n’était pas une priorité pour les Belges. Tout comme les autorités, la SNCB avait d’autres impératifs stratégiques beaucoup plus importants à ses yeux. La déportation des Juifs était une concession facile à faire aux Allemands « .

En revanche, les directeurs de la SNCB ont vivement protesté contre les déportations de belges pour le travail obligatoire. Cherchez l’erreur…

Rouvrir le dossier des déportations

Aujourd’hui, les descendants des Juifs déportés vers les camps de la mort demandent que la SNCB fasse comme les Français, les Allemands et les Hollandais, qu’elle ouvre ses archives et  envisage des réparations.

Régine Sluzny, enfant juive cachée pendant la guerre, milite en ce sens. Son mari a perdu six membres de sa famille. Ses parents ont été déportés depuis Malines vers Auschwitz dans le 20ème convoi. Ils n’en sont pas revenus.

 » il faut savoir que beaucoup de Belges ont sauvé des Juifs, mais malheureusement, beaucoup d’autres ont travaillé avec les Allemands. Si aux chemins de fer, assez de personnes avaient dit non, cela se serait passé autrement « 

Michaël Freilich, rédacteur en chef de la revue Joods Actueel   et petit-fils de déporté a interpelé la SNCB :  »  on n’a jamais reçu de réponse , on nous dit que cela doit venir de la politique. Nous, On demande une enquête qui serait faite par des experts qui contrôlent le dossier et racontent ce qui s’est passé. Ont-ils reçu de l’argent pour ces transports, des directeurs ont-ils pris des initiatives personnelles pour les transports, combien de personnes y ont travaillé ? Nous demandons une coopération de la SNCB « .   » Je peux vous confirmer que la SNCB a activement exécuté les ordres allemands et joué un rôle actif dans les déportations « , déclare Nico Wouters. Mais les archives manquent, probablement détruites, selon l’historien. Comment dès lors établir la responsabilité de la SNCB? Juridiquement, on est dans le flou, on ne connait pas précisément la procédure mise en place par les Allemands pour l’exécution des déportations par la SNCB.

Mais ceux qui se sont penchés sur ce dossier, l’un des plus sombres de l’histoire de la SNCB s’accordent sur le fait que les directeurs de l’époque n’ont rien fait pour empêcher la déportation des Juifs de Belgique.

La SNCB renvoie à son ministre de tutelle, François Bellot, qu’une association de la communauté juive de Belgique devrait prochainement rencontrer.

La caserne Dossin, aujourd’hui érigée en mémorial de la Shoah en Belgique, souhaite également avoir accès aux archives de la SNCB ou du moins à ce qu’il en reste. Laurence Schram : « Pour pouvoir établir s’il y a une responsabilité de la SNCB, il faut une commission d’enquête pour étudier cette situation dans toute sa nuance et sa complexité « .

En 2012, la SNCB s’est excusée pour son rôle dans la déportation. Pas suffisant pour les proches des victimes dont certains n’excluent pas des actions en justice.

Marianne Klaric

Source: rtbf.info

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